Détruire disent-ils

Max Pacioretty sur la glace du Centre Bell

Le fils aîné de l’Oreille tendue rentre de l’école pas trop insatisfait de sa performance à son examen de mathématiques.

«J’ai détruit les premières questions.»

Sur Twitter, @PuckTaVie commente le jeu de Max Pacioretty, le joueur des Canadiens de Montréal (c’est du hockey).

«Bordel que je l’aime quand il détruit.»

Employé seul ou avec un complément, détruire désigne, au Québec, ces jours-ci, une forme de réussite, et de réussite triomphante par annihilation. Qui détruit ne fait pas dans la dentelle.

P.-S. — Vous croyez entendre là un écho de l’anglais (destroy) ? Ce n’est pas l’Oreille qui vous contredira.

Autopromotion 081

L’Oreille tendue rentre du travail. Elle va faire un tour sur Twitter. Elle tombe sur le tweet suivant :

Finaliste aux Huffies

Elle découvre alors qu’elle est finaliste, catégorie «Sports», aux «Huffies». Le Huffington Post demande en effet à ses lecteurs de se prononcer : «Votez pour les Québécois à suivre sur les médias sociaux en 2014.»

À l’approche de l’année 2014, l’équipe du Huffington Post Québec veut vous faire découvrir les prochaines stars du Web 2.0. Facebook, Twitter, blogues, Pinterest, Tumblr… peu importe le média 2.0, l’idée est de sortir des sentiers battus pour faire émerger de nouveaux noms.

«Star», l’Oreille ? Elle en rougit de tous ses lobes.

On vote ici.

P.-S. — Les textes de l’Oreille sur le sport sont regroupés dans la catégorie du même nom. Plus précisément sur la langue du hockey, il y a la rubrique «Dictionnaire des séries».

P.-P.-S. — Merci à @oniquet pour la sélection.

 

[Complément du 16 décembre 2013]

Ça y est : le vote est terminé.

L’Oreille tendue remercie les 122 personnes qui ont pris la peine de voter pour elle : 64 pour («J’aime»), 58 contre («Je n’aime pas»). Avec un score net de 6, l’Oreille se classe quatrième sur cinq. C’est mieux qu’à son plus récent tournoi de boxe.

P.-S. — Précision pour les amateurs de statistiques, tirée du Huffington Post Québec : «le résultat final sera comptabilisé uniquement en fonction des mentions “J’aime” récoltées par les finalistes, et non pas du total “J’aime” moins “Je n’aime pas”». Pour l’Oreille, c’est kifkif : elle est et restera quatrième au classement, qu’on l’aime ou pas.

P.-P.-S. — Parmi les cinq finalistes, c’est l’Oreille qui a reçu le moins grand nombre de «Je n’aime pas». C’est déjà ça.

Bell et la linguistique

L’Oreille tendue le disait l’autre jour : la compagnie de télécommunications Bell méprise la langue française et, par là, ses clients, actuels et potentiels, et les téléspectateurs qui sont exposés à ses publicités. Elle semble refuser de le reconnaître, mais, pour certains, «ça leur dérange».

(Félicitons au passage la Société Radio-Canada qui a retiré de ses ondes le message dont il était question ici le 21 octobre. Le Réseau des sports n’a pas eu le même courage. Il est vrai qu’il est propriété… de Bell.)

Le plus récent message télévisé de Bell ne comporte pas de fautes de langue aussi grossières que le précédent. Il repose toujours, en revanche, sur le recours aux stéréotypes : ici, celui de la belle-mère qui ne se mêle pas de ses affaires. En outre, il prend appui sur une erreur de conception linguistique commune au Québec : le personnage de la belle-mère y postule en effet que «“on” exclut la personne qui parle».

On entend beaucoup, et depuis longtemps, cette fausseté. Comment démontrer que ce n’est pas vrai ? Un exemple devrait suffire.

Quand un des membres d’un couple dit Ce soir, chéri(e), toi et moi, on fait l’amour, on peut légitimement déduire qu’il ne pense pas à s’exclure de l’invitation. Du moins, on ne le lui souhaite pas.

P.-S. — Ce n’est pas la première fois qu’il est question de cette supposée exclusion chez l’Oreille. Voir ici.

Le Devoir des écrivains : journal

Le quotidien montréalais le Devoir, depuis 2010, confie une de ses éditions à un groupe d’écrivains. Cette année, ils étaient trente-huit, dont l’Oreille tendue (merci encore de l’invitation, @JeanFrancoisNad). Journal.

18 novembre, 19 h 09

L’équipement est prêt pour demain.

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

19 novembre, 3 h 14 (heure de Montréal)

Certains des écrivains recrutés vivent Outre-Atlantique. C’est le cas de @MelAbdelmoumen. Sa journée commence plus tôt que celle des Montréalais. Au réveil, l’Oreille la salue.

19 novembre, 8 h 49

Bonne citoyenne, l’Oreille veut prendre le métro pour se rendre à son journal. Horreur ! «Ralentissement de service.» N’écoutant que son courage, elle saute dans un taxi. «Chauffeur, au Devoir. Et que ça saute !»

19 novembre, 9 h 15

Arrivée au journal. Alexis Martin a pris son inspiration à la même source que l’Oreille.

