Le son du bon vieux temps

Cassette audio

Les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — n’avaient plus de capitaine. La Presse+ du 15 septembre faisait le portrait des «favoris pour porter le “C”». Parmi ceux-ci, le défenseur P.K. Subban :

Un maître. Malgré son grand charisme et son humour, il est aussi capable de «sortir la cassette» quand vient le temps de discuter de dossiers chauds.

Autre exemple, emprunté au Métier critique (2014) de Catherine Voyer-Léger :

Malheureusement, il arrive trop souvent que ce type d’articles nous fasse lire ou entendre la même entrevue partout avec un artiste qui a fait du speed-dating avec des journalistes, n’ayant pas beaucoup d’autres choix que de répéter une cassette, d’autant plus que les questions semblent souvent formatées (p. 87-88).

Qu’est-ce que cette «cassette» que l’on «sort» ou que l’on «répète» ? Des déclarations préparées à l’avance, comme si elles étaient pré-enregistrées, et qui ne veulent rien dire. Le contraire d’une parole spontanée.

Pour combien de temps encore cette expression sera-t-elle compréhensible, la cassette étant désormais au musée ?

P.-S. — Depuis la parution de l’article de la Presse+, on a appris que les Canadiens n’auront pas de capitaine attitré pour commencer la saison 2014-2015, mais plutôt quatre assistants-capitaines : quatre joueurs seront donc capitaines adjoints d’une équipe sans capitaine.

 

[Complément du 3 octobre 2017]

Si l’on en croit la Presse+ du jour, la cassette serait aussi un aliment : «S’accrochant désespérément à sa cassette prédigérée, la ministre [Mélanie Joly] semble pratiquer une sorte d’autisme politique.»

 

[Complément du 4 mars 2018]

Le mot va tellement de soi au Québec que le Devoir des 3-4 mars titre un de ses articles «De la cassette au livre» (Magazine D, p. 28-29) sans ressentir le besoin d’en expliquer le sens.

 

[Complément du 11 juin 2022]

Variation dans la Presse+ du jour : «Monsieur Paul, comme l’appelait ma collègue Louise Cousineau, mène des entrevues serrées et refuse d’entendre des réponses cassettes.»

 

Illustration : Grahamuk, «Tdkc60cassette», 2004, photo déposée sur Wikimedia Commons

 

Référence

Voyer-Léger, Catherine, Métier critique. Pour une vitalité de la critique culturelle, Québec, Septentrion, 2014, 209 p.

Citation exotique du jour

Stanislas-André Steeman, L’assassin habite au 21, 1965, couverture

«Ignorant de ce qui se passait à l’étage, l’inspecteur Mordaunt achevait d’interroger le professeur Lalla-Poor :

“Ne vous croyez pas obligé de répondre à cette question, professeur. J’aimerais cependant apprendre de quelle contrée de l’Inde vous êtes originaire ?”

Le prestidigitateur répondit sans hésiter :

“De Sirsa, naturellement.

— Sirsa… Dans le Bengale ?

— Le Penjab.

— Curieux ! Le major Fairchild vous aurait — selon lui — adressé la parole en penjabi et vous ne lui auriez pas donné la réplique attendue.”

Pour la première fois, un sourire entrouvrit les lèvres minces de l’Hindou :

“Je ne l’aurais naturellement pas pu, inspecteur.

— Pourquoi ?

— Bienheureux l’homme mûr sujet à l’illusion. Le cher major croit qu’il parle penjabi !»

Stanislas-André Steeman, L’assassin habite au 21, Paris, Le livre de poche, coll. «Le livre de poche policier», 1965, 192 p., p. 74. Édition originale : 1939.

Du nouveau dans la sacristie

L’Oreille tenduec’est de notoriété publique — aime sacrer. Elle a, entre autres penchants, un faible pour tabarnak. Criss ne lui déplaît pas non plus.

Elle ne connaissait toutefois pas tabarcrisse, qu’elle découvre dans «J’use d’la langue» (2008), une chanson d’Arseniq33 : «J’use d’la langue que j’m’expresse le mieux avec tabarcriss.»

Même si la chanson cite Nelligan et évoque Gérald Godin, Gaston Miron et Félix Leclerc, il n’est pas sûr qu’elle trouverait grâce aux oreilles de Mathieu Bock-Côté et de Christian Rioux. C’est comme ça.