Fil de presse 056

Charles Malo Melançon, logo, mars 2021

L’automne fait tomber les feuilles linguistiques.

Bazantay, Jean et Yayoi Nakamura-Delloye (édit.), le Sujet et la subjectivité au Japon. Approches linguistique, littéraire et philosophique, Paris, Armand Colin, coll. «La Cité des Lettres», 2025, 366 p.

Brossat, Alain, Écrire au bord du gouffre. Victor Klemperer ou la résistance dans la langue, Sesto San Giovanni, Éditions Mimésis, coll. «SAMSA», 2025, 358 p.

Cahiers de lexicologie, 126, 2025. Dossier «La science par les mots ou comment former une terminologie scientifique au Moyen Âge», sous la direction de Joëlle Ducos et Fleur Vigneron.

Cahiers Ferdinand de Saussure. Revue de linguistique générale, 76, 2025, 368 p.

Cerquiglini, Bernard, À qui la faute ? L’impossible (mais nécessaire) réforme de l’orthographe, Paris, Gallimard, coll. «Folio inédit essais», 716, 2025, 160 p.

Charaudeau, Patrick, Qu’est-ce que le français ? Mythes et réalités, Paris, Classiques Garnier, coll. «Domaines linguistiques», 26, série «Grammaires et représentations de la langue», 16, 2025, 159 p.

Cotte, Pierre, la Motivation dans la langue. Recherches en linguistique anglaise. 2. Mots grammaticaux et structures : quelques études, Paris, Sorbonne Université Presses, coll. «Mondes anglophones», 2025, 467 p. Textes réunis et présentés par Laure Gardelle.

De Gheyndt, Jean-Jacques et Michel Francard, 200 expressions wallonnes et bruxelloises à savourer, De Boeck Supérieur, 2025, 208 p.

Fasciolo, Marco et Franck Neveu (édit.), Décrire une langue. Objectifs et méthodes, Paris, Classiques Garnier, coll. «Rencontres», 670, série «Linguistique», 5, 2025, 515 p.

Greco, Luca, le Corps du genre. Langage, matière et non humain, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. «Interventions», 2025, 176 p.

Lang, Jack, la Langue arabe, une chance pour la France, Paris, Gallimard, coll. «Tracts Gallimard», 2025, 44 p.

Larochelle, Claudia et Biz, Nos géantes, nos géants 2. Le français au Québec en 24 destins, Montréal, Éditions de la Bagnole, 2025, 240 p. Illustrations de Benoît Tardif.

Linguistique de l’écrit. Revue internationale en libre accès, 5, 2025. Dossier «Approches linguistiques de l’orthographe du français», sous la direction de Jacques David et Claire Doquet.

Linx, 88, 2024. Dossier «Les créoles : perspectives actuelles. Travaux de chercheur.es et jeunes chercheur.es à l’université de La Réunion».

López, Ártemis (édit.), Lengua mutante. Reflexiones sobre lenguaje inclusivo, Madrid, Pie de Página, coll. «Tinta Roja», 2025, 382 p.

Maux, Marie-Hélène, Françoise Richer-Rossi et Marc Zuili (édit.), Historiographie linguistique et enseignement de l’espagnol en France (XVIe-XVIIIe siècle). Du livre ancien aux humanités numériques, Paris, Éditions Orbis tertius, coll. «Culture et numérique», 2025, 344 p.

Parussa, Gabrielle, Écrire le français. Toute une histoire, Arles, Actes Sud, coll. «La compagnie des langues», 2025, 208 p.

Semino, Elena, Paul Baker, Gavin Brookes, Luke Collins et Tony McEnery, Applying Corpus Linguistics to Illness and Healthcare, Cambridge, Cambridge University Press, 2025, 228 p.

Testenoire, Pierre-Yves, les Cours de Roman Jakobson à l’École libre des hautes études. New York, 1942-1946, De Gruyter, coll. «Études de linguistique française», 2025, 454 p.

Wapy, Jean de, les Remarques sur la langue francoise, Paris, Classiques Garnier, coll. «Descriptions et théories de la langue française», 8, série «Remarques et observations sur la langue française», 4, 2025, 206 p. Édition de Douglas A. Kibbee.

Ne pas visualiser svp, ter

Marie-Hélène Voyer, Précieux sang, 2025, couverture

Le 23 juillet 2025, l’Oreille tendue participait à une discussion radiophonique sur les régionalismes québécois. (Deux mois plus tard, malgré des demandes répétées, elle n’a toujours pas été payée pour cette intervention de plus de vingt minutes. Ça vous paraît normal, Radio-Canada ?)

Elle connaît plusieurs expressions avec le mot marde, mais, ce jour-là, elle a entendu pour la première fois en onde avoir le cordon du cœur qui traîne dans la marde.

Elle la retrouve dans un excellent recueil de poésie de Marie-Hélène Voyer, Précieux sang (2025).

hier Flanc-Mou a menacé
de se pendre à un crochet
écœuré de se faire traiter
de pas vite-vite
de traîne-savate
de tarlais
plus capable
de se faire dire
que le cordon du cœur
lui traîne dans la marde

le boss l’a remercié

une manière polie
d’abattre un homme (p. 123)

Son sens ? Paresser.

