(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
C’était il y a plus de sept lustres, peut-être même huit.
L’après-midi, l’Oreille tendue avait lu un album de Régis Franc, Nouvelles histoires (1978). Une référence lui échappait : qui était ce Toro Moreno dont il était question dans «Plus dure sera la chute !…» (p. 8-12) ?
Le soir même, par hasard, elle visionnait le film The Harder They Fall (1956), de Mark Robson. Titre français : Plus dure sera la chute. Le récit est librement inspiré de la vie du boxeur Primo Carnera. Mark Lane joue le rôle de ce boxeur, sous le nom de Toro Moreno, et donne la réplique à Humphrey Bogart, dont c’est la dernière prestation cinématographique. Voilà la référence éclaircie.
Régis Franc ne s’en tiendra pas à la bande dessinée. Il coscénarisera le court métrage Toro Moreno (réalisation de Gérard Krawczyk, 1981, 10 minutes).
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Cette semaine, l’Oreille revoyait À bout de souffle (1960), de Jean-Luc Godard. Au cinéma Normandie, Michel Poiccard (Jean-Paul Belmondo) regarde une affiche, celle, bien sûr, de Plus dure sera la chute.
Ce sera tout (pour l’instant).
P.-S.—Ce n’est pas la première fois que l’Oreille parle de son rapport à la boxe. Voir ici.
Contribution au dossier «Enquête sur les voltairiens et les anti-voltairiens (IV). Coordonnée par Gérard Gengembre», Cahiers Voltaire, 6, 2007, p. 215-216.
Sur la notice nécrologique d’Arthur Prévost (1910-2004).
Contribution au dossier «Enquête sur les voltairiens et les anti-voltairiens (XI). Coordonnée par Gérard Gengembre», Cahiers Voltaire, 11, 2012, p. 218-220.
Sur la Cinquantaine dramatique de M. de Voltaire, suivie de l’Inauguration de sa statue, intermède en un Acte, orné de Chants & de Danses, par l’Auteur du Poeme du Luxe, Aux Fossez; et se trouve à Paris, Chez Durand, Libraire, rue Galande, Despilly, Libraire, rue S. Jacques, 1774, 68 p. Texte d’Alexandre-Jacques Du Coudray.
Deux contributions au dossier «Enquête sur la réception de Candide (X). Coordonnée par André Magnan», Cahiers Voltaire, 11, 2012, p. 202-204 et p. 215-216.
(1) Sur la série télévisée Mad Men (première saison, treizième épisode, «The Wheel»).
(2) Sur la bande dessinée de Jacques Lob et José Bielsa les Mange-bitume. Chronique de la civilisation roulière, Neuilly-sur-Seine, Dargaud éditeur, coll. «Histoires fantastiques», 1974, 63 p. Couleurs : Manuela Dopilar et Lionel Bianchi. Préface de René Goscinny.
Contribution au dossier «Enquête sur la réception de Candide (XI). Coordonnée par Stéphanie Géhanne Gavoty et André Magnan», Cahiers Voltaire, 12, 2013, p. 270-272.
Deux contributions au dossier «Enquête sur la réception de Candide (XII). Coordonnée par Stéphanie Géhanne Gavoty et André Magnan», Cahiers Voltaire, 13, 2014, p. 239-243.
(2) Sur Henri Vernes, «Hommage de Henri Vernes au Québec nouveau. L’auteur de Bob Morane à la Manicouagan », le Petit Journal, 4 avril 1965, p. 62.
Contribution au dossier «Enquête sur la réception de Candide (XIII). Coordonnée par Stéphanie Géhanne Gavoty et André Magnan», Cahiers Voltaire, 14, 2015, p. 266-267.
Sur Roch Carrier, «Comment suis-je devenu romancier ?», dans Antoine Naaman et Louis Painchaud (édit.), le Roman contemporain d’expression française. Introduit par des propos sur la francophonie, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, Faculté des arts, Centre d’étude des littératures d’expression française, 1971, p. 266-272.
Contribution au dossier «Enquête sur la réception de Candide (XV). Coordonnée par Stéphanie Géhanne Gavoty», Cahiers Voltaire, 16, 2017, p. 174-175.
