Mission impossible

«Précision», la Presse+, 29 janvier 2016

On le sait : au quotidien montréalais la Presse, on préfère préciser plutôt que rectifier. En revanche, au Devoir, on n’hésite pas à publier des «Rectificatifs».

Mais il y a plus fort. Il arrive que l’on demande à ses lecteurs de lire ce qui n’a pas été écrit. Exemple, tiré de la Presse+ du jour : «Il aurait fallu lire que le marché de la mode masculine devrait atteindre 40 milliards de dollars en 2019, et non 40 millions comme il était indiqué.»

«Il aurait fallu lire» ? Mais comment lire autre chose que ce qui est écrit ? S’il est «indiqué» qu’il s’agit d’une somme de «40 millions», par quel tour de magie les lecteurs pourraient-ils lire «40 milliards» ?

L’Oreille tendue aurait besoin de précisions là-dessus.

 

[Complément du 2 février 2016]

L’Oreille y perd ses petits. Le Devoir du jour publie, non pas un «Rectificatif», mais une «Précision» :

Il aurait fallu lire «…l’un affichant une sensibilité à l’inflation basse, l’autre une sensibilité élevée». Et non «…l’un étant sensible à une inflation basse, l’autre à une inflation élevée» (p. A10).

«Précision», «Il aurait fallu lire» : c’est le monde à l’envers.

Capitales régionales

«Trois-Rivières, capitale de l’estampe», La Presse+, 10 août 2015

 

L’Oreille tendue, on le sait, aime rassembler les capitales. Spontanément, ses compatriotes, quand ils entendent le mot capitale, peuvent penser Montréal, voire Québec. Ils se trompent. Démonstration.

«Ottawa, capitale du dressage de chiens policiers» (@MathieuGohier).

Sainte-Anne-de-la-Pérade, «Capitale mondiale des petits poissons des chenaux» (@mcgilles).

«Sherbrooke la capitale du café de l’hémisphère nord» (@RadioCanadaInfo).

«Victoriaville, capitale québécoise du quadriporteur» (@MatthieuDugal).

Hamaderies

Sam Hamad, ministre du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale du gouvernement du Québec Le 10 novembre 2015, Sam Hamad, le ministre du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale du gouvernement du Québec, tenait une conférence de presse :

Hamad : Alors, j’ai… Mesdames et messieurs, bon après-midi. J’ai présenté aujourd’hui le projet de loi n° 70 qui contient trois éléments importants. Le premier, c’est la création d’un nouveau programme d’aide sociale, il s’appelle Objectif emploi; le deuxième, c’est la formation… la loi sur la formation professionnelle, la loi 1 %, et la loi aussi sur le développement des compétences; et le troisième élément dans ce projet de loi, c’est l’exclusion des revenus de succession pour les personnes à la solidarité sociale. […]

Lessard (Denis) [de la Presse] : Quand vous parlez d’emploi convenable, c’est un emploi que la personne est capable de faire. Si on a un cas, je ne sais pas, moi, quelqu’un qui a une maîtrise en littérature, puis on lui offre un poste de commis au Provigo, il est tenu de l’accepter ?

Hamad : Non, mais on va regarder sa situation. Peut-être, à la limite, on dit : Bon, mais actuellement, dans ta connaissance…

Lessard (Denis) : C’est un emploi convenable, il est capable de le faire.

Hamad : Pardon ?

Lessard (Denis) : C’est un emploi convenable, puis il est capable de le faire.

Hamad : Oui, convenable, il est… c’est sûr, mais on ne veut pas non plus, là, obliger les gens à défavoriser leurs connaissances puis leurs compétences. En fait, là, ça se peut que cette personne-là, à la limite, on lui offre des formations additionnelles pour améliorer ses compétences puis aller plus loin (source).

Le même ministre a récemment fait les deux déclarations suivantes : «On vient pas d’inventer la roue à trois boutons»; «Le conseil des ministres, c’est la prérogatoire du premier ministre.»

Sans exiger du ministre qu’il fasse une maîtrise en littérature et qu’il «défavorise» ses «connaissances», puis ses «compétences», pourrait-on respectueusement lui offrir «des formations additionnelles pour améliorer ses compétences puis aller plus loin» (le plus loin possible) ?