Du miroir photographique

Autoportrait au crâne

Le selfie a déjà fait couler beaucoup (trop) d’encre. Et il a essaimé.

Une photo de téléphone cellulaire (les portables hexagonaux) ? Un cellfie.

Une photo devant sa bibliothèque ? Un shelfie.

Une photo de fermier ? Un felfie.

On n’arrête pas le progrès.

P.-S. — En français ? Selon l’un, égoportrait, autoportrait ou autophoto. Selon un autre, moivatar.

 

[Complément du 11 juillet 2014]

Et ça continue…

Avec un phoque ? Un sealfie (#sealfie).

Avec un poisson ? Un selfish (@danyturcotte).

Au bureau de vote ? Un selfisoloir (Émilie Mouchard).

Aux chiottes ? Un scato-selfie (@culturelibre).

 

[Complément du 12 janvier 2016]

Fournée du jour…

En allaitant ? Un brelfie (#brelfie).

En voyageant ? «Un égoportrait fait à Terre-Neuve s’appelle-t-il un snewfie ?» (@Franciskl)

En faisant voler un drone ? Un dronie.

En vous tenant près d’un être cher ? Un relfie.

Campagne Centraide, métro de Montréal, janvier 2016

Douze mots-valises pour un mardi matin

Un bar et une arcade : un barcade.

Une cave (avec un bar ?) pour un homme : une mancave.

Quelqu’un d’ascendance africaine vivant dans un pays européen : un Afropéen.

Un fan qui pratique le sous-titrage : un fansubber.

Le vert du billet vert et le vert écolo : l’écofiscalité.

Un éditeur (publisher) offrant une plateforme numérique (platform) : un platisher.

La séduction de la Chine : «La “Grande Sinoduction”» (la Presse, 28 octobre 2013, cahier Affaires, p. 6).

Un humain qui maltraite son estomac : un gastromasochist.

Un communiqué de presse repris par un journaliste : de l’infobarattage. C’est la traduction que propose le Devoir (21 mai 2013, p. B7) de churnalism (churn + journalism).

Un fan aussi intolérant qu’un taliban : un talifan (la Presse, 11 mai 2013, cahier Arts, p. 3).

Un anglophone en colère : un angryphone (le Devoir, 21 février 2013, p. A6).

La saveur du jour

Source : la Presse+

À intervalles parfaitement irréguliers (2009, 2010, 2011, 2013), l’Oreille tendue trie le contenu de sa corbeille de à saveur, cette obsession québécoise.

Ses trouvailles (façon de parler) ?

«USA : ce Satan avec les traits d’Obama finalement retranché d’une télésérie à saveur biblique» (@rdimatin).

«Nouveau blogue à saveur internationale : celui de @Ydb (Yanik Dumont Baron) à Washington» (@JeanFrederic_LT).

«Syrie : une révolution à saveur de crise humanitaire sans fin» (le Devoir, 26 août 2013, p. A7).

«projet d’adressage [numérique] à saveur géographique et culturelle» (le Devoir, 6 mai 2013, p. A2).

«Le documentaire à saveur écologique constitue un genre en soi […]» (le Devoir, 4-5 mai 2013, p. E10).

«Des chansons populaires à saveur country» (la Presse, 1er mai 2013, cahier Arts, p. 2).

«Affrontements et crise à saveur linguistique en Ukraine» (le Devoir, 5 juillet 2012, p. A5).

«Ouf, quelle intéressante Journée mondiale de la traduction, à saveur interassociative ! À l’année prochaine ?» (@patoudit)

Des heures de plaisir à saveur lexicale.

Fausse économie

Angle Pie-IX et Notre-Dame, à Montréal, il y a un «Entrepôt Public» (majuscules certifiées d’origine) : vous pouvez y louer un espace pour entreposer vos choses.

Ça coûte combien ? L’Oreille tendue ignore le tarif mensuel régulier, mais il y a une promotion pour les nouveaux clients : «1 $ paie votre 1er mois de location.»

«1 $ pour votre 1er mois de location» aurait signifié la même chose, sans l’anglicisme sous-jacent («$1 pays your first month»), non ?

Le mépris de la STM

Il y a quelques années, l’Oreille tendue s’est abonnée au fil Twitter de la Société de transport de Montréal (STM). Vu le nombre de pannes sur son réseau, ça s’explique facilement.

Depuis, elle reçoit tous les messages de la STM en double, l’un en français, l’autre en anglais. Elle n’a évidemment jamais demandé une chose pareille.

L’Oreille, à plusieurs reprises, a marqué son mécontentement sur Twitter. Elle sait, de sources conjugales proches et généralement fiables, que d’autres ont porté plainte directement à la STM. Conséquences de ces plaintes ? Aucune.

Sans être juriste, on peut affirmer que cela contrevient aux dispositions de la Charte de la langue française sur le bilinguisme dans les services publics. Celle-ci prévoit en effet des dérogations aux communications en anglais avec leurs clients / utilisateurs. Ces dérogations sont précisément encadrées et, sauf erreur, il faut les demander; on ne peut pas se les faire imposer.

Depuis quand la Société de transport de Montréal est-elle bilingue ? Au secours ! Help !

P.-S. — Sur le même sujet, @OursMathieu est plus lapidaire : «Niaiserie.»

 

[Complément du 2 décembre 2013]

Rien n’y fait : ni les tweets, ni les plaintes, ni les entrées de blogue. L’Oreille a donc écrit, par l’intermédiaire du Devoir, au nouveau président du conseil de la STM, Philippe Schnobb. Elle attend une réponse, sans trop y croire.