Sur les films Pour quelques arpents de neige… (documentaire, Georges Dufaux et Jacques Godbout, 1962) et Quelques arpents de neige (fiction, Denis Héroux, 1972).
Marc Beaudet et Luc Boily, après «Gangs de rues», lancent une nouvelle série de bandes dessinées sur le hockey avec deux titres : Tour du chapeau et le Grand Dégagement. (Il a déjà été question ici d’un des albums de la première série.)
Cette nouvelle série pose un intéressant problème bibliographique. En couverture des albums, on lit «Tatouées hockey !» tout en blanc, sauf pour le e, en orange. En écriture inclusive, on aurait pu, par exemple, écrire «Tatoué(e)s» ou «Tatoué.e.s». (L’écriture inclusive ? Par là.)
Dans son catalogue (il faut cliquer sur «Détails»), Bibliothèque et Archives nationales du Québec a choisi «Tatouées».
La Canadienne Michaëlle Jean a été nommée à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie en 2014. Elle était candidate à un second mandat, mais on lui a préféré, en 2018, la Rwandaise Louise Mushikiwabo. Bertin Leblanc, qui a été son porte-parole de 2016 à 2018, raconte, avec Paul Gros, comment l’OIF en est arrivé là dans une bande dessinée intitulée Éléments de langage (2022).
«Récit librement adapté de faits réels» (p. 2), l’album rappelle le rôle de la France dans l’éviction de Michaëlle Jean. Le portrait de l’ancienne secrétaire générale n’est ni un panégyrique ni une charge. Leblanc rappelle aussi bien les avancées qu’elles a permises (par exemple, dans les dossiers concernant les femmes) que ses travers (sa prolixité, son aveuglement sur ses dépenses). En revanche, il brocarde volontiers ceux qu’il juge responsables de ce qui est arrivé à son ancienne patronne : Pierre Karl Péladeau et le Journal de Montréal; Emmanuel Macron, Paul Kagame et Moussa Faki Mahamat; Justin Trudeau et Mélanie Joly. S’agissant du Québec, on croise des journalistes (Alexandre Robillard, Christian Rioux), des animateurs de radio (Paul Arcand, Mario Dumont), des figures politiques (Line Beauchamp, François Legault), un écrivain (Dany Laferrière).
Les dessins de Gros ne sont pas tout à fait réalistes, particulièrement dans le traitement des doigts et des yeux, mais ils rendent bien les décors où se déroule l’action. Ils sont tout à fait réussis quand il s’agit de donner à voir le caractère figé des mots utilisés par les diplomates internationaux (p. 116, p. 130, p. 152, p. 188, p. 190). Ses cases sur le «bla bla» sont magnifiques (p. 151, p. 159, p. 195, p. 198-199).
Mais que sont les «éléments de langage» du titre ? L’expression apparaît cinq fois dans l’album : «Je vous propose de nous en tenir à nos éléments de langage» (p. 105); «OK, je vais voir avec madame tout à l’heure pour les éléments de langage» (p. 121); «Bertin et moi avons préparé des éléments de langage à ce sujet» (p. 135); «Gardons le cap avec les mêmes éléments de langage…» (p. 160); «Bertin, mon frère, tu as les éléments de langage ?» (p. 177)
On le devine par ces citations : les éléments de langage sont ces phrases toutes faites que préparent les équipes des personnalités publiques pour éviter que celles-ci n’en disent trop aux médias. Leur usage n’est évidemment pas limité au monde politique, même s’il y est de plus en plus fréquent.
Dans une utile notice du Publictionnaire, Alice Krieg-Planque et Claire Ogeren en donnent la définition suivante : «l’expression “éléments de langage” relève principalement du vocabulaire des communicants, où elle désigne des modes de préparation des discours pour la scène publique, et des formes d’anticipation de situations de communication» (p. 2). Au Québec, on parlerait volontiers de cassette.
Heureusement, Bertin Leblanc ne pratique pas cette forme de la langue de bois.
Références
Krieg-Planque, Alice et Claire Oger, «Eléments de langage», article électronique, Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics, 2 avril 2017.