«Il avait accepté que Jef (qui n’était tout de même que l’entraîneur de Lucien !) soit hébergé chez lui, qu’il y prenne ses aises et son fauteuil, qu’il appelle Angèle par son prénom, maintenant qu’il utilise sa cuisine. Qu’il la serre dans ses bras !»
«Ma chambre avec son papier rose à fleurs, son armoire que je trouve encore jolie, est une salle d’attente : au bout de la rue Clopart, dans le centre, s’agitent la vie et les garçons.»
Annie Ernaux, les Armoires vides, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1600, 2022, 181 p., p. 129. Édition originale : 1974.
«Celui qui assassinait le Chef le remplaçait, héritait de ses biens, de sa folie, parfois de ses maîtresses.»
«On racontait que Jules César avait déchargé son arme à travers la porte des toilettes. Il était de mèche avec le dreadlocks qui était l’un des rares à pouvoir approcher Cannibale 2.0. Quand les autres avaient compris ce qui se passait, ils étaient arrivés avec leurs gros rires, leur sueur, leur cruauté, leur ras-le-bol et avaient déchargé à tour de rôle leurs armes sur la porte des chiottes.»
«Sans abri, pauvre, elle ramassait tout ce qu’elle trouvait et vivait sous des morceaux de plastique, entourée d’objets qu’elle récupérait, qui allaient des bouteilles vides à des ossements humains. Un matin on la retrouvera dans un corridor, morte avec son passé, ses tragédies silencieuses ou non traduites.»
«Il y avait de la boue sur nos pieds, nos vêtements, nos mains. Peut-être sur nos âmes aussi.»
Émmelie Prophète, les Villages de Dieu, Montréal, Mémoire d’encrier, 2020, 224 p. Édition numérique.