Chantons la langue avec Jean Lapointe

Jean Lapointe, «Mon oncle Edmond», 1976, disque

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Jean Lapointe, «Mon oncle Edmond», 1976

 

Dans la famille du côté d’ma mère y avait mon oncle Edmond
Y était ben smatte y parlait l’anglais surtout quand y était rond
Y faisait des pit pit do you speak English me I can talk faster than you
Wanna hamburger moutarde relish pis y était lousse quand y était saoul
Do you want a shot yes why not

Un bon matin sans dire un mot Edmond a sacré l’camp
Il est parti pour l’Ontario ouvrir un restaurant
Y faisait des pit pit do you speak English me I can talk faster than you
Wanna hamburger moutarde relish pis y était lousse quand y était saoul
Do you want a shot yes why not

Vingt ans plus tard riche à craquer Edmond nous est r’venu
Les poches ben pleines et pis la tête carrée on le r’connaissait plus
Y faisait des pit pit do you speak English me I can talk faster than you
Mais là c’était vrai pis c’en était triste pis y était même pas saoul
Do you want a shot yes why not

Par une journée ensoleillée Edmond est disparu
Requiescat in pace pis on l’a jamais r’vu
Y faisait des pit pit do you speak English me I can talk faster than you
Wanna hamburger moutarde relish pis y était lousse quand y était saoul
Do you want a shot yes why not

Quand Edmond est mort y parlait l’anglais
Edmund passed away sometimes au mois d’mai

 

Chantons la langue avec Sylvain Lelièvre

Sylvain Lelièvre, «Lettre de Toronto», 1978, disque

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Sylvain Lelièvre, «Lettre de Toronto», album Sylvain Lelièvre, 1978

 

Salut Sylvain, comment ça va vieux frère
Tu m’excuseras si j’ai pas trouvé l’temps
D’t’écrire avant, mais y s’passe trop d’affaires
Pis Toronto c’est pas la rue Saint-Jean
Ça fait six mois que j’fais partie d’un groupe
J’joue les claviers, pis c’est plus que tripant
Faut dire qu’icitte, la musique est au boutte
Pus rien à voir avec nos shows d’avant

Prends pas ça mal, j’aime encore tes poèmes
Mais c’est fini l’trip des boîtes à chansons
Faut penser gros pour détruire le système
Pis les Anglais, y a rien à faire, ils l’ont
Si tu voyais le stock qu’on déménage
Just’ pour te dire : ça nous prend deux camions
Pus rien qui manque quand on part en voyage
Pis pus jamais d’maudits problèmes de son

J’t’envoye les mots d’une toune que j’viens d’écrire
C’est pas d’ma faute, chus meilleur en anglais
Mais si des fois tu pouvais m’la traduire
Ben entendu, c’est moi qui la chanterais
On vient d’signer cinq ans chez CBS
Y nous ont dit que tout c’qui nous manquait
C’t’une toune française pour le marché de l’Est
Sont forts à CHOM, t’inquiète pas du succès

Le mois prochain, on part pour Los Angeles
Vu qu’not’ gérant est en Californie
On a compris qui c’qui tire les ficelles
Et si des soirs je m’ennuie d’mes amis
Mon seul pays maintenant, c’est la musique
Pis la musique, c’est les États-Unis
Viens faire un tour avant d’être folklorique
Tu verras ben si c’est vrai c’que j’te dis

 

Chantons la langue avec La Bolduc

Timbre canadien représentant Mary Travers, dite La Bolduc

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

La Bolduc, «La chanson du bavard», 1931

 

Écoutez mes bons amis la chanson que j’vas vous chanter
C’t à propos du radio je vas tout vous raconter
Il y en a qui prétendent que j’ai la langue paralysée
Et d’autres s’sont imaginé que j’avais l’nerf du cou cassé
Y en a qui sont jaloux
Y veulent mettre des bois dans les roues
Je vous dis tant que j’vivrai
J’dirai toujours moé pis toé
Je parle comme l’ancien temps
J’ai pas honte de mes vieux parents
Pourvu que j’mets pas d’anglais
J’nuis pas au bon parler français

[turlute]

Vous allez m’prendre pour une commère
Mais c’est mon désir le plus cher
On nous a toujours enseigné
De bien penser avant d’parler
Il y en a qui sont rigolos
Y ont la bouche comme un radio
Pour les empêcher d’parler
Faut leur zôter l’électricité

Y en a qui sont jaloux
Y veulent mettre des bois dans les roues
Je vous dis tant que j’vivrai
J’dirai toujours moé pis toé
Je parle comme l’ancien temps
J’ai pas honte de mes vieux parents
Pourvu que j’mets pas d’anglais
J’nuis pas au bon parler français

[turlute]

On a beau faire not’ ch’min droit
Et critiqué par plus bas que soi
C’est la faute des vieilles commères
Qui s’mêlent pas de leurs affaires
Il y en a à la belle journée
Qui passent leur temps à bavasser
Y devraient cracher en l’air
Et ça leur tomberait su’ l’nez

Y en a qui sont jaloux
Y veulent mettre des bois dans les roues
Je vous dis tant que j’vivrai
J’dirai toujours moé pis toé
Je parle comme l’ancien temps
J’ai pas honte de mes vieux parents
Pourvu que j’mets pas d’anglais
J’nuis pas au bon parler français

