Langue de campagne (22)

La campagne électorale québécoise s’achève : on vote aujourd’hui.

On s’est plaint, plus à gauche qu’à droite, de l’absence de la culture durant cette campagne. C’est largement exagéré.

Jean Charest n’a jamais hésité à exposer l’étendue de sa culture classique. Lors du débat des chefs du 19 août, il a parlé d’«Éole, le vent». Le lendemain, toujours à la télévision, il évoquait «un épée de Démoclès».

Les électeurs ont aussi eu droit à deux chansons, «À nous de choisir», la chanson-thème du Parti québécois, et «Dans les yeux de Léo», de Dominique Beauchamp, alias DouceRebelle, un hymne à la gloire de Léo Bureau-Blouin, candidat du même parti dans la circonscription de Laval-des-Rapides.

Ce n’est quand même pas rien.

Langue de campagne (21)

En cette année olympique et électorale, du moins au Québec, à qui attribuer des médailles pour les plus belles fautes de langue de la campagne qui vient de se terminer ? La compétition est forte.

La médaille de bronze pourrait aller à Manon Massé, candidate montréalaise pour Québec solidaire, pour un tweet du début août, aujourd’hui disparu du sien, mais encore visible sur d’autres comptes : «@ManonMasse_Qs: QS sera debout pour défendre les travailleurs-trices.» Cette féminisation de «travailleurs» était pour le moins inattendue.

La médaille d’argent irait à Jean Charest, l’actuel premier ministre du Québec et chef du Parti libéral, pour une déclaration de son face-à-face télévisé du 20 août avec Pauline Marois, la chef du Parti québécois, déclaration reprise en conférence de presse immédiatement après ce face-à-face : il accusait son adversaire de laisser planer «un épée de Démoclès» (au lieu d’«une épée de Damoclès») sur la tête des Québécois.

François Legault, de la Coalition avenir Québec, mériterait la médaille d’or avec son «Jacques Duchesneau a été enquêté», plusieurs fois répété dans les débats télévisés du 21 et du 22 août. On pourrait aussi la lui remettre pour son utilisation immodérée de la formule «C’que l’Québec a besoin».

Félicitations à tous.

Langue de campagne (19)

Les expressions et mots préférés des chefs de parti politique du Québec, surtout selon les débats télévisés des 19, 20, 21 et 22 août ?

Jean Charest (Parti libéral) : «poser des gestes», «cela étant dit» et «pour cent». Voilà un homme responsable, mais qui sait faire la part des choses et qui est tout à fait capable de retenir des statistiques.

François Legault (Coalition avenir Québec) : «gêné», «livrer la marchandise». Voilà un autre homme responsable, qui tient ses promesses, même s’il se laisse parfois emporter : le 22 août, il a répété cinq fois de suite «wô»; le lendemain, c’était «non» et «complètement faux» quatre fois, et «wow», deux fois.

Pauline Marois (Parti québécois) : «cependant», «petit peu» (l’autobus des médias attachés à la couverture de sa tournée électorale a été surnommé «le petit peu bus») et «bein» (pour «bien»). Voilà une femme nuancée, modérée et qui sait parler comme le peuple.

Ce n’est pas plus compliqué que cela.