L’oreille tendue de… Chloë Rolland

Chloë Rolland, C’est ton carnage, Simone, 2024, couverture

«Ensuite, le bruit de la douche. Lola est restée au lit, l’oreille tendue. Un grattement à la porte de la cuisine. Elle s’est levée et s’est habillée, a abandonné l’idée de se laver. Elle a ouvert la porte à un chat gris au poil long qui a miaulé plaintivement en gambadant vers son plat de croquettes. Un air glacial est entré en rafale, un froid grinçant. Étonnant que le chat ait passé la nuit dehors. Étonnant que novembre tire déjà à sa fin. Étonnant qu’il ne reste que deux mois à l’hôtel. Étonnant qu’elle se réveille dans un triplex de Rosemont avec la mère de deux enfants. Étonnant. Le mot du jour.»

Chloë Rolland, C’est ton carnage, Simone. Roman, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 181 p., p. 102.

Autopromotion 788

«Architecture et parties qui en dépendent. Troisième partie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planches XVII et XVIII

La 630e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 74 000 titres.

À partir de cette page, on peut interroger l’ensemble des livraisons grâce à un rudimentaire moteur de recherche et soumettre soi-même des titres pour qu’ils soient inclus dans la bibliographie.

Illustration : «Architecture et parties qui en dépendent. Troisième partie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planches XVII et XVIII

Fiat lux

Murale représentant Leonard Cohen, Montréal

La phrase de Leonard Cohen est célèbre : «There is a crack, a crack in everything / That’s how the light gets in.» Elle se trouve dans la chanson «Anthem» de l’album The Future (1992).

En France, on traduit parfois crack par fissure : «Il y a une fissure dans toute chose; c’est ainsi qu’entre la lumière.»

Au Québec, on voit (fréquemment) craque ou (à l’occasion) brèche.

Charlotte Aubin, dans son recueil Toute ou pantoute (2024), offre un autre son de cloche :

je le sais
je vois la lumière
réussir à s’infiltrer malgré moi
à travers les trous (p. 38)

C’est comme ça.

 

[Complément du 18 octobre 2024]

Grâce à Mastodon, l’Oreille tendue découvre que Pomme a choisi pour titre de son album les Failles en pensant à Cohen.

 

Référence

Aubin, Charlotte, Toute ou pantoute. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 87 p. Ill.

Entendre Maurice Richard (lire)

Poste de radio Marconi représentant Maurice Richard

L’Oreille tendue s’intéresse depuis de nombreuses années aux représentations de Maurice Richard (1921-2000), l’ancien ailier droit des Canadiens de Montréal (voir ici) — c’est du hockey. Elle a eu souvent l’occasion d’entendre des entretiens qu’il a donnés, la plupart brefs.

Celui de 1950, accordé à Michel Normandin pour la radio de Radio-Canada, est plus long que les autres.

Sur le plan linguistique, cet entretien ne manque pas d’intérêt. On y emploie le passé simple. On y soigne son vocabulaire («toutefois»). On se méfie des mots anglais (une seule occurrence : «back-checking»). Toutes les négations sont accompagnées par «ne». Les liaisons sont appuyées («deux mois zà peine»). Et que dire des splendides «r» de Normandin !

Sur le plan médiatique, une chose frappe immédiatement : l’animateur et son invité lisent un texte, le second avec quelques hésitations.

Les temps ont un brin changé.

 

Référence

1936-1986. Voici Radio-Canada. Les meilleurs moments à l’antenne de notre radio nationale, Montréal, Société Radio-Canada, en collaboration avec Air Canada, 1986, série de cassettes accompagnée d’un livret. Préfaces de Robert Blondin et de Jean Blais. L’extrait ci-dessus, présenté par Robert Blondin, se trouve sur la cinquième cassette, 1948-1951, face A.