Dictionnaire des séries 17

Il existerait, au hockey, des tirs sans avertissement. En bonne logique, il faudrait donc postuler l’existence de tirs avec avertissement. Or l’Oreille tendue n’a jamais entendu parler de cette seconde catégorie de tirs.

Sur Twitter, @vercasso lui faisait cependant remarquer, à juste titre, qu’à une autre époque, pour désigner une manœuvre prévisible, on parlait de tir télégraphié.

Faudrait-il conclure que télégraphié est l’antonyme hockeyistique (et daté) de sans avertissement ? Si peu d’heures, tant de questions.

 

[Complément du 15 novembre 2020]

En Italie et en France, on parlerait plutôt de tir téléphoné. À chacun son appareil.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Dictionnaire des séries 16

On peut espérer toutes sortes de choses d’un joueur de hockey. Certains préfèrent les agitateurs ou les policiers. Tous apprécient les guerriers.

Quel que soit le genre de joueur que l’on favorise, une chose est sûre : le joueur complet est celui qui fait les petites choses.

De quoi s’agit-il ? Cela est difficile à dire avec précision.

Il faut savoir compléter ou terminer ses mises en échec. (Inversement, il faut être prêt à les accepter ou à les essuyer, quand c’est pour le bien de l’équipe.)

Il faut éviter de tenir son bâton trop serré. Il semble que cela nuirait à la réussite.

Benoît Brunet, joueurnaliste de RDS, aimait dire — il est désormais plus avare de l’expression — qu’un joueur se doit de bouger les pieds. Comme il n’y a pas de gloire particulière à se mouvoir, on peut imaginer qu’il s’agit d’une petite chose.

Pour le reste : mystère.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Dictionnaire des séries 15

Giuseppe Canino

Gardien de but, c’est neutre. Portier, c’est banal. Cerbère, ça en jette.

Exemple tiré d’une chanson de 1960, «Gordie Howe», des Baladins :

Nous l’avons vu souvent dans une dure impasse
Étendre son bâton interceptant une passe
S’élancer comme une flèche devant ses adversaires
Et comme toujours déjouer le cerbère

Le mot cerbère évoque l’Antiquité, comme l’indique son étymologie : «latin Cerberus, grec Kerberos, nom du chien à trois têtes qui gardait l’entrée des enfers» (le Petit Robert, édition numérique de 2010).

Le hockey s’invente à l’occasion une longue histoire mythique, qui va bien au-delà de «Monsieur Hockey».

 

[Complément du 7 décembre 2015]

Désormais disponible : le vin des gardiens.

Le Cerbère : une étiquette de vin

 

Illustration : Giuseppe Canino, «Cerbère», image déposée sur Wikimedia Commons

 

[Commentaire du 17 décembre 2023]

On voit parfois, dans le même registre, geôlier : «L’ancien geôlier [Gilles Gilbert] de la LNH s’est éteint à l’âge de 74 ans» (la Presse+, 8 août 2023).

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Sagesse populaire du jour

Le défenseur des Canadiens de Montréal P.K. Subban est reconnu pour ne pas avoir la langue dans sa poche.

Pendant les séries éliminatoires, dont son équipe a été exclue la semaine dernière, il y est allé de quelques déclarations sur la supériorité (supposée) des Canadiens sur les Sénateurs d’Ottawa (c’était avant que ceux-ci éliminent Montréal).

Quand on fait ce genre de déclarations, quand on se fait aller les babines, il faut être capable, par la suite, de se montrer à la hauteur.

Dans la bouche d’Alain Crête, sur les ondes de RDS, le 9 mai, l’attitude de Subban a été résumée en une formule : «Les bottines suivent les babines». Bref, Subban n’a pas démérité. Même dans la défaite, il a livré la marchandise.

 

[Complément du 11 juin 2016]

En revanche, quand les unes ne suivent pas les autres, ça ne va pas.

Hugon Pilon-Larose, tweet, 11 juin 2016

Dictionnaire des séries 14

Pour gagner, une équipe a besoin que tous ses joueurs travaillent ensemble. Voilà pourquoi ceux-ci accordent autant d’importance à sa chimie. Exemples : «Une chimie s’est développée entre eux» (la Presse, 17 avril 2004, p. S5); «Son trio avait une telle chimie» (la Presse, 4 mai 2013, cahier Sports, p. 3).

Un passeur ou un marqueur, c’est bien. Un savant passeur ou un savant marqueur, c’est mieux. Écoutez le groupe Mes Aïeux, qui a chanté, dans «Le fantôme du Forum» (2008), les «feintes savantes du Gros Bill», Jean Béliveau.

Sur la glace, on n’en est pas encore aux nanotechnologies, mais tout, dit-on, se joue en une fraction de seconde. Qui la perd est mûr pour un renvoi dans les mineures, voire pour la retraite. C’est le signe qu’on ne peut plus suivre le jeu.

Les statisticiens auraient eux aussi leur mot à dire dans l’évaluation de certaines phases du jeu. Combien de fois entend-on, dans la description d’un match, que tel joueur a raté, cela va de soi, une passe à bas pourcentage ?

La médecine, elle, est malheureusement impuissante à guérir cette maladie printanière qu’est la fièvre des séries. Elle touche les individus aussi bien que leur communauté («Au printemps la fièvre est universelle / Pis i a juste une place où la glace i faut pas qu’à dégèle», Loco Locass, «Le but», chanson, 2009).

Le hockey est une science.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)