Dictionnaire des séries 40

Bâton et ruban gommé

Taper : au hockey, recouvrir des parties de son bâton de ruban gommé («tape», dans la langue de Bobby Hull). L’orthographe n’est pas fixée, mais la prononciation, si : téper.

Les bâtons ben tépés quat’ briques pour faire les buts
(Sylvain Lelièvre, «La partie de hockey», chanson, 1971)

 

[Complément du 4 juin 2019]

La graphie en a peut porter à confusion. Dans le recueil Si j’étais un motel, j’afficherais jamais complet de Maude Jarry (2019), on lit le vers suivant : «la bouche tapée à celle de l’autre» (p. 73). On doit (évidemment) comprendre que cette bouche n’est pas tapée, mais tépée.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

 

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Référence

Jarry, Maude, Si j’étais un motel, j’afficherais jamais complet. Poésie, Montréal, Éditions de ta mère, 2019, 83 p.

Avant / Après

Le transporteur aérien Porter publie cette publicité dans le Devoir du 3 juin 2013 (p. A5) :

Le Devoir, 3 juin 2013

Lui a-t-on fait remarquer que la présence de «brag», de 13 h 30 à 15 h, entre parenthèses, était inutile dans un journal francophone ?

(Ce n’est pas pour se vanter [brag], mais l’Oreille tendue avait repéré cette parenthèse dès le 3 juin. Discrète comme toujours, elle n’a rien dit.)

Toujours est-il que dans le même journal, le 6 juin (p. A5), la parenthèse et son contenu ont disparu :

Le Devoir, 6 juin 2013

Bref, publicité (enfin) sans trace de bilinguisme.

P.-S. — Porter ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin : dans les deux pubs, il y a la phrase «Porter peut exiger un achat 21 l’avance»…

Dictionnaire des séries 39

Patin

 

«Baptême ! Je vais voir les Canadiens
de Montréal en chair et en patins !»
(Roch Carrier, Il est par là, le soleil, 1970)

«Celui que j’avais si souvent observé à la télévision
allait s’exécuter devant moi en chair et en patins.»
(Claude Dionne, Sainte Flanelle, gagnez pour nous !, 2012)

 

Pour jouer au hockey, il est indispensable de chausser les patins. (Un jour, il faut malheureusement les accrocher.)

Les habitués de l’Oreille tendue le savent : au sens littéral, elle n’est pas vite sur ses patins. Au contraire, le professionnel doit l’être.

Il ne peut pas patiner sur la bottine; ses lames sont faites pour ça.

Patinez-vous sur la bottine
Comme madame Églantine ?
(Commission des écoles catholiques de Montréal, École Saint-François d’Assise, 4e année, «Le hockey, c’est la santé», chanson, 1979)

Seuls trois ou quatre joueurs étaient aussi à l’aise que les Carcajous sur la glace. Quelques-uns patinaient complètement sur la bottine […] (Dragons en danger, p. 33).

S’il n’a pas un bon coup de patin, il lui faut travailler plus que les autres, notamment dans les coins.

Quand ils sont v’nus l’contrat d’ins mains
J’jouais pour les juniors de Rouyn
J’avais pas l’meilleur coup d’patin
Mais j’travaillais fort dans les coins
J’tais jeune pis j’avais peur de rien
J’ai signé pour les Canadiens
(Pierre Bertrand, «Hockey», chanson, dans Beau dommage, Passagers, 1978)

Qu’il soit rapide ou pas, que son style soit, ou non, élégant, il doit toujours patiner la tête haute. Sinon, il peut finir à l’hôpital.

Faut jamais baisser la tête, faut toujours jouer la tête haute. Comme dans la vie. Tu comprends ce que je dis, mon homme ? La tête haute, toujours la tête haute ! (Mais qu’est-ce que tu fais là, tout seul ?, p. 91)

Le hockey est un sport de contact.

 

[Complément du 11 octobre 2017]

Joli titre dans le Devoir du jour : «Parler français sur la bottine» (p. A1-A8). L’article porte sur le récent livre d’Olivier Niquet, Dans mon livre à moi (Montréal, Duchesne et du Rêve, 2017, 296 p.), dans lequel l’auteur s’amuse à recenser les fautes de langue des sportifs et joueurnalistes. Mal parler, ce serait parler sur la bottine.

 

[Complément du 25 décembre 2021]

Par conséquent, il existe une catégorie d’humains qu’on appellera, à la suite de Maxime Raymond Bock, le «patineur sur la bottine» (Morel, 2021, p. 249).

