L’oreille de l’Oreille tendue s’est tendue devant ce tweet de @LeaStreliski :
Si tu veux voir comment on dit "centre d'achats au bord de l'autoroute" en marketing. ? #VMR #PolMtl pic.twitter.com/Mc5i9ym9Mi
— Léa Stréliski (@LeaStreliski) February 26, 2020
Hier, en effet, les concepteurs du projet montréalais Royalmount — ce beau nom français — ont fait paraître une publicité pleine page dans le quotidien le Devoir. (Ils ont aussi un site Web, royalmount.com, dont la page d’accueil est, évidemment, en anglais.)
Que raconte-t-on dans le journal ?
On découvre que la «sérénité de la nature» pourrait «rencontre[r] l’effervescence de la ville», même dans en un décor particulièrement peu naturel, au croisement de deux autoroutes surchargées, la 15 et la 40, d’où la végétation est très largement absente en l’état actuel des lieux. (Le cycliste représenté en haut à gauche devrait avoir un peu de mal à y circuler foulard au vent, ainsi que les piétons évoqués dans le texte.) Voilà probablement pourquoi cet espace commercial qui n’existe pas est déjà une «destination emblématique» : c’est la ville à la campagne et vice versa.
Regroupés en trois catégories («Vivre», «Avancer», «Innover»), tous les mots de passe de l’heure sont là : éco-innovant, expérience immersive, écosystème dynamique, durabilité, échelle humaine, qualité de vie, inclusif, valeurs, mobilité, moyens de transport actifs et écoresponsables, intégrant efficacement, revitalisant, meilleures pratiques, émissions de carbone.
On s’attendait à voir apparaître le mot communauté; on n’est pas déçu. Sous la rubrique «Innover», un texte est coiffé du titre «Une communauté diversifiée et ancrée dans la nature» :
Notre projet s’inscrit dans une démarche écoresponsable qui tient compte des changements climatiques en revitalisant un ancien site industriel. Nous nous engageons à suivre les meilleures pratiques en matière de développement durable en misant sur trois principaux piliers, soit la santé, l’environnement et la réduction des émissions de carbone.
Question naïve : où est la «communauté diversifiée» dans ces deux phrases, où il n’est question que d’environnement et pas du tout de personnes ?
On notera enfin une juteuse faute d’accord : «le rythme et l’accessibilité d’une ville se vit [sic] aussi à pied».
Foi d’Oreille, de la bien belle ouvrage.