[turlute]

Y en a d’autres de leur côté
Qui m’trouvent pas assez décolletée
Essayer d’plaire à tout l’monde
J’vous dis que c’est dur en scie ronde
Je m’habille modestement
Pis mes chansons sont d’l’ancien temps
Mais partout j’vas turluter
J’ai pas honte de m’présenter

Y en a qui sont jaloux
Y veulent mettre des bois dans les roues
Je vous dis tant que j’vivrai
J’dirai toujours moé pis toé
Je parle comme l’ancien temps
J’ai pas honte de mes vieux parents
Pourvu que j’mets pas d’anglais
J’nuis pas au bon parler français

[turlute]

 

P.-S.—Vous ne rêvez pas : il a déjà été question ici d’une autre chanson de La Bolduc, d’ailleurs parue sur le même disque.

 

Chantons la langue avec Shawn Jobin

Shawn Jobin, Tu m’auras pas, 2013, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Shawn Jobin, «Au nom d’une nation (Tu m’auras pas)», Tu m’auras pas, 2013

 

Quand j’y pense
Chus seulement une fleur de lys
Qui pousse au pied d’l’érable
Mais on couche dans l’même lit
Comme si on pointe l’Arabe
Lorsqu’un triche sur l’autre
On lui serre la main en disant
C’est pas d’ma faute
C’est pas d’la faute
C’est vouloir le contrôle
Sur la langue du futur
Bref l’anglais
Le français reste bien dans l’angle mort
Du rétroviseur de l’assimilation
Parmi la nation du peuple francophone
Quand on s’parle
C’t’une culture qui résonne
Dans les couloirs des châteaux de l’Angleterre
J’veux un pays libre et non un presbytère
J’veux pas qu’on s’sépare
J’veux juste parler français
Dans toute le Canada
Bref dans mon pays
C’est l’tien aussi
Donc enlève ton étiquette de minorité
Pis nous l’avons bâti aussi
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
J’ai mal au cœur
Lorsque j’vois l’ignorance des anglophones
Qui rêvent de not’ retour en France
Des Maritimes jusqu’en Colombie-Britannique
Y compris les Territoires
On s’serre les coudes lorsqu’y fait noir
Les Fransaskois
Les Franco-Manitobains
Louis Riel Gabriel Dumont se sont battus pour le bien
Pour une cause
Pour que les gens comprennent
Que la fleur de lys peut aussi pousser sur les plaines
Pas les plaines d’Abraham
Les plaines remplies d’avoine
À vrai dire elle pousse partout
Jusque dans les montagnes
Mon cadavre a perdu du sang ô grand méchant loup
Donc la culture laissant une larme sur sa joue
Mais si tu comprends mes mots dans cette chanson
Tu fais partie des remparts qui protègent la nation
Tu tiens dans tes mains le pouvoir de semer des graines
De lys pour l’amour de la francophonie
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation

 

Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation

 

Chantons la langue avec Émile Bilodeau

Émile Bilodeau, Grandeur mature, 2019, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Émile Bilodeau, «Candy», Grandeur mature, 2019

 

Mon nom c’est Andy mais tout le monde m’appelle Candy
Même quand j’suis sûr comme un?bonbon, j’ai jamais raison
Parce?que j’connais pas grand-chose dans vie
J’fais des affaires illégales de manière très amicale
Je sais qu’le monde va mal mais pour moi tout est normal
Parce que j’connais pas grand-chose dans vie
À part que le rose c’est joli
Autant sur les gens qu’en dedans
Là j’parle des vêtements et du sang
Bien évidemment que
J’connais pas grand-chose dans vie
À part qu’les chauve-souris ont des cheveux
C’est curieux
Est-ce qu’elles nous auraient menti ?
Candy, can’t you see
Que je suis candide
Qu’en dis-tu, toi ?
Quand tu m’vois pleurer de joie
La vie est vide de sens si
On n’saisit pas la chance qu’on a
De vivre à fond à chaque fois
T’as raison
Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête
Certes, on vit dans un certain confort
Faique, ça sert à rien de s’faire du tort
Avec nos trolls au Sénat
Pis le pétrole d’Alberta
Dans les deux cas ça pue pis ça coûte cher
Ici on a des gars qui auront pu de salaire
Parce que demain la shop va fermer
Pourtant tout le monde sait que c’tait ben subventionné
La crosse est finie
Les boss sont partis
Vers leur retraite dorée
Avec la poudre d’escampette et la poudre au nez
Après ça on dit
Qu’c’est moi l’criminel ici
Candy, can’t you see
Que je suis candide
Qu’en dis-tu, toi ?
Quand tu m’vois pleurer de joie
La vie est vide de sens si
On n’saisit pas la chance qu’on a
De vivre à fond à chaque fois

Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête
Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête
Okay d’abord
J’vais arrêter d’m’en faire avec le sort de ma communauté
Même si en Ontario y en ont pas trop, trop d’école franco
S’excuser de vivre en français
C’est comme demander
J’peux tu respirer là s’il-vous-plaît
Mais jamais nous nous mettrons à genoux
Whatever you tell us to do
Mais jamais nous nous mettrons à genoux
Whatever you tell us to do
Sortons et allons faire la fête
Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête