Hommage à Michel Porret

Fabrice Brandli et Marco Cicchini (édit.), Pages d’histoire. Autour de Michel Porret, 2021, couverture

Un pote de l’Oreille tendue, l’historien Michel Porret (Université de Genève), est aujourd’hui à la retraite. Des collègues lui ont consacré un volume d’hommages. L’Oreille est honorée d’en être.

(Michel Porret ? Ici, et encore là.)

 

Référence

Brandli, Fabrice et Marco Cicchini (édit.), Pages d’histoire. Autour de Michel Porret, Chêne-Bourg, Georg éditeur, 2021, 578 p. Ill. ISBN : 978-2-8257-1248-1.

 

Table des matières

 

Brandli, Fabrice et Marco Cicchini, «Introduction : l’œil sensible de l’historien», p. 7-31.

 

Première partie. Lumières et Révolution

 

Pastore, Alessandro, «Da Ginevra all’Olanda Dominique Beddevole (1657-1692), anatomista cartesanio», p. 35-56.

Pitassi, Maria-Cristina, «Les identités brouillées : de l’imprimé au manuscrit et retour. Autour des Mémoires concernant la théologie et la morale (1732)», p. 57-71.

Melançon, Benoît, «Voltaire, “tête pensante”», p. 73-89. https://doi.org/1866/28557

Milliot, Vincent, «“Tout changer pour que rien ne change” ? Le conservatisme éclairé d’un policier des Lumières Jean-Charles-Pierre Lenoir (1732-1807)», p. 91-112.

Rosset, François, «Casanova, utopiste sénile ?», p. 113-124.

Denis, Vincent, «De la Ferme générale à la police révolutionnaire, l’ascension d’un bureaucrate pendant la Révolution française : François-Claude Maisoncelle», p. 125-138.

Belissa, Marc, «“Le Philadelphien à Genève” ou comment meurt une république quand en naît une autre», p. 139-157.

Martin, Jean-Clément, «Vérité historique, fake news et responsabilité de l’historien», p. 159-173.

Jaquier, Claire, «Un récit suisse dans la bibliothèque mondiale», p. 175-187.

 

Deuxième partie. Les vies fragiles

 

Gauvard, Claude, «Une tentative de viol en 1835 : le fabuleux destin de Perrote Turelure», p. 191-203.

Cicchini, Marco, «La vie coupable d’Augustin Barlie et la mémoire judiciaire du grand incendie de 1670», p. 205-223.

Testori, Olinda, «Mourir sur l’échafaud par accident. Le jeu mortifère des enfants de Genève à la fin du XVIIe siècle», p. 225-246.

Maugué, Ludovic, «La fin des supplices ? La mort sur le bûcher en 1791 du “méchant” Sadoz, voleur et incendiaire», p. 247-264.

Fontana, Vincent, «L’homme au serpent, ou la vie fragile d’un révolté sous la Révolution et l’Empire», p. 265-284.

Renneville, Marc, «Moirax 1932. Cette histoire que je n’écrirai pas», p. 285-301.

 

Troisième partie. Doctrines et pratiques du droit de punir

 

Salvi, Elisabeth, «Entre culture de la loi et de la grâce : sentences et droit souverain à Lausanne (1536-1798)», p. 305-322.

Lilti, Antoine, «Cet “étrange empressement de voir des misérables” : le spectacle de la souffrance et la légèreté du badaud», p. 323-337.

Lacchè, Luigi, «Alle origni del Traité de droit pénal di Pellegrino Rossi : le radici intellettuali di un’opera europea nel laboratorio ginevrino», p. 339-355.

Ortolani, Marc, «La peine dans le commentaire méconnu des Délits et des peines de Ruffino Massa. Premiers jalons recherche», p. 357-375.

Tavilla, Elio, «La peine de mort et l’École positive italienne (XIXe-XXe siècles)», p. 377-397.

Higelin, Audrey, «L’Instruction sur le règlement général pour les prisons départementales : un panoptisme à la française ?», p. 399-417.

