Ils l’ont dit à la radio ce matin : aux jeux Olympiques de Rio, le Canada défend son titre en golf. La dernière fois que cette discipline a été représentée aux JO, c’est en effet le Canada qui a remporté la médaille d’or. C’était en 1904.
Pourquoi signaler cela ? À cause des singes.
Pour Rio, on a dessiné un nouveau parcours à Barra da Tijuca. Les joueurs qui s’y sont entraînés n’insistent pas sur ses difficultés, mais sur sa faune. Elle compte des caïmans, des bradypes, des chevêches des terriers, des capybaras — et des singes. (Merci à Jean Dion pour la leçon de vie animale.)
Or les singes et le golf sont intimement liés dans la psyché de l’Oreille tendue. Voyez.
Ses parents ont vécu quelque temps dans les Caraïbes et ils y ont pratiqué leur sport préféré (si tant est que le golf soit un sport). En visite, l’Oreille y a foulé les verts, pour la première fois de sa vie, en leur compagnie. On ne lui avait donné qu’une seule consigne : ne pas aller chercher les balles perdues dans la forêt (la jungle ?), car il y avait des singes et ceux-ci pouvaient être protecteurs des balles qu’ils y trouvaient.
Par la suite, pendant des années, l’Oreille a utilisé la même excuse pour ne pas jouer au golf : sans singes, pas de swing. À Rio, elle n’aurait pas pu se servir de cette excuse. Imaginez : l’Oreille tendue aux JO !
La première fois, c’était une italienne. Ce soir, une chinoise. Vive les pendaisons de grues de Structures universelles.
Grue chinoise, Saint-Roch-de-l’Achigan, juillet 2016
Mardi, 12 juillet 2016
Sur le bord du lac, le son d’une tchén’ssâ. Ce n’est que justice.
Découvrir que tu es une icône canadienne…
Canadian Who’s Who, publicité par courriel, juillet 2016
…mais que vous êtes des milliers.
Jeudi, 14 juillet 2016
En juillet 1976 s’ouvraient les jeux Olympiques de Montréal. Pour des raisons médicales — une histoire de tracteur mal réceptionné —, l’Oreille n’a pu faire autre chose que regarder les compétitions et leurs reprises pendant deux semaines de son lit d’hôpital. (1976, c’était avant Internet et ses choix.) Elle en a eu assez pour toute son existence. Cet été, elle ne suivra pas ce qui se passe à Rio.
Dimanche, 17 juillet 2016
En après-midi, sous un soleil qui tapait, il y avait à Joliette, dans le cadre du Festival de Lanaudière, un hommage à Ella Fitzgerald par Jessica Vigneault, «la fille de Gilles Vigneault», précisait le programme, et l’Orchestre national de jazz de Montréal («national de Montréal» ? Passons). Fan d’Ella, l’Oreille tendue y était. Il serait injuste de comparer Jessica Vigneault, «la fille de Gilles Vigneault», à Ella Fitzgerald. N’essayons même pas.
Mardi, 19 juillet 2016
Qui dit villégiature dit lectures de villégiature, voire lectures de locations de villégiature : des livres découverts dans des maisons inconnues. L’année dernière, à Barcelone, l’Oreille avait ainsi lu un Gérard de Villiers (son premier, et personne n’y feulait). Cet été, ce fut un San-Antonio, Salut, mon pope !, de 1966. L’Oreille n’avait pas lu du Frédéric Dard depuis plus de trente-cinq ans. Elle se souvenait de l’importance de l’incise chez l’auteur, de sa passion pour le calembour, de son enflure verbale assumée, de l’inintérêt des intrigues. Elle a retrouvé le plaisir du zeugme, de la liste, de l’énumération. Elle avait cependant oublié la misogynie et l’homophobie (grec, donc pédé) de l’ensemble. Les vacances servent aussi à cela. (Heureusement, il y avait aussi des Simenon : le Coup de Vague, de 1938, les Fantômes du chapelier, de 1949, et Maigret à l’école, de 1954. C’était nettement mieux que San-A., bien que le deuxième roman soit assez clairement raciste à l’occasion.)
Que seraient des vacances sans un 36 trous (de minigolf) ?
