Chronique mammaire

Le français populaire du Québec a plusieurs mots pour désigner la poitrine féminine. Nous avons déjà vu, Beau dommage à l’appui, djos.

On entend parfois aussi boules.

Dans un avion qui l’amenait à Paris, l’Oreille tendue est tombée sur l’offre cinématographique suivante :

Annonce de film, vol Air transat pour Paris, 12 novembre 2016

Cette «paire» de «boules» en a évoqué tout de suite une autre pour elle. L’Oreille aurait-elle l’esprit mal tourné ?

 

[Complément du 18 mai 2021]

Autre synonyme local : toton, comme dans téton ou teton.

Exemple romanesque : «— Terre de nos aïeux ! Ton front est sein [sic : pour ceint]… — Totons ! dit Fontaine, juste assez fort pour que ses voisins immédiats l’entendent. — De fleeeeurons glorieux !» (Jean-François Vaillancourt, Esprit de corps, p. 39)

Par métonymie, dans certaines régions du Québec, on associe ce terme au bar de danseuses (plus ou moins) nues : «On va aux totons» (Fabien Cloutier, Cranbourne).

Vous voulez marier lutte contre le cancer du sein et port du masque en temps de pandémie ? Proposez à vos clients le Masque rose. Slogan : «Toton masque ?» Ça ne s’invente pas. (Merci, en quelque sorte, à la Presse+.)

Le masque rose, contenant de masques, 2021

P.-S.—Il est aussi un toton sur un des barreaux de l’échelle de la bêtise.

 

[Complément du 3 juin 2022]

Quand Alexandre Castonguay et Nicolas Lauzon, dans le texte de théâtre Un coin jeté dans l’nord (2022), parlent de «calendriers avec des boules» (p. 33), ils ne pensent pas à Noël, mais à des personnes du sexe dévêtues à des fins chronologiques et publicitaires. C’est encore à la gorge que renvoient les «boules refaites» (p. 63).

 

[Complément du 19 décembre 2024]

Le titre National Lampoon’s Christmas Vacation (1989) a droit à deux traductions. En France, on a choisi Le sapin a les boules; au Québec, Le sapin a des boules. Dans le premier cas, on évoque l’énervement, avoir les boules signifiant «en avoir assez, être énervé», dixit le Petit Robert (édition numérique de 2018). Pas dans le second.

 

Références

Castonguay, Alexandre et Nicolas Lauzon, Un coin jeté dans l’nord, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 30, 2022, 91 p. Ill. Précédé d’un «Mot des auteurs». Suivi de «Contrepoint. Sacré cœur d’orignal», par Dali Giroux.

Cloutier, Fabien, Scotstown et Cranbourne, Montréal, TVA Films et Encore management, DVD, 2015.

Vaillancourt, Jean-François, Esprit de corps. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 149, 2020, 302 p.

Accouplements 73

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Sur Twitter, Matthieu Dugal diffusait il y a quelques jours cette photographie d’un graffiti repéré sur un trottoir montréalais :

Graffit, Montréal, 2016L’injonction est simple et nette : «Regarde le ciel.»

En mars 2011, l’Oreille tendue prenait cette photo-ci, à Paris :

Graffit, Paris, 2011Cette interrogation — «Pourquoi restez-vous à regarder le ciel ?» —, comme l’écrivait l’Oreille en 2013, étonne : «Le paradoxe te frappera : tu regardes un trottoir qui te demande pourquoi tu regardes le ciel.»

On préférera, comme toujours, le paradoxe.

P.-S. — On notera le passage du tutoiement (montréalais) au vouvoiement (parisien).

 

[Complément du 10 novembre 2016]

Variation sur un thème connu, gracieuseté de Twitter.

«Regarde le ciel». graffiti

Accouplements 69

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Tu accompagnes ton fils aîné à un match de football chez les bleuets. Tu prends une photo à partir de ta chambre. Tu la mets sur Twitter.

Presque trois ans plus tard, tu vois passer ceci, encore sur Twitter.

Alors, il n’y avait pas d’autobus et les travaux n’étaient pas finis.

Les singes de l’Olympe

Ils l’ont dit à la radio ce matin : aux jeux Olympiques de Rio, le Canada défend son titre en golf. La dernière fois que cette discipline a été représentée aux JO, c’est en effet le Canada qui a remporté la médaille d’or. C’était en 1904.

Pourquoi signaler cela ? À cause des singes.

Pour Rio, on a dessiné un nouveau parcours à Barra da Tijuca. Les joueurs qui s’y sont entraînés n’insistent pas sur ses difficultés, mais sur sa faune. Elle compte des caïmans, des bradypes, des chevêches des terriers, des capybaras — et des singes. (Merci à Jean Dion pour la leçon de vie animale.)

Or les singes et le golf sont intimement liés dans la psyché de l’Oreille tendue. Voyez.

Ses parents ont vécu quelque temps dans les Caraïbes et ils y ont pratiqué leur sport préféré (si tant est que le golf soit un sport). En visite, l’Oreille y a foulé les verts, pour la première fois de sa vie, en leur compagnie. On ne lui avait donné qu’une seule consigne : ne pas aller chercher les balles perdues dans la forêt (la jungle ?), car il y avait des singes et ceux-ci pouvaient être protecteurs des balles qu’ils y trouvaient.

Par la suite, pendant des années, l’Oreille a utilisé la même excuse pour ne pas jouer au golf : sans singes, pas de swing. À Rio, elle n’aurait pas pu se servir de cette excuse. Imaginez : l’Oreille tendue aux JO !

P.-S. — On ne confondra pas les singes de l’Olympe et les chars de l’Olympe.

P.-P.-S. — On ne confondra pas non plus le golf olympique et la boxe olympique, discipline dans laquelle s’est illustrée, genre, l’Oreille.