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« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
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Tout dépend de vos sources. Selon certains, le 31 août est la Journée mondiale du blogue. Pour d’autres, c’est la Journée internationale de l’incompétence.
Peu importe. Le 31 août 2016 est la journée où l’Oreille tendue a envoyé à son éditeur le manuscrit de son prochain livre, l’Oreille tendue. The Book, un recueil de quelques textes de ce blogue.
Parution prévue ? D’ici le Salon du livre de Montréal en novembre (2016).
P.-S. — Mais non… Ça s’appellera tout simplement l’Oreille tendue.
[Complément du 22 novembre 2021]
Le livre a paru :
Melançon, Benoît, l’Oreille tendue, Montréal, Del Busso éditeur, 2016, 411 p.
L’Oreille tendue n’en est pas à une répétition près. Depuis plus de vingt ans au moins, elle raconte à qui veut bien l’entendre que la lettre n’est pas disparue avec l’apparition du numérique (courriel, puis réseaux sociaux). La lettre a cependant changé de fonction, ce qui a mis en relief ce qui la constitue et en fait la valeur.
Là où le numérique pourrait faire craindre une absence d’incarnation, l’écriture manuscrite adressée, au contraire, suppose une matérialité forte. Elle est d’autant plus forte qu’elle est l’objet d’un choix : dans l’arsenal des moyens de communication dont on dispose aujourd’hui, écrire à la main, c’est ne pas envoyer un courriel ou un texto, c’est ne pas tweeter et retweeter, c’est ne pas rameuter sa communauté Facebook. J’aurais pu m’adresser à toi à partir de mon ordinateur, de mon téléphone, de ma tablette. Je ne l’ai pas fait. Je voulais laisser une marque, ma marque.
Des exemples ? Les trois qui suivent signalent l’importance de l’école dans la permanence de l’épistolaire.
En 1993, une polyvalente de Laval, en banlieue de Montréal, a mis sur pied pour la quatrième année une «Semaine du mieux-vivre» durant laquelle les élèves étaient invités à écrire à leurs camarades et à leurs professeurs afin «de briser l’isolement qui conduit certains jeunes au suicide».
En 2011, six étudiants de Queen’s University (Kingston, Ontario) sont morts de causes diverses, dont le suicide, sur une courte période. La direction de l’établissement, en plus d’affecter des ressources psychologiques aux personnes touchées, a installé des tables où les étudiants étaient invités à partager par écrit leurs sentiments.
Au début des années 2000, rapporte Catherine Handfield dans la Presse+ d’hier, le Carrefour familial des Moulins (Terrebonne, Québec) a lancé le «Courrier Plume-images» : les enfants des écoles primaires de la région — ils ont de six à douze ans — peuvent y envoyer des lettres et s’y confier librement. Résultats ? «Plus de 4000» lettres manuscrites, souvent accompagnées de dessins, ont été reçues l’an dernier, auxquelles ont répondu 35 bénévoles — à la main, bien sûr.
Non, la lettre n’est pas près de disparaître.
Références
Blais-Poulin, Charles-Éric, «Entre le clavier et la plume», la Presse+, 13 août 2016. http://plus.lapresse.ca/screens/7c569f01-8feb-4704-a9b5-d0223ddc6fc9%7CfMfIQOjXNITZ.html
Handfield, Catherine, «À l’écoute des élèves, une lettre à la fois», la Presse+, 30 août 2016. http://plus.lapresse.ca/screens/81e10780-af1e-4bb7-8040-2d5e36da08d4%7C8_VN.EJ25cq4.html
Melançon, Benoît, «Des usages actuels de la lettre», Bulletin de l’AIRE (Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire, Paris), 12, décembre 1993, p. 25. https://benoitmelancon.quebec/docs/usages_actuels_aire_1993.html
Melançon, Benoît, Épistol@rités, Saint-Cyr-sur-Loire, publie.net, coll. «Washing Machine», 2013. Édition numérique. Recueil de trois textes : Sevigne@Internet. Remarques sur le courrier électronique et la lettre (1996), «Postface inédite : Quinze ans plus tard» (2011) et «Épistol@rités, d’aujourd’hui à hier» (2011). http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506602/epistol@rites
Melançon, Benoît, «Le cabinet des curiosités épistolaires», Épistolaire. Revue de l’AIRE (Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire, Paris), 40, 2014, p. 257-259. https://benoitmelancon.quebec/docs/actualite_epistolaire_40_2014.html
Le manuscrit des miscellanées que tire l’Oreille tendue de l’Oreille tendue (en chiffres, c’est ici) est presque prêt. Une dernière lecture et ça partira chez son éditeur. Allons-y.
[Complément du 22 novembre 2021]
Le livre a paru :
Melançon, Benoît, l’Oreille tendue, Montréal, Del Busso éditeur, 2016, 411 p.
(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
L’Oreille tendue a toujours eu un faible pour la scène d’ouverture d’Un an de Jean Echenoz (1997) :
Gare Montparnasse, où trois notes grises composent un thermostat, il gèle encore plus fort qu’ailleurs : l’anthracite vernissé des quais, le béton fer brut des hauteurs et le métal perle des rapides pétrifient l’usager dans une ambiance de morgue. Comme surgis de tiroirs réfrigérés, une étiquette à l’orteil, ces convois glissent vers des tunnels qui vous tueront bientôt le tympan. Victoire chercha sur un écran le premier train capable de l’emmener au plus vite et le plus loin possible : l’un, qui partait dans huit minutes, desservirait Bordeaux (p. 7-8).
Choix des verbes («composer un thermostat», «pétrifier l’usager», «tuer le tympan»), variations sur le gris («trois notes grises», «anthracite vernissé», «béton fer brut», «métal perle»), musique ferroviaire («trois notes»), impression de froid («thermostat», «gèle», «pétrifient l’usager», «morgue», «tiroirs réfrigérés»), urgence de la fuite («rapides», «surgis», «au plus vite et le plus loin possible») : on y est — à la Gare Montparnasse et chez Echenoz. Puis il y a, en point d’orgue, cet admirable conditionnel : «desservirait», là où l’imparfait aurait pu être employé, mais ne l’est surtout pas.
Ce conditionnel, n’est-ce pas celui de Flaubert, dans Bouvard et Pécuchet : «Et [Pécuchet] se laissa conduire, en face de l’Hôtel de Ville, dans un petit restaurant où l’on serait bien» (éd. de 1966, p. 34) ?
P.-S. — Ce n’est pas la première fois que l’Oreille s’intéresse à Echenoz, au temps de ses verbes et à son rapport à Flaubert.
Références
Echenoz, Jean, Un an. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1997, 110 p.
Flaubert, Gustave, Bouvard et Pécuchet, Paris, Garnier-Flammarion, coll. «GF», 103, 1966, 378 p. Chronologie et préface par Jacques Suffel. Édition originale : 1881 (posthume).