Dans Comme des sentinelles (2012), Jean-Philippe Martel offrait autre chose, en parlant de corde au lieu de cordon : «ce qui signifie à peu près qu’une personne est assez lâche et dépourvue d’humanité pour ne pas assister aux funérailles de sa grand-mère» (p. 55).

À votre service.

P.-S.—«Ter» ? À cause de ceci et de cela.

 

Références

Martel, Jean-Philippe, Comme des sentinelles. Roman, Montréal, La mèche, 2012, 177 p.

Voyer, Marie-Hélène, Précieux sang suivi de Voir avec des yeux de chair, Saguenay, La Peuplade, coll. «Poésie», 2022, 196 p.

Chantons le hockey avec Mononc’ Serge, bis

«Pourquoi Mononc’ Serge joues-tu du rock ’n’ roll ?»

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Mononc’ Serge, «Team qui gagne», 2012

 

Annonces de Tim Hortons tout l’long d’la bande
Molson Dry à 11 et 50
Roteux à 8 piasses, que c’est qu’tu penses
J’m’en clenche 3-4 pis au yable la dépense
Les joueurs arrivent s’a glace
Ils ont la rage dans face
Leurs lames dans patinoire, ça grafigne rare
Ça fait des lignes comme dans face à Claude Blanchard
La bière rentre ben, hostie qu’j’ai soif
Mais tout à coup [bruit de sifflet] siffle le ref
Les joueurs s’alignent s’a ligne bleue
V’là un gros tocson avec un coat à queue
Y chante le Ô Canada, j’ai les larmes aux yeux
Mais déjà, c’est l’heure de la mise au jeu
L’arbitre s’penche entre les joueurs de centre
La Molson coule, les hot dogs se vendent
La tension monte, la foule scande
Nous autres c’qu’on veut c’t’un team qui gagne
Nous autres c’qu’on veut c’t’un team qui gagne
Nous autres c’qu’on veut c’t’un team qui gagne
Un team qui gagne
Wo
Team qui gagne
C’est ça qu’on veut
Un team qui gagne, ça éloigne les problèmes
Check nos jeunes qui r’gardent la game
Une main s’a Molson, une main su’un hot dog
I reste p’us d’main pour la drogue
Quand on a eu un coach qui parlait pas français
J’te dis qu’les péquistes, hostie qu’ça chialait
Mais… mieux vaut la coupe en anglais
Que pas faire les séries en français
Fuck ! On est un peuple, faut se tenir deboutte
Pis on va être deboutte mais qu’on l’aille la coupe
Nous autres c’qu’on veut c’t’un team qui gagne
Wo
Qui gagne
Les gradins sont pleins, ça boit d’la Molson Dry
Pis ça chante Nanana Heyheyhey Goodbye
Imagine comment les estrades s’raient vides
Si c’était un discours de Françoise David
La fourrure orange de Youppi
Pis toutes ces belles barbes des séries
C’est-y pas du beau poil à côté
De la moustache à Manon Massé
Wo yé
Nous autres c’qu’on veut c’t’un team qui gagne
Nous autres c’qu’on veut c’t’un team qui gagne
Un team qui gagne
Wo
Team qui gagne
C’est ça qu’on veut
Team qui gagne
Des bâtons CCM
Pas des pancartes CSN
Team qui gagne
Des millionnaires tout en muscles
Pas des BS en autobus
Team qui gagne
Des power play s’a coche
Pis des power pay dans leurs poches
Team qui gagne
What does Quebec want, c’t’évident me semble
C’qu’on veut c’t’un team qui gagne
Un team qui gagne

 

P.-S.—En effet, ce n’est pas la seule fois que Mononc’ Serge a chanté le hockey.

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Curiosité voltairienne (et gazonneuse)

Cette publicité de Healthy Yards a été reprise sur Instagram, par le compte Philosophy Matters, avec le texte suivant : «Leibniz took Voltaire’s criticism to heart and became a garden expert… now he helps you have the best of all possible gardens

Publicité de Healthy Yards, avec un personnage en costume du XVIIIe siècle

 

Au cinquième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, on lit : «Je demande très humblement pardon à Votre Excellence, répondit Pangloss encore plus poliment, car la chute de l’homme et la malédiction entraient nécessairement dans le meilleur des mondes possibles.»

Les derniers mots du conte sont : «Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Les zeugmes du dimanche matin et de Jacques Ferron

Jacques Ferron, le Saint-Élias, 1972, couverture

«Des États-Unis il avait rapporté en même temps que son diplôme un esprit d’indépendance qui, n’eussent été son rang et les bons services qu’il rendait, aurait pu lui causer des ennuis au début de sa carrière» (p. 28).

Monseigneur Antoniotti «relevait de Pie XII qui ne pouvait pas concevoir de politique sans coups bas, bien fourrés, bénissant les crimes et les petits oiseaux» (p. 155).

Jacques Ferron, le Saint-Élias. Roman, Montréal, Éditions du Jour, coll. «Les romanciers du jour», R-85, 1972, 186 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)