Modeste proposition de moratoire sportivo-littéraire

Le 1er avril dernier, rendant compte du livre le Hockey vu du divan (2012) de Simon Grondin, l’Oreille tendue évoquait un moratoire sur le découpage en trois périodes des ouvrages (ou des films) portant sur le hockey. Elle revient à la charge.

En effet, ce type de découpage est trop fréquent. Des exemples ?

Claude Dionne, Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! (2012).

Alain M. Bergeron, la Coupe du hocquet glacé (2010).

Gaël Corboz, En territoire adverse (2006).

Luc Cyr et Carl Leblanc, Mon frère Richard (1999).

Raymond Plante, Jacques Plante (1996).

Michel Bujold, l’Amour en prolongation (1990).

André Simard, la Soirée du fockey (1972).

Cette liste est sûrement incomplète. Bref : on arrête svp.

 

[Complément du 17 août 2018]

Les trois prises du jour

Le Chandail de hockey / The Hockey Sweater (2006).

Bernard Pozier, Les poètes chanteront ce but (1991).

Yves Tremblay, Guy Lafleur. L’homme qui a soulevé nos passions (2013).

 

[Complément du 29 décembre 2018]

Deux autres ? Deux autres.

Catellier, Maxime, Mont de rien. Roman en trois périodes et deux intermèdes (2018).

Baruchel, Jay, Born into It. A Fan’s Life (2018).

 

[Complément du 5 novembre 2021]

Ce qui affectait les livres et les films touche maintenant les menus, par exemple à la magnifique exposition consacrée à Serge Lemoyne. Ce n’est pas mieux.

Café Québecor, Maison des beaux-arts du Québec, 5 novembre 2021

[Complément du 22 mars 2023]

On apprend, dans la Presse+ du jour, que le Cirque du Soleil est en train de concevoir un spectacle sur Guy Lafleur. Comment sera-t-il découpé ? «Guy ! Guy ! Guy ! sera structuré en suivant les trois périodes d’un match de hockey […]». Personne ne sera étonné.

 

[Complément du 20 novembre 2024]

Un mémoire de maîtrise découpé en trois périodes ? Celui-ci.

 

Références

Baruchel, Jay, Born into It. A Fan’s Life, Toronto, Harper Avenue, 2018, 249 p.

Bergeron, Alain M., la Coupe du hocquet glacé. Miniroman de Alain M. Bergeron — Fil et Julie, Québec, Éditions FouLire, coll. «Le chat-ô en folie», 9, 2010, 45 p.

Bujold, Michel, l’Amour en prolongation. Poésies hérotiques, Montréal, Éditions d’Orphée, 1990, s.p.

Catellier, Maxime, Mont de rien. Roman en trois périodes et deux intermèdes, Montréal, L’Oie de Cravan, 2018, 123 p.

Le Chandail de hockey / The Hockey Sweater, cédérom, 3D Courseware/ Les Éditions 3D, 2006. Conception de Donna Mydlarski, Dana Paramskas, André Bougaïeff et Larry Katz.

Corboz, Gaël, En territoire adverse, Saint-Lambert, Soulières éditeur, coll. «Graffiti», 37, 2006, 164 p.

Cyr, Luc et Carl Leblanc, Mon frère Richard, documentaire de 53 minutes, 1999. Production: Ad Hoc Films.

Dionne, Claude, Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! Roman, Montréal, VLB éditeur, 2012, 271 p.

Grondin, Simon, le Hockey vu du divan, Sainte-Foy (Québec), Presses de l’Université Laval, 2012, 214 p. Ill.

Lemay, Clarence, «Chronique sportive ou politique ? Le Canadien de Montréal et la crise constitutionnelle canadienne dans La Presse, Le Devoir et la Gazette (1976-1995)», Ottawa, Université d’Ottawa, 2020, vii/186 p. http://dx.doi.org/10.20381/ruor-25327

Plante, Raymond, Jacques Plante. Derrière le masque, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Les grandes figures», 9, 1996, 221 p. Ill.

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.

Simard, André, la Soirée du fockey. Le temps d’une pêche. Le vieil homme et la mort, Montréal, Leméac, coll. «Répertoire québécois», 40, 1974, 92 p. Préface de Normand Chouinard.

Tremblay, Yves, Guy Lafleur. L’homme qui a soulevé nos passions, Brossard, Un monde différent, 2013, 208 p. Ill. Préface de Guy Lafleur.

