Adieu, Air Canada

Avion d’Air Canada après un crash

Au cours des dernière semaines, l’Oreille tendue est allée découvrir l’Irlande et (brièvement) le pays de Galles, avant de redécouvrir Londres (ville qu’elle n’avait pas visitée depuis… 1984). Elle voyageait sur les ailes d’Air Canada.

Elle devait rentrer, de Londres à Montréal, le 21 mars. Ce ne fut pas possible : un incendie à Heathrow, l’aéroport de Londres dont elle devait partir, a mené à l’annulation de son vol. Dans les circonstances, cette annulation était parfaitement compréhensible.

La société aérienne a d’abord prévenu l’Oreille par courriel, deux fois, qu’il y avait un problème avec le vol de retour prévu : «votre prochain voyage à Londres (LHR) pourrait être perturbé pour la raison suivante : contraintes de l’aéroport ou du contrôle de la circulation aérienne. À l’heure actuelle, votre vol aura bien lieu comme prévu, et aucune mesure n’est requise.»

Ensuite le vol a été annulé : «votre vol depuis Londres pour Montréal le vendredi, 21 mars à 15:00 ait [sic] été annulé. […] Nous travaillons à vous réserver une place à bord d’un autre vol. Nous vous tiendrons au courant par courriel dans les 30 prochaines minutes.»

C’est par la suite que les choses se sont gâtées, quatre fois plutôt qu’une.

Un vol de remplacement ? Que nenni : «Nous n’avons pas été en mesure de trouver un vol pour votre itinéraire, mais vous pouvez toujours explorer les possibilités suivantes : veuillez appeler les Réservations d’Air Canada au 1 888 247-2262 (pour les appels internationaux ou les autres numéros, rendez-vous à aircanada.com/autresnumeros).»

Il s’agissait donc de contacter Air Canada en Grande-Bretagne. Deux façons de procéder étaient possibles. On pouvait laisser un numéro de téléphone et être rappelé; le numéro fut laissé; personne n’a rappelé. On pouvait aussi téléphoner et attendre une réponse : après deux heures d’attente sans avoir parlé à un humain, il fut jugé plus sage de raccrocher.

Vingt-quatre heures plus tard (!), Air Canada proposait finalement un vol de remplacement : Londres-Vienne le 22 mars, Vienne-Montréal le 23 mars. L’Oreille, pendant ces vingt-quatre heures, avait eu le temps de trouver une autre façon de rentrer à la maison (à ses frais). Le Londres-Vienne-Montréal fut donc refusé et remboursé, façon de parler : Air Canada n’a remboursé que 25 % du prix total du billet.

De retour à Montréal, l’Oreille, dans sa grande naïveté, s’attendait à une indemnité. Elle se trompait. Air Canada, considérant qu’elle n’avait pas de responsabilité dans le retard du vol du 21 mars, refusait de verser quelque somme que ce soit. Vous avez dû payer une chambre d’hôtel à Londres et des repas ? Vous auriez dû payer une chambre d’hôtel à Vienne et des repas ? Ce n’est pas notre problème. Cela a le mérite de la clarté.

L’Oreille tendue se le tiendra pour dit : elle fera affaire ailleurs à l’avenir.

Curiosité voltairienne (et trumpienne)

Catherine Mavrikakis, «Candide au pays des merveilles», la Presse+, 29 mars 2025, titre

(Pendant plusieurs années, l’Oreille tendue a alimenté des blogues sur Tumblr, dont un sur les traces de la présence de Voltaire dans la culture contemporaine. Pour des raisons qu’elle ignore, l’Oreille est désormais persona non grata sur cette plateforme : tous ses blogues ont disparu. À l’avenir, Curiosités voltairiennes, ce sera ici.)

Dans la Presse+ du 29 mars, trois écrivains se penchent sur la situation des États-Unis sous Trump bis. Parmi eux, Catherine Mavrikakis.

Son texte, «Candide au pays des merveilles», est le discours fictif, dans un avenir pas trop éloigné, d’une femme politique, Candide Barney. Ses derniers mots sont les suivants : «Comme le répétait un autre écrivain français d’il y a très longtemps, Voltaire : “Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.” Cela n’a jamais été aussi vrai…»

 

Au cinquième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, on lit : «Je demande très humblement pardon à Votre Excellence, répondit Pangloss encore plus poliment, car la chute de l’homme et la malédiction entraient nécessairement dans le meilleur des mondes possibles.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

L’éloquence des Lumières

Concours Délie ta langue, logo, 2025

En 2018, Monique Cormier, ex-collègue et néanmoins amie de l’Oreille tendue, lançait un concours universitaire d’éloquence sous le titre Délie ta langue !

La finale de la septième édition avait lieu le 30 mars 2025 à la Grande bibliothèque de Montréal. Les treize candidats devaient choisir une expression française («Le mieux est l’ennemi du bien», «Être assis entre deux chaises», etc.), en expliquer brièvement l’origine et l’arrimer à une question d’actualité.

Le XVIIIe siècle a été bien représenté parmi les auteurs cités : Jean-Jacques Rousseau, John Locke, Adam Smith, Johann Wolfgang von Goethe, Montesquieu, Voltaire. L’Oreille s’en réjouit.

P.-S.—Monique Cormier passe le flambeau à Francis Gingras, ex-collègue et néanmoins ami de l’Oreille tendue. Merci à l’une et à l’autre.

Accouplements 258

Pages finales (lignées) du livre Au gré des jours, de Françoise Héritier

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Didion, Joan, The Year of Magical Thinking, Londres, 4th Estate, 2012, 227 p. Ill. Édition originale : 2005.

«Did he have some apprehension, a shadow ? Why had he forgotten to bring note cards to dinner that night ? Had he not warned me when I forgot my own notebook that the ability to make a note when something came to mind was the difference between being able to write and not being able to write ?» (p. 23)

Héritier, Françoise, Au gré des jours, Paris, Odile Jacob, 2017, 151 p. Ill.

«Mais on ne bride pas si facilement un processus créatif de quelque nature qu’il soit. Les souvenirs et les images et les idées persistent à affluer, tantôt avec fugacité, tantôt avec une telle prégnance qu’on les note rapidement sur n’importe quel support : j’ai ainsi pris l’habitude d’avoir toujours auprès de moi de quoi écrire» (p. 12).

P.-S.—Comme on peut le voir par l’image ci-dessus, Françoise Héritier a prévu qu’on prenne des notes dans son livre lui-même.

Les zeugmes du dimanche matin et de Françoise Giroud

Françoise Giroud, On ne peut pas être heureux tout le temps, 2001, couverture

«Je suis partie gonflée d’importance et de documentation, avec un questionnaire bien préparé» (p. 43).

«Mais enfin, fût-ce avec des larmes et des emplois perdus, ce pays s’est rénové et tourné vers l’extérieur […]» (p. 74).

«[…] j’ai déjà écrit quelque part que les hommes ont de grands pieds et des petites lâchetés, ce par quoi ils se distinguent des femmes» (p. 117).

Françoise Giroud, On ne peut pas être heureux tout le temps. Récit, Paris, Fayard, coll. «Le livre de poche», 15329, 2001, 220 p. Ill. Édition originale : 2000.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)