Poème du jour

Patrice Desbiens, le Quotidien du poète, 2016, couverture

 

Soit le poème suivant, de Patrice Desbiens, dans le Quotidien du poète (2016) :

Cacasse

On a l’embarras
du choix ou
le choix de
l’embarras

On bardasse
on débarrasse

On brasse
une tempête dans
une tasse
tandis que
tout casse
et que

les carcasses
s’entassent
et
cacassent (p. 55)

Une antimétabole : «On a l’embarras / du choix ou / le choix de / l’embarras.» Des québécismes : cacasser (caqueter), bardasser (secouer). Des rimes en -asse. L’Oreille tendue est contente.

(Merci à @ljodoin pour le tuyau.)

 

Référence

Desbiens, Patrice, le Quotidien du poète, Sudbury, Éditions Prise de parole, Sudbury, 2016, 56 p.

Silence venu du passé

C’était il y a plus de six lustres. L’Oreille tendue était jeune et en Belgique. Lisant un fait divers dans un quotidien liégeois, elle tomba sur le mot taiseux : un mari taiseux avait tué sa (ci-devant) dulcinée. Cela lui fit impression (à l’Oreille petite) : elle ne connaissait pas ce mot.

D’où son étonnement ce matin devant un tweet de @PaulJournet :

«Comme on dit au Québec» ?

Le dictionnaire numérique Usito ne connaît pas ce mot, pas plus que la Base de données lexicographiques panfrancophone (rubrique «Québec») ni le Multidictionnaire de la langue française de Marie-Éva de Villers (édition numérique de 2012).

En revanche, le Petit Robert (édition numérique de 2014) le connaît : «RÉGIONAL (Nord, Belgique) Personne qui, par nature, ne parle guère. Guillaume le Taiseux. => taciturne. Adj. “Flamands taiseux et sages” (Brel).»

Twitter — sous le clavier de @m_heili, @d_noureddine et @MichelFrancard — confirme : le mot est utilisé en Belgique, en Suisse, en France (Franche-Comté, Normandie).

L’Oreille a encore (parfois) bonne mémoire. Ouf.

 

[Complément du 4 juillet 2016]

Certains, dans le sud de la France, emploient aussi le mot, en un sens collectif :

 

[Complément du 6 juillet 2016]

La nouvelle éponyme (p. 59-123) du recueil le Dzi de Pierre Popovic s’ouvre et se clôt sur les mêmes mots : «Le vrai buteur est patient et taiseux.» Pierre Popovic est belge.

 

Référence

Popovic, Pierre, le Dzi. Nouvelles, Montréal, Fides, 2009, 163 p.

Helvético-québécisme du jour

Ceci, via l’ami @bauer_olivier :

Festival Pully-Lavaux, affiche, 2016De quoi s’agit-il ? Explication tirée du site de l’événement :

Fondé en 1996, le festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec est la plus grande scène européenne de musique francophone d’Amérique du nord.

Cette 11e édition sera l’occasion de fêter un anniversaire plein de belles surprises. Avec l’appui de la commune de Pully, le festival agrandit ses infrastructures afin d’accueillir dans les meilleures conditions possibles le nombre de ses visiteurs qui est, à chaque nouvelle édition, en constante augmentation. Nombre d’artistes québécois confirmés, ainsi que d’autres qui seront la relève de demain, ont déjà assuré le festival de leur venue à l’occasion de ce 20e anniversaire.

Ça toffe !, donc : Ça dure ! ou Ça continue !, en passant par l’anglais tough.

L’Oreille tendue, spontanément, aurait écrit On toffe ! Il est vrai qu’elle n’est pas suisse.

Autopromotion 242

L’Oreille tendue aime se l’ouvrir.

Le 27 mai, elle participera à la table ronde «Ma source est plus fiable que la tienne : référencement du contenu rigoureux» dans le cadre du Congrès annuel de l’Association des communicateurs scientifiques du Québec. Le thème de ce congrès est «Combattre l’analphabétisme scientifique». Renseignements ici.

Le 16 juin, elle présentera une causerie, «Langue, rédaction et médias sociaux», devant les membres de la Société québécoise de la rédaction professionnelle. Renseignements .

Divergences transatlantiques 042

Le Petit Robert (édition numérique de 2014) est catégorique s’agissant de l’adverbe si : «S’emploie obligatoirement pour oui en réponse à une phrase négative. On ne vous a pas prévenu ? – Si.»

Le dictionnaire numérique québécois Usito n’est pas moins affirmatif : «Sert à contredire un énoncé comportant une négation ou exprimant un doute. Tu ne voulais même pas y aller. – Si, je voulais y aller.»

Cet usage est pourtant très rare au Québec, ainsi que le révèle la publicité des éditions Alto parue dans la revue Lettres québécoises (numéro 162, été 2016).

Publicité, Lettres québécoises, no 162, été 2016Cette grande rareté ne vous avait jamais frappé ? L’Oreille tendue, si.

 

[Complément du 12 février 2017]

Autre exemple publicitaire, pour le lait cette fois : «Vous n’avez pas une poignée dans le dos. Nos contenants, oui.»