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

19 novembre, 9 h 30

Mot de bienvenue dans le hall du journal, par Bernard Descôteaux, Josée Boileau et Jean-François Nadeau (sur la photo).

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

19 novembre, 9 h 31

«À quelle heure on tue la une ?» demande l’Oreille. Personne ne lui répond. (Non, ce n’est pas vrai.)

19 novembre, 10 h 13

On a recruté l’Oreille pour une chronique, celle que tient habituellement Francine Pelletier. Elle aurait pu rester chez elle pour la rédiger. Non : pas question de louper une occasion comme celle-là.

Et heureusement. On vient de lui confier une nouvelle affectation : les choix télé du jour. Go. (Ironie du sort : sauf pour le sport, l’Oreille ne regarde jamais la télé.)

19 novembre, 10 h 30

On met en ligne les photos des participants. Horreur ! On a confondu l’Oreille et son éditeur. (La correction est faite en quelques secondes. L’Oreille squatte un bureau à côté de ceux de l’équipe Web.)

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

19 novembre, 11 h 10

Première affectation terminée. Chronique à écrire maintenant.

19 novembre, 11 h 21

Foi d’Oreille, une salle de rédaction, c’est bruyant, surtout lorsque Jean Dion est là.

19 novembre, 11 h 28

Les membres de l’équipe Web du journal viennent de s’apercevoir que l’Oreille les espionne.

19 novembre, 11 h 51

Petit creux. Plusieurs des journalistes-écrivains arpentent la ville.

19 novembre, 11 h 54

«Stéphane, y fait quoi ton écrivain ?»

19 novembre, 12 h 05

Réunion de production (ça s’appelle le «budget»). On commente l’édition de la veille et on prépare celle du jour (il y aura des scoops, dont on ne peut pas parler). L’Oreille apprend ce qu’est un «petit champagne» (un encadré tramé). Sa chronique apparaît sous la rubrique «KRO».

19 novembre, 13 h 38

Après une période d’accalmie, l’action reprend. Il semble que les journalistes aient à l’occasion besoin de se sustenter.

19 novembre, 14 h 09

«On n’est pas là pour regarder des films», décrète Stéphane Baillargeon. Tout le monde est d’accord. L’Oreille n’en regardera pas. (Stéphane Baillargeon, si.)

19 novembre, 14 h 57

Chronique télé envoyée.

19 novembre, 15 h

Chronique télé acceptée. Le métier rentre.

19 novembre, 15 h

Deuxième réunion de production. L’Oreille apprend deux nouveaux mots. Quand, entre la première et la deuxième édition, on déplace un texte, c’est un recast (ça vient du langage de la typographie). Un texte susceptible d’aller en une est dit unable.

Elle constate aussi que Jean Dion, le préposé à la «légèreté» et au «divertissement», notamment visuel, est meilleur en politique provinciale qu’en rhinocéros. C’est comme ça.

19 novembre, 16 h 15

L’Oreille vient d’envoyer sa chronique, «Laval, laboratoire social». Sa journée au bureau est finie. En route vers la maison.

19 novembre, 17 h

De retour chez elle, l’Oreille trouve un message téléphonique et un courriel : il faut raccourcir son texte de quelques signes. Les propositions du journal lui conviennent.

19 novembre, 19 h

Une question linguistique, par téléphone. Ça se règle en quelques secondes.

20 novembre

Les textes de l’Oreille sont en ligne, les choix télé et la chronique.

L’expérience aura été passionnante.

P.-S. — On peut aussi retrouver les tweets de la journée avec le mot-clic (hashtag) #DevoirÉcrivains. Et voir des photos .

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

L’Oreille chez les Bleuets

Dimanche dernier, la moitié de la progéniture de l’Oreille tendue jouait un match de football important à Saguenay, ci-devant Chicoutimi. En bon père de famille, l’Oreille s’est déplacée pour la voir jouer. Notes de périple.

De Montréal à Saguenay, 467 kilomètres, l’autobus a mis pile-poil, malgré deux arrêts, cinq heures trente minutes. À vue d’Oreille, le chauffeur avait le pied pesant. On lui assure pourtant que non.

Dans l’autobus — on dit peu car ou autocar dans la Belle Province — des parents, une mère lisait Papillon. L’Oreille n’avait pas pensé à Henri Charrière depuis plus de trente ans.

Pour sa part, elle lisait la traduction (inédite) d’un ouvrage du philosophe italien Maurizio Ferraris, Anima e iPad (2011). Elle la lisait sur papier, pas sur sa tablette, mais elle en discutait en temps réel, grâce à son iPhone, avec son collègue Marcello Vitali-Rosati. C’était, en bonne partie, la démonstration de l’argument de l’auteur. (Traduction inédite ? Dossier à suivre.)

Cela étant, l’Oreille avait bien sûr pris avec elle son iPad (elle a un blogue à tenir). Devant la panoplie de câbles dans sa chambre d’hôtel, elle a presque regretté de ne pas avoir pris son ordinateur.

Hôtel Delta, Saguenay, novembre 2013

On a souvent signalé la prononciation particulière, par les habitants du Saguenay, du mot plaisir, quelque chose comme plééézir. C’est vrai. (Et c’est tout.)

Le résultat du match ? C’est par ici.

P.-S. — «Chez les Bleuets» ? C’est ainsi qu’on désigne les habitants du Saguenay. On ne dit pas «Chez les Myrtilles».