Cas de dopage linguistique

C’était dans le Devoir du 14 juillet 2011 : «De plus, il s’est redéployé autour du paradigme anabolisant de la sécurité nationale […]» (p. A7).

«Paradigme anabolisant» ? Est-ce bien nécessaire ?

La grammaire d’ici

Matthieu Proulx est des plus récents élus de la confrérie montréalaise des joueurnalistes. L’ancien maraudeur des Alouettes de Montréal — c’est du football canadien, donc américain, en quelque sorte — commente maintenant l’actualité de ce sport dans les pages de la Presse.

Sa contribution du 16 juillet était consacrée au quart-arrière Anthony Calvillo. On y lisait ceci :

Alors qu’il commençait à apprendre les subtilités du football canadien j’amorçais mon apprentissage de la grammaire québécoise (cahier Sports, p. 5).

L’Oreille tendue ignore beaucoup de choses du football, mais elle sait qu’il n’existe pas de «grammaire québécoise» (qu’on se rassure : elle voit bien qu’il s’agit de faire un jeu de mots avec «football canadien»). Souhaitons que Matthieu Proulx soit meilleur joueurnaliste que linguiste.

L’école n’est pas finie

Le fils cadet de l’Oreille tendue est encore tout au début de son parcours scolaire. Il aspire pourtant à mieux que ce qu’on lui enseigne. L’autre jour, il s’est mis, tout seul, en plein été, à faire des additions, et complexes. Autodéfinition de cette activité ? Des «mathématiques extrêmes».

Si petit, et déjà touché par ce grand mal.

La douceur du foyer

L’art est un sport de combat, 2011, couverture

L’Oreille tendue connaissait l’existence du «théâtre d’appartement» : des gens viennent jouer chez vous. Elle ignorait celle de la «lutte d’appartement».

Voici la définition qu’en donne Jean-Marc Huitorel dans un livre récent (où il est notamment question de la représentation de la boxe en art contemporain), L’art est un sport de combat :

Dans The New Life (1996), [l’artiste américain Cameron Jamie] se bat, masqué, contre un sosie de Michael Jackson, reprenant là l’engouement des Mexicains pour la lutte d’appartement où, par petites annonces, on contacte son adversaire pour un combat privé, sans règles, où violence et jeux sexuels constituent un mélange aussi explosif que potentiellement dangereux (p. 16).

On n’arrête pas le progrès.

 

Référence

Huitorel, Jean-Marc, Christine Mennesson et Barbara Forest, L’art est un sport de combat, Calais et Arles, Musée des beaux-arts de Calais et Analogues, maison d’édition pour l’art contemporain, 2011, 127 p. Ill. Édition bilingue français-anglais.