Le zeugme du dimanche matin et de Casanova

Portrait de Giacomo Casanova par Francesco Narici

«Vers la fin du carnaval, Don Diego zapatero de viecco, père de Donna Ignacia, me porta mes bottes, et les compliments de sa femme et de sa fille, qui parlait toujours du plaisir qu’elle avait eu au bal, se louant des procédés que j’avais eus vis-à-vis d’elle.»

Giacomo Casanova, Histoire de ma vie. Anthologie. Le voyageur européen, édition préfacée, commentée et annotée par Jean M. Goulemot, Paris, Le livre de poche, coll. «Classiques de poche», 32695, 2014, 597 p., p. 483.

 

Illustration : portrait de Casanova attribué à Francesco Narici déposé sur Wikimedia Commons

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Accouplements 185

Catherine Voyer-Léger et Marie-Hélène Voyer, couvertures, 2022, collage

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Voyer-Léger, Catherine, Nouées, Montréal, Québec Amérique, coll. «III», 2022, 157 p.

«Nouées de mère en fille. Inextricables, tissées serrées, jusqu’à nous étouffer. De mère en fille. Nouées dans une caresse suffocante quand de petites mains de quatre ans nous pressent la gorge parce qu’elles comprennent mal les limites entre le doux et la douleur. De mère en fille, nos angoisses tressées ensemble pour le meilleur et pour le pire. Indispensables l’une à l’autre et toujours un peu de trop en même temps» (p. 148-149).

Voyer, Marie-Hélène, Mouron des champs suivi de Ce peu qui nous fonde, Saguenay, La Peuplade, coll. «Poésie», 2022, 196 p.

«combien de temps encore ma voix pesante
nouée de vous ?» (p. 49)

 

[Complément du jour]

Ceci encore, toujours chez Marie-Hélène Voyer :

«je nage dans des eaux inédites
nouée et dénouée de vous» (p. 158)

L’oreille tendue de… Marcel Pagnol

Marcel Pagnol, le Temps des secrets, 2004, couverture

«De temps à autre, il interrompait sa méditation, et tendait l’oreille à la brise. Il se levait d’un bond, poussait le farouche cri de guerre à la vue de l’invisible ennemi, lançait le “tomahawk” contre le vent, et tirait vainement des flèches sans réponse… Mais il avait beau faire, sa gloire était passée… Il n’était plus le chef redouté d’une féroce tribu Pawnee, et sa démarche trahissait plutôt la fatigue et la mélancolie du dernier des Mohicans.»

Marcel Pagnol, le Temps des secrets, Paris, De Fallois, coll. «Fortunio», 2004, 261 p., p. 22.

L’oreille tendue de… Marcel Pagnol

Marcel Pagnol, le Temps des amours, éd. 2004, couverture

«Il les écouta tout en marchant, la tête basse, et l’oreille tendue : puis il déclara tout bêtement que “ce n’était pas mal”, puis me fit stupidement remarquer que cette hache devait être bien petite pour n’avoir fourni qu’une plume, et il nous expliqua fort sérieusement qu’une cognée de bûcheron pèse dans les trois kilos, et qu’avec trois kilos d’acier on pouvait faire deux cents boîtes de plumes sergent-major.»

Marcel Pagnol, le Temps des amours, Paris, De Fallois, coll. «Fortunio», 2004, 259 p., p. 97-98. Édition originale : 1977.

L’oreille tendue de… Marcel Pagnol

Marcel Pagnol, le Château de ma mère, éd. 2004, couverture

«Je parcourais une vingtaine de mètres, l’œil aux aguets, l’oreille tendue. Puis je m’arrêtais, j’écoutais le silence… Enfin, je faisais signe à ma mère et à mon frère, qui attendaient à l’abri du plus gros buisson. Ils arrivaient alors en courant, et venaient se blottir derrière moi. Enfin paraissait mon père, un carnet à la main. Il fallait toujours l’attendre un moment, car il prenait fort gravement des notes.»

Marcel Pagnol, le Château de ma mère, Paris, De Fallois, coll. «Fortunio», 2004, 240 p., p. 152. Édition originale : 1957.