Dictionnaire des séries 24

«C’est pas l’armée ni les pompiers ni la police
Qui m’empêcheront de voir Maurice»
Denise Filiatrault, «Rocket Rock and Roll», chanson, 1957

 

Les hommes de hockey n’ont probablement pas, du moins pour la majorité d’entre eux, lu l’Art de la guerre. Pourtant, le vocabulaire militaire leur vient naturellement.

Au football, on lance et on attrape, quand on ne les cueille pas, des passes et des bombes. Au hockey, les tirs des joueurs sont des boulets.

Duplessis admire le Rocket et envie un peu sa popularité. Il va le voir jouer le plus souvent possible. Il l’a invité quelques fois. Il lui a écrit des notes personnelles pour le féliciter de certains succès. […] Duplessis lance des mots qui pénètrent dans les consciences comme un boulet du Rocket dans le filet (le Rocket, p. 155).

Quand, à la suite d’une attaque en zone adverse, les joueurs reviennent dans leur propre territoire, on parle de repli défensif : il s’agit de résister à la contre-attaque de l’autre équipe. Les défenseurs sont d’ailleurs regroupés dans la brigade défensive, elle-même dirigée par un général à la ligne bleue.

Les compteurs sont des francs-tireurs, qui n’hésitent pas à armer un tir. Ils sont particulièrement utiles quand, pour départager deux équipes, on doit se rendre en fusillade. S’ils sont blessés, il leur faut retraiter au vestiaire.

Pendant qu’son corps partait au cimetière
Pour le grand repos éternel
Son âme retraitait au vestiaire
Pour enfiler la Sainte-Flanelle
(Mes Aïeux, «Le fantôme du Forum», chanson, 2008)

Du temps où ils jouaient au Forum de Montréal, les porte-étendards des Canadiens pouvaient lire une exhortation du militaire John McCrae dans «In Flanders Field» apparue sur les murs du vestiaire au mitan du XXe siècle : «Nos bras meurtris vous tendent le flambeau, à vous toujours de le porter bien haut» («To you from failing hands we throw / The torch; be yours to hold it high»). Cette citation, en français d’un côté, en anglais de l’autre, orne encore aujourd’hui les murs du vestiaire de l’équipe locale au Centre Bell, l’ex-Centre Molson, et ceux de son centre d’entraînement à Brossard; on peut la voir ici.

Pour prévoir les stratégies à utiliser contre une équipe qu’on va bientôt rencontrer, il est normal d’envoyer un éclaireur l’épier.

À défaut de pouvoir protéger une position, il importe de savoir protéger une avance.

Le sport a une longue et vivace tradition guerrière.

P.-S. — Le 2 février 2011, l’Oreille tendue avait un long texte sur les bras meurtris et le flambeau qu’ils portent.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Référence

Carrier, Roch, le Rocket, Montréal, Stanké, 2000, 271 p. Réédition : le Rocket. Biographie, Montréal, Éditions internationales Alain Stanké, coll. «10/10», 2009, 425 p. Version anglaise : Our Life with the Rocket. The Maurice Richard Story, Toronto, Penguin / Viking, 2001, viii/304 p. Traduction de Sheila Fischman.

Dictionnaire des séries 23

Caricature, d’André-Philippe Côté, dans la Presse du 21 mai 2013 (p. A16) : Marc Bergevin, le directeur général des Canadiens de Montréal, et Michel Therrien, leur entraîneur, se trouvent devant une rangée de joueurs tous de la même taille, dont l’uniforme porte le mot «Recrue»; derrière ces joueurs, un mastodonte. Titre de la caricature : «Repêchage, que fera le Canadien ?». Commentaire de Therrien : «Cette année, il faudrait faire le bon choix !».

Traduction libre : les Canadiens ont été éliminés des séries d’après-saison de la Ligue nationale de hockey par les Sénateurs d’Ottawa parce que leurs joueurs sont trop petits. Cela doit changer.

Morale : les Canadiens doivent se grossir, aller chercher un gros bonhomme, de pas se contenter des petites pestes. Ils ne pourront toutefois pas le faire en recrutant John Scott, qui restera l’an prochain où il est actuellement, avec les Sabres de Buffalo : «Les Sabres ont embauché Scott sur le marché des joueurs autonomes l’été dernier afin d’ajouter du poids et du caractère à la formation» (la Presse, 21 mai 2013, cahier Sports, p. 6; l’Oreille tendue souligne).

Sur la glace, tout serait donc affaire de gabarit.

P.-S. — Il arrive à l’Oreille de se sentir vieille. À une époque, il existait une recette éprouvée pour grossir son équipe : y ajouter du bœuf de l’Ouest. Ni cette expression (qui renvoyait à la géographie de l’élevage bovin au Canada) ni la réalité qu’elle aurait révélée (les joueