Plus ça change…

Raymond Joly a longtemps été professeur à l’Université Laval, où il enseignait notamment la littérature française du XVIIIe siècle. Les questions de langue importaient pour lui (euphémisme).

En 1979 s’est tenu à Québec le colloque «La qualité de la langue… après la loi 101». Raymond Joly a été le «rédacteur des débats» de ce colloque, dont les Actes ont été publiés l’année suivante. Il y est question de la qualité de la langue et de ses diverses formes : dans l’enseignement, la publicité, l’Administration, les médias écrits.

À lire «Synthèse et commentaires», deux choses frappent.

Raymond Joly avait du style, là comme ailleurs. Voici le début de sa présentation des discussions sur la langue des publicitaires :

Un mort ne peut rien vendre. Le premier soin du publicitaire doit donc être de ne pas se faire tuer. Les conférenciers l’avaient fort bien compris, et ils usèrent d’une stratégie impeccable. Il dirent tant de mal d’eux-mêmes, avouèrent si franchement que le profit était leur critère suprême, qu’il aurait été de la dernière indélicatesse d’y revenir. Bilan positif à deux titres : d’abord, la discussion sur la qualité de la langue put avoir lieu; et le public apprécia ce réalisme; on sut gré aux conférenciers d’avoir abordé avec netteté, et d’une façon extrêmement instructive, des problèmes concrets.

Les questions abordées durant ce colloque de 1979 pourraient être posées de nouveau, le plus souvent dans les mêmes termes. L’interrogation (rhétorique) suivante aurait pu être formulée hier : «ne faudrait-il pas exiger de ceux qui veulent entrer dans l’enseignement une connaissance solide de ce qui sera, leur carrière durant, leur principal outil de travail ?» C’est un exemple parmi tant d’autres. Comme l’Oreille tendue a voulu le montrer dans un livre récent, parler de langue, au Québec, est une de nos plus anciennes habitudes.

 

Références

Joly, Raymond, «Synthèse et commentaires», dans Actes du colloque «La qualité de la langue… après la loi 101», Québec, 30 septembre-3 octobre 1979, Québec, Gouvernement du Québec, Conseil de la langue française, Direction des études et recherches, coll. «Documentation du Conseil de la langue française», 3, 1980. http://www.cslf.gouv.qc.ca/publications/pubd103/d103-iv.html#v

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

Décorons avec Ella

Meuble audio Ella Fitzgerald

C’était en 2013 : l’Oreille tendue consacrait une série de dix textes à Ella Fitzgerald, «Tombeau d’Ella». Depuis, elle se dit qu’elle devrait y revenir.

À défaut de le faire, elle pourrait revoir sa décoration intérieure. C’est le site Tom’s Style qui le lui fait penser : «“Ella” est le premier-né du mobilier Søbel créé par Digizik. Entre tradition et modernité, il s’agit d’un meuble audio vintage et connecté qui se veut un clin d’œil à la célèbre chanteuse Ella Fitzgerald.»

«Entre tradition et modernité» ? Un meuble «qui se veut» ? Ella ? L’Oreille n’en demandait pas tant.

 

[Complément du 8 octobre 2017]

Peut-on y brancher les écouteurs Ella ?

Écouteurs Ella, de chez Blue