Tabet, Xavier, «Cesare Lombroso, le “souffle de l’antisémitisme” et le “néochristianisme socialiste”», p. 419-432.

Garibian, Sévane et Robert Roth, «Ordonner l’arbitraire. Propos croisés en clin d’œil à Michel Porret», p. 433-450.

 

Quatrième partie. Vérité du corps, vérité de l’âme

 

Chappuis, Loraine, «L’étreinte paillarde et ses circonstances. Le lieu, le temps et le contexte des relations sexuelles hors mariage à Genève au XVIIIe siècle», p. 453-474.

Bastien, Pascal, «La Caverne des Grands Voleurs, ou les cires d’échafaud de Philippe Curtius (Paris, 1782-1784)», p. 475-491.

Rey, Alice, «Pour une histoire du corps pénal (XVIe-XIXe siècle)», p. 493-511.

Kaspar, Martin, «L’âme du criminel sous le scalpel : l’anthropologie criminelle à la quête de l’origine du mal», p. 513-529.

Brandli, Fabrice, «Folie des hommes, folie des bêtes : l’aliénisme comparé de Claude-Charles Pierquin de Gembloux (1798-1863)», p. 531-547.

Chauvaud, Frédéric, «Queue-de-cerise ne compte pas pour des prunes. L’affirmation d’un personnage de papier», p. 551-564.

 

[Complément du 28 août 2023]

Le texte de l’Oreille est désormais disponible à https://doi.org/1866/28557.

Baisers épistolaires

Pierre tombale, cimetière du Père Lachaise, 2012

 

Le 31 août 1760, Diderot écrit à Sophie Volland :

Je baise tes deux dernières lettres. Ce sont les caractères que tu as tracés, et en les traçant, ta main touchait les intervalles qui séparent les lignes. Adieu, mon amie. Vous baiserez au bout de cette ligne, car j’y aurai baisé aussi. Là, là. Adieu (éd. de 1997, p. 206).

Le 14 mars 2022, le magazine The New Yorker publie le poème «The Letter, 1968» de Marie Howe. Une lettre y est rédigée à la main et scellée avec la bouche («That he wrote it with his hand and folded the paper / and slipped it into the envelope and sealed it with his tongue / and pressed it closed so I might open it with my fingers»). Elle est attendue («We knew how to wait then»). Elle est lue, relue et baisée («so I might open it and read / and read it again, and then again and look at the envelope he’d sealed, / and press my mouth to where his mouth had been»).

Dans un cas, on embrasse la lettre. Dans l’autre, l’enveloppe. Dans les deux, la main de l’être aimé est évoquée. Une lettre, c’est toujours bien plus que des mots.

P.-S.—Dans sa jeunesse (1996, p. 211), l’Oreille tendue a commenté la lettre de Diderot.

P.-P.-S.—La leçon de ce passage est assez différente dans l’édition Roth-Varloot de la Correspondance :

Je baise tes deux dernières lettres. Ce sont les caractères que tu as tracés; et à mesure que tu les traçois, ta main touchoit l’espace que les lignes devoient remplir, et les intervalles qui les devoient séparer.
Adieu, mon amie. Vous baiserez au bout de cette ligne, car j’y aurai baisé aussi là, là. Adieu (vol. III, p. 47).

 

Références

Diderot, Denis, Correspondance, Paris, Éditions de Minuit, 1955-1970, 16 vol. Éditée par Georges Roth, puis par Jean Varloot.

Diderot, Denis, Œuvres. Tome V. Correspondance, Paris, Robert Laffont, coll. «Bouquins», 1997, xxi/1468 p. Édition établie par Laurent Versini.

Howe, Marie, «The Letter, 1968», The New Yorker, 14 mars 2022. https://www.newyorker.com/magazine/2022/03/21/the-letter-1968

Melançon, Benoît, Diderot épistolier. Contribution à une poétique de la lettre familière au XVIIIe siècle, Montréal, Fides, 1996, viii/501 p. Préface de Roland Mortier. https://doi.org/1866/11382