Citation stéréotypique périfootballistique du jour, ou La salive des Bleus

Maurice Dekobra, la Madone des sleepings, 1925, couverture

On a beaucoup glosé sur l’élimination rapide de l’équipe de France de la présente Coupe du monde de football. À tort ou à raison, cela a remis en mémoire à l’Oreille tendue un roman où il est question à l’occasion, et de façon bien caustique, des Français et de leur rapport à la langue.

Exemple (c’est Lady Diana Wynham qui a la parole) : «Vous parlez fort bien, mon cher Prince. D’ailleurs, les Français sont tous un peu phraseurs… Ils ont dû inventer la salive…»

Maurice Dekobra, la Madone des sleepings. Roman cosmopolite, Paris, Éditions Baudinière, 1925, 307 p., p. 32.

 

[Complément du 23 juin 2015]

RELIEF, la Revue électronique de littérature et de culture françaises, consacre un numéro (vol. 9, no 1, 2015), sous la direction de Jan Baetens et Sjef Houppermans, au roman de Dekobra : https://revue-relief.org/issue/view/300.

D’hier à today

Ronald King, dans la Presse du 26 juin 2010 :

Dites Roger…

Vous avez peut-être remarqué, comme moi, que dans la publicité de Coca-Cola traduite dans une maison québécoise, on nous parle de Roger Milla, avec Roger prononcé à l’anglaise. Or, Milla est camerounais et francophone. À la télé française, on parle de Roger à la française.

Il s’agit d’un cas de paresse et d’ignorance crasses. On aurait pensé que quelqu’un dans la maison aurait fini par comprendre et fait la correction avant la Fête nationale du Québec. Mais non.

Colonisés…

André Belleau, dans la revue Liberté en mai-juin 1980 :

pourquoi Bernard Derome tient-il tant à montrer qu’il sait l’anglais ? Pour être plus précis, qu’est-ce qui le fait, au Téléjournal, prononcer infailliblement «Rââbeurte Enn’drusse» les mots «Robert Andras» écrits sur une dépêche ? Ou «Pi-ss-bi-dji-mm» pour P.S.B.G.M. ? Et «Aille-âre-ré» toutes les fois qu’il lit I.R.A. ? C’est à ce point que ma mère, qui ignore l’anglais, manque chaque soir la moitié du Téléjournal.

[…]

Peu importe comment on essaie d’élucider l’effet Derome, il demeure, vu son caractère général, constant, et la façon dont il modifie la relation transactionnelle émetteur-auditeur, une manifestation indubitable de colonisation culturelle (éd. de 1986, p. 109 et p. 114)

Plus ça change…

 

Références

Belleau, André, «L’effet Derome ou Comment Radio-Canada colonise et aliène son public», Liberté, 129 (22, 3), mai-juin 1980, p. 3-8; repris, sous le titre «L’effet Derome», dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 82-85; repris, sous le titre «L’effet Derome», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 107-114; repris dans Laurent Mailhot (édit.), l’Essai québécois depuis 1845. Étude et anthologie, Montréal, Hurtubise HMH, coll. «Cahiers du Québec. Littérature», 2005, p. 187-193; repris, sous le titre «L’effet Derome», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 105-112. https://id.erudit.org/iderudit/29869ac

King, Ronald, «En route vers les octavos de final…», la Presse, 26 juin 2010, cahier Sports, p. 5.

Mot-valise du jour

Extrait du Bulletin Flaubert, numéro 123, juin 2010 :

BACCALAURÉAT
(< Catriona Seth)
Le supplément «Réviser son bac avec le Monde», cahier du Monde, no 20339, daté du mercredi 16 juin 2010, contient à la page 6 une présentation des procédés de réécriture et, en guise de «Repères», l’évocation de six récritures de Madame Bovary. Pour le journaliste, ce roman est celui qui a le plus suscité de «désirs palimpsestueux», mot-valise emprunté à Gérard Genette.

Divergences transatlantiques 011

Sundae

Question existentielle : où poser la cerise ? Là : sur la gâteau. Ici : sur le sundae.

Exemples : «Bruyants, ils buvaient comme des trous et, cerise sur le gâteau : ils avaient applaudi au moment où l’avion s’était posé dans la grande ville», écrit Éric Boury, traduisant Arnaldur Indridason (p. 89-90); «Le design, c’est la cerise sur le sundae», sous-titre la Presse en 2006.

Tous les (dé)goûts alimentaires sont dans la nature.

 

[Complément du 21 février 2016]

D’où ce titre de presse, du 19 février 2016, dans le Journal de Montréal, sous la signature de Michel Girard :

Michel Girard, «La CSeries sur le sundae». le Journal de Montréal, 19 février 2016

 

[Complément du 26 février 2016]

Rebelote.

 

[Complément du 10 juin 2016]

Dans le même ordre d’idées, ceci, dans Fatigues (2014), de Pierre Peuchmaurd : «La cerise sur la charrue, le gâteau avant les bœufs !» (p. 154)

 

Références

Indridason, Arnaldur, Hypothermie, Paris, Métailié, coll. «Bibliothèque nordique», 2010, 294 p. Traduction d’Éric Boury. Édition originale : 2007.

Pierre Peuchmaurd, Fatigues. Aphorismes complets, Montréal, L’Oie de Cravan, 2014, 221 p. Avec quatre dessins de Jean Terrossian.

 

La Presse+ (Montréal), 30 avril 2015

 

Exercice de traduction, ter

L’Oreille tendue a des antennes. («C’est une image», comme dit Jean Dion, du Devoir.) Pour des raisons conjugales, l’une d’elles séjourne dans le Maine-et-Loire.

Elle nous assure avoir entendu la phrase suivante : «Je dois aller chez le coupe-tif pour faire ratiboiser la colline.»

Des suggestions de traduction ? (Philippe Didion, celui des Notules dominicales de culture domestique [et de villégiature exotique], n’est évidemment pas admissible à ce concours — sans prix.)