D’un côté, les langagiers («environ» 110 000 occurrences selon Google en date du 9 mai). De l’autre, les langagistes («environ» 36 occurrences). Qui l’emportera ? Les paris sont ouverts.
De la turgescence du basketteur exposé à la madone
L’ex-basketteur Dennis Rodman a 50 ans aujourd’hui. (Merci à Jean Dion de l’avoir rappelé hier dans le Devoir, p. B6.)
S’il est connu, entre autres caractéristiques, pour son culte du tatouage, il ne faudrait pas oublier la contribution de Rodman à la langue anglaise. N’est-ce pas lui qui, dans une entrevue télévisée, a décrit sa réaction physiologique devant Madonna en utilisant les termes «I went solid» ? L’intervieweur en était resté éberlué.
Chroniques du bilinguisme hexagonal 004
Vous n’êtes pas français et vous souhaitez mener des recherches postdoctorales en France ? Ça tombe bien : vous pouvez vous inscrire au «programme Fernand Braudel (incoming)» de la Fondation Maison des sciences de l’homme (Paris, France).
Vous êtes français et vous souhaitez mener des recherches postdoctorales hors de la France ? Ça tombe bien : vous pouvez vous inscrire au «programme Fernand Braudel (outgoing)».
Si on retient votre candidature, vous pourrez contribuer au développement de la science (bilingue ?).
Tatou et tatou
Si les Québécois aiment bien leur tatou, ce n’est pas par zoophilie. Ils n’ont pas d’attirance particulière — ni de dégoût — pour ce «Mammifère d’Amérique (édentés), cuirassé de plaques cornées disposées en bandes articulées» (le Petit Robert, édition numérique de 2010). Le tatou, dans la langue populaire — mais pas seulement — québécoise désigne un tatouage, cela après avoir transité par l’anglais tattoo.
Démonstration en double registre dans le roman les Corpuscules de Krause de Sandra Gordon (2010). Le narrateur : «Le tatouage de Lucie s’étalait sous la lumière crue d’une soixante watts dépourvue de réflecteur» (p. 86). Le personnage principal : «À chaque matin je zyeute mon tatou pis je le trouve beau» (p. 198).
L’Oreille tendue est la première à s’en étonner : c’est la cinquième fois qu’elle parle de tatouage (numérique, ethnique, musical, sportif). Elle en profite pour signaler que la boutique d’une banlieue montréalaise affichant, en vitrine, «V.I.P. tattoo» a pondu un bel oxymore, certes involontaire.
Référence
Gordon, Sandra, les Corpuscules de Krause. Roman, Montréal, Leméac, 2010, 237 p.
Citation non euphémisante du jour
L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion de déplorer la généralisation du verbe décéder. Pierre Popovic met en poème cette euphémisation de la mort.
«[…]
Nous mourons emportés mais incapables de colère
Étonnés que l’autre soit mort avec euphémisme
Et qu’il sera décédé se sera éteint aura disparu aura expiré aura mal fini
Aura péri aura passé aura trépassé aura péri
Au péril de sa vie sera parti aura été ad patres
Aura perdu la vie sera descendu dans la tombe
Aura tout rendu, l’âme, le dernier soupir, l’esprit
Aura fermé les yeux aura fini ses jours et surtout le dernier
Aura été rappelé par Dieu quoique cela ne soit plus de mode
Aura calanché clamecé claqué crevé une fois pour toutes
Aura cassé son extrait de naissance et avalé sa pipe
Aura passé l’arme à gauche entre autre planches les pieds devant
Oui, lui ne sera mort qu’une fois, aura mouru et sera mort et bien mort
[…]»
Pierre Popovic, «Cérémonial pour un massacre», Code-barres, 1, hiver-printemps 2011, p. 30-33, p. 33.