Oui, genre

Le jour de sa naissance, l’Oreille tendue a mis deux textes en ligne : son tout premier, sur le français de Michael Ignatieff; le deuxième — pas le second —, sur le mot sérieux, ce synonyme de oui.

Au fil du temps, elle en a repéré d’autres, par exemple mets-en et correct, sans compter la litanie du 5 novembre 2012.

Hier, sur le trottoir devant chez elle, elle tombe sur son fils cadet et sur un de ses potes.

OT, au pote — T’as eu de bonnes vacances ?
Lui — Quand même.

Cela voulait, aussi, dire oui.

Divergences transatlantiques 042

Le Petit Robert (édition numérique de 2014) est catégorique s’agissant de l’adverbe si : «S’emploie obligatoirement pour oui en réponse à une phrase négative. On ne vous a pas prévenu ? – Si.»

Le dictionnaire numérique québécois Usito n’est pas moins affirmatif : «Sert à contredire un énoncé comportant une négation ou exprimant un doute. Tu ne voulais même pas y aller. – Si, je voulais y aller.»

Cet usage est pourtant très rare au Québec, ainsi que le révèle la publicité des éditions Alto parue dans la revue Lettres québécoises (numéro 162, été 2016).

Publicité, Lettres québécoises, no 162, été 2016Cette grande rareté ne vous avait jamais frappé ? L’Oreille tendue, si.

 

[Complément du 12 février 2017]

Autre exemple publicitaire, pour le lait cette fois : «Vous n’avez pas une poignée dans le dos. Nos contenants, oui.»

Accouplements 24

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)

Dans sa livraison du 7 avril 2015, le magazine The New Yorker publiait un article de Kathryn Schulz intitulé «What Part of “No, Totally” Don’t You Understand ?». Son objet : les situations où, en anglais, non veut dire oui.

Dans sa livraison du 3 mai 2015, l’émission de radio Tire ta langue, animée par Antoine Perraud sur les ondes de France Culture, était consacrée à Fleurs d’éloquence, un concours universitaire d’art oratoire (ce n’était pas dit comme cela au micro), avec deux invités, les professeurs Juliette Dross et Jean-Baptiste Guignard. On y entendait des extraits de quelques discours primés, dont l’un devait répondre, par l’affirmative, à la question «Est-il plus facile de répondre non ?». Oui, donc.

P.-S. — Il pourrait légitimement être reproché à un professeur donnant des leçon d’éloquence d’utiliser bien trop souvent l’expression pour le coup (variante, pas plus heureuse, de l’omniprésent du coup).