Accouplements 46

Marquis de Bièvre, Calembours et autres jeux sur les mots d’esprit, éd. 2000, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Le marquis de Bièvre connut brièvement la gloire au XVIIIe siècle pour son art du calembour. Exemple, tiré des Bièvriana éditées par Antoine de Baecque en 2000 :

Il avait fait planter six ifs dans un bosquet de son jardin, pour y faire prendre le café aux dames qui dînaient chez lui. Là, il leur disait : Mesdames, entendez-le comme vous voudrez, mais voici l’endroit décisif (des six ifs) (p. 127).

Dans la livraison du 13 mars 2016 de l’émission Des Papous dans la tête de France Culture («Les Papous fêtent la francophonie»), un roman interactif a été présenté. Extrait du chapitre rédigé par Lucas Fournier :

— Capitaine, capitaine, nous voici à l’endroit décisif.
— Décisif ? Mais qu’est-ce que vous me chantez là, Marius ? Je vois qu’un If, le nôtre, le château d’If.
— Décisif, parce que nous somme en panne d’essence, insiste Marius.

P.-S. — C’est notamment du marquis de Bièvre que s’est inspiré Patrice Leconte dans le film Ridicule (1996).

P.-P.-S. — Dominique Muller, dans le chapitre qui suit celui de Lucas Fournier, évoque Julie de Lespinasse. C’est une autre histoire.

 

Référence

Bièvre, François-Georges Maréchal, marquis de, Calembours et autres jeux sur les mots d’esprit, Paris, Payot & Rivages, 2000, 155 p. Édition établie et présentée par Antoine de Baecque.

Autopromotion(s) 232

Cette semaine, l’Oreille tendue va beaucoup parler.

Cet après-midi, elle sera à Saint-Hyacinthe pour une conférence intitulée «Diderot : de l’Encyclopédie à Wikipédia».

Vendredi, aussi en après-midi, mais à Montréal, elle causera livre scientifique dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie.

Samedi, toujours en après-midi, à Québec cette fois-là, elle interviendra lors de la journée sur la nordicité qui se tiendra au Musée de la civilisation. Sujet ? «Notre sport national ? Parler de hockey !»

 

[Complément du jour]

Vous voulez savoir de quoi causera l’Oreille vendredi ? Lisez ceci :

Letarte, Martine, «Écrire en français à l’ère du numérique», le Devoir, 12-13 mars 2015, p. H3.

 

[Complément du 4 mai 2016]

La table ronde du 18 mars, «Écrire en francais à l’ère du numérique», est désormais disponible en ligne.

Accouplements 45

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dans la livraison du 6 mars 2016 de l’émission Des Papous dans la tête de France Culture («Tous papoupoétiques»), on a pu entendre Patrice Delbourg déclarer ceci : «La poésie, on ne sait pas toujours ce que c’est, mais on la reconnaît tout de suite quand on la rencontre, disait Jean L’Anselme […].»

En 1964, la Cour suprême des États-Unis devait statuer sur le caractère obscène, ou pas, du film les Amants de Louis Malle. Un des juges, Potter Stewart, affirma alors ceci : «I shall not today attempt further to define the kinds of material I understand to be embraced within that shorthand description [hard-core pornography]; and perhaps I could never succeed in intelligibly doing so. But I know it when I see it […].» Autrement dit, la pornographie, on ne sait pas toujours ce que c’est, mais on la reconnaît tout de suite quand on la rencontre.

Tout est affaire d’œil / d’oreille.

 

[Complément du 4 octobre 2016]

Variation canine sur le même thème.

Mort au jargon

Compte Twitter du fantôme de Zoe BarnesDurant le onzième épisode de la quatrième saison de la série télévisée House of CardsChapter 50»), le président des États-Unis, le fort vilain Frank Underwood (Kevin Spacey), a une discussion avec un crack des moteurs de recherche sur Internet. Il ne comprend rien au jargon («Façon de s’exprimer propre à une profession, une activité, difficilement compréhensible pour le profane», le Petit Robert, édition numérique de 2014) de son interlocuteur, d’où cet ordre : «Give me EnglishL’Oreille tendue compte bien utiliser cette injonction un de ces jours.

P.-S. — Vendredi dernier, l’Oreille a twitté cette phrase, accompagnée du mot-clic #HouseOfCards. Quelques minutes plus tard, son tweet a été aimé par le compte du fantôme de Zoe Barnes. L’Oreille a alors twitté que son tweet avait été aimé. Le fantôme a de nouveau aimé. Joies de la récursivité !