Le 15e trou du parcours Le Défi du Super Putt de Saint-Charles-Borromée, Québec, juillet 2016
Jeudi, 21 juillet 2016
Centre-ville de Joliette. À l’entrée du restaurant, le drapeau noir-jaune-rouge. Dans les assiettes, des chicons. C’est bien la Fête nationale de la Belgique.
Que seraient les vacances sans quelques parties de quilles (les petites, bien sûr) ?
Dimanche, 24 juillet 2016
Que seraient les vacances sans la baladodiffusion ? Recommandation du jour : Revisionist History de Malcolm Gladwell (ce génie).
Malcolm Gladwell
Que seraient les vacances sans un animal (daim, écureuil, vacancier de la construction) surpris sur le chemin du chalet ?
Lundi, 25 juillet 2016
Pour la deuxième fois, commentaire du fils cadet de l’Oreille : «Djoke de prof.» Sa progéniture et elle n’ont pas tout à fait le même sens de l’humour.
Que seraient les vacances sans la conduite automobile des mous du bulbe sur les routes régionales du Québec ? (L’excellent @machinaecrire a une explication de ce phénomène; elle est ici.)
Mardi, 26 juillet 2016
Que seraient les vacances sans les souris (et le mulot) du chalet de location ?
Que seraient les vacances sans la fréquentation des classiques ?
Histoire de pêche, Chertsey upon Cairo, Québec, juillet 2016
Que seraient les vacances sans art religieux (et automobile) ?
Mercredi, 27 juillet 2016
Que seraient les vacances sans ces plaisanciers sans veste de flottaison et sans ces automobilistes sans clignotant ?
Que seraient les vacances sans des saucisses (au fudge) ?
Gastronomie québécoise, juillet 2016
Que seraient les vacances sans un peu de culture latine ?
Mise en garde, juillet 2016
Jeudi, 28 juillet 2016
Que seraient les vacances sans l’explosion du coût des données mobiles ?
Vendredi, 29 juillet 2016
Que seraient les vacances sans sa rue éventrée au retour ?
Samedi, 30 juillet 2016
Que seraient les vacances sans une longue et tortueuse séance de slalom entre les cônes montréalais ?
L’Oreille tendue monte dans un taxi, l’oreille pas spécialement tendue. Une sonnerie de téléphone se fait entendre. Une voix féminine sort du système audio de la voiture : «Bonjour, chéri, ça va ?» Lui (le chauffeur, pas l’Oreille tendue) : «J’ai quelqu’un dans la voiture.» Elle : «Ça va ?» Lui : «J’ai quelqu’un dans la voiture. Je vais te rappeler.»
Double explication du chauffeur. C’est parce que son téléphone est en connexion automatique, par Bluetooth, avec son système audio. C’était sa femme. (Qu’il a dit.)
Dans les appartements de location (barcelonais), on trouve des lectures étonnantes. (Non, personne ne feule dans Otages en Irak [2005].)
Après Wikipédia, Wikimedia Commons, Wikibooks, Wikidata, Wikinews, Wikiquote, Wikisource et Wikivoyage, voici, à Barcelone, Wikinails. Un bar à ongles ?
À une certaine époque, on se plaignait de l’absence de musique francophone au domicile des Canadiens. Depuis, la situation a été un peu corrigée. Ainsi, hier, on a pu entendre la chanson «Le but» de Loco Locass, le groupe hip-hop québécois engagé, au Centre Bell pendant l’entraînement Provigo.
À un moment, on a demandé à Michel Therrien, l’entraîneur de l’équipe, ce qu’il pensait du fait que près de 20 000 personnes s’étaient déplacées tôt un dimanche matin pour assister à un de ses entraînements. Il a répondu en soulignant que cet événement faisait vibrer les partisans. (L’Oreille ne sait pas si tout leur être vibrait, mais leurs tympans, eux, sans aucun doute.)
L’ex-gardien Marc Denis jouait le rôle de maître de cérémonie. À plusieurs reprises, il a associé «le monde» et l’adjectif démonstratif «leur». Il rappelait par là que le mot monde, au Québec, a valeur de pluriel (Le monde, on risque de leur faire perdre l’ouïe).
Ce sera tout, pour l’instant, en matière d’aventures dominicales de l’Oreille. Qu’on se rassure : elle n’est pas devenue complètement sourde.