Ressource du jour

Hervé Laroche, Dictionnaire des clichés littéraires, 2003, couverture

L’Oreille tendue est toujours heureuse de diriger son aimable clientèle vers des ressources linguistiques utiles. Elle a déjà dit tout le bien qu’elle pense du Dictionnaire des clichés littéraires d’Hervé Laroche (2003) et elle a indiqué l’existence de deux sites destinés à la chasse au cliché, Lâche ton poncif et Unsuck-It. Elle ne s’arrêtera pas en si bon chemin.

Les honorables lecteurs de ce blogue qui sont intéressés par le cliché dans la langue de George W. Bush sont invités à visiter Cliché Finder. Ils y trouveront plus de 3 300 clichés et, comme il se doit, une définition du cliché.

Yapadkoi, m’sieurs-dames.

De la binette

Marcienne Martin, Dictionnaire des pictogrammes numériques et du lexique en usage sur Internet et les téléphones portables, 2010, couverture

Sous la signature de Marcienne Martin, les Éditions L’Harmattan viennent de faire paraître un Dictionnaire des pictogrammes numériques et du lexique en usage sur Internet et les téléphones portables (2010, 154 p.).

Dans le communiqué de presse, il est précisé que ce dictionnaire «a un caractère non exhaustif étant donné les possibilités illimitées que possède une langue en cours de création». Question, dès lors : pourquoi publier un dictionnaire papier d’un objet aussi mobile, voire éphémère, que les pictogrammes numériques et que le lexique lié à une technologie particulière ? Un site Web interactif ne serait-il pas plus approprié ? Devant un objet qui change aussi rapidement, pourquoi se limiter à un ouvrage imprimé condamné à une prévisible obsolescence ?

Mince consolation : on peut acheter le PDF du livre. (De là à le lire sur son téléphone, c’est une autre histoire.)

P.-S. — Binette ? Plutôt qu’émoticône, c’est la traduction que proposait dès 1995 l’Office québécois de la langue française du mot «smiley».

Le guide alimentaire canadien, bis

En première page du journal la Presse les 6-7 novembre : «Quand les restaurants mangent leurs bas.» Voilà qui devrait étonner.

S’il est vrai que l’on nous recommande souvent de manger régulièrement des fibres, ce titre peut paraître aller un tantinet trop loin. N’est-ce pas exagérer le souci de son transit intestinal ? Est-ce pour cela que le magazine Québec science a déjà parlé du Québécois comme d’un «mangeur distinct» (été 2009) ?

On aurait tort de le penser : au Québec, manger ses bas n’a rien à voir avec l’alimentation. L’expression désigne plutôt un échec complet, ou du moins un échec appréhendé : voilà ce qu’il nous reste quand tout a échoué. Celui qui mange ses bas doit ravaler son honneur. Désespéré, il est à la dernière extrémité.

L’Oreille tendue se demande — mais sans impatience excessive — d’où pareille expression peut bien venir.

P.-S. — Manger ses bas peut aussi signifier être nerveux. «J’ai pensé à Denys Arcand, qui devait être en train de manger ses bas […]» (la Presse, 26 mai 2003). Ce n’est pas l’usage le plus courant.

Le Goncourt à l’école

Dans la livraison de ses Notules dominicales de culture domestique (et de villégiature exotique) servie le 7 novembre, Philippe Didion montre ce que doit le Michel Houellebecq «des bons jours, celui des Particules élémentaires, plus encore celui d’Extension du domaine de la lutte», à Jean-Patrick Manchette. Chez les deux, on trouve une «langue soigneusement méprisante». Voilà qui est très bien vu. On pourrait faire de cette remarque un beau sujet de dissertation à la Chassang et Senninger.

Vous expliquerez et discuterez, s’il y a lieu, la formule suivante de Philippe Didion : le Michel Houellebecq «des bons jours, celui des Particules élémentaires, plus encore celui d’Extension du domaine de la lutte», doit beaucoup à Jean-Patrick Manchette, en particulier une «langue soigneusement méprisante». Étayez votre discussion d’exemples puisés dans l’œuvre du lauréat du prix Goncourt.

 

Référence

Chassang, Arsène et Charles Senninger, la Dissertation littéraire générale. Classes supérieures de Lettres et Enseignement supérieur, Paris, Hachette, 1955, vi/442 p.

Le poids des mots

Le 6 novembre, à la radio de Radio-Canada, entendu ceci aux informations : à cause des résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis, la politique américaine en matière d’environnement devrait changer et, «par conséquent», celle du Canada. Deux mots, toute une géopolitique : «par conséquent».