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Références

Carrier, Roch, Il est par là, le soleil. Roman, Montréal, Éditions du jour, coll. «Romanciers du jour», R-65, 1970, 142 p. Rééditions : Montréal, Stanké, coll. «10/10», 35, 1981, 160 p.; dans Presque tout Roch Carrier, Montréal, Stanké, 1996, 431 p.; Montréal, Éditions internationales Alain Stanké, coll. «10/10», 206, 2009, 89 p.

Dionne, Claude, Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! Roman, Montréal, VLB éditeur, 2012, 271 p.

MacGregor, Roy, Dragons en danger, Montréal, Boréal, coll. «Carcajous», 14, 2010, 159 p. Traduction de Marie-Josée Brière. Édition originale : 2001.

Raymond Bock, Maxime, Morel. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2021, 325 p.

Szalowski, Pierre, Mais qu’est-ce que tu fais là, tout seul ?, Montréal, Hurtubise, 2012, 360 p.

Chargé (de sens)

Pierre Szalowski, Mais qu’est-ce que tu fais là, tout seul ?, 2012, couverture

La mère de l’Oreille tendue n’est pas très souvent présente en ces lieux. Elle n’a guère été évoquée que pour l’expression «rare comme de la marde de pape».

Corrigeons cela.

Elle aime le mot barda. Pas «L’équipement du soldat» dont parle le Petit Robert, mais plutôt un «Chargement encombrant, [un] bagage» (édition numérique de 2010), les choses, en assez grand nombre, que quelqu’un porte.

Et Sim, pourquoi ne courait-il pas ? Peut-être parce qu’il ne pouvait tout simplement pas aller plus vite, avec tout son barda sur le dos ? (l’Enfant du cimetière, p. 133)

L’Oreille a pensé à elle en lisant l’étude que vient de consacrer Jonathan Livernois à l’essayiste Pierre Vadeboncoeur (2012). L’auteur y utilise le mot barda de façon inattendue :

Il reste à savoir si Vadeboncoeur est conscient du poids de son barda moderne dans son périple au cœur du passé […] (p. 130).

Parce qu’ils sont des explorateurs qui transportent un barda nécessaire, […] Miron et Lévesque sont plus grands qu’eux-mêmes; c’est en ce sens qu’ils sont extraordinaires (p. 206).

Chose certaine, quoi qu’il fasse, il traînera toujours avec lui son barda moderne, même en jouant avec son fils (p. 257).

Ni l’Oreille ni sa mère ne connaissaient cet usage métaphorique de barda. C’est chose faite.

P.-S. — Dans Mais qu’est-ce que tu fais là, tout seul ?, Pierre Szalowski fait dire ceci à un de ses personnages : «Je vous laisse tout seul dans mon hôtel et je reviens, pis c’est le barda» (p. 316). On se demande si ce personnage n’a pas confondu barda et bordel, ou euphémisé le second en ayant recours au premier.

 

Références

Livernois, Jonathan, Un moderne à rebours. Biographie intellectuelle et artistique de Pierre Vadeboncoeur, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. «Cultures québécoises», 2012, x/355 p. Ill.

MacGregor, Roy, l’Enfant du cimetière, Montréal, Boréal, coll. «Carcajous», 13, 2009, 164 p. Traduction de Marie-Josée Brière. Édition originale : 2001.

Szalowski, Pierre, Mais qu’est-ce que tu fais là, tout seul ?, Montréal, Hurtubise, 2012, 360 p.

Dictionnaire des séries 38

Si vous n’avez pas un talent naturel, vous devrez travailler plus fort que les autres, toujours donner votre 110 %, ne pas économiser vos efforts, surtout le deuxième.

On dira alors de vous que vous êtes un plombier. Vous évoluerez, le plus souvent, au sein du quatrième trio. Attention : ce n’est pas (complètement) péjoratif.

Exemples

parfois au bout d’une campagne
longue comme une gestation
avoir enfin le droit de disputer la finale
au bon endroit au bon moment
ce qu’ont raté bien des grands
et réussi bien des plombiers
(Bernard Pozier, «La coupe», p. 61)

Et ceux qui comparent [Maxim] Lapierre à un plombier
Peuvent bien aller se promener
Car ce jeune homme sera le deuxième centre
Et il aura une carrière marquante
(expos-habs, «Reprise du poème à Lapierre», RSD.ca, 1er octobre 2007)

Antonyme : compteur naturel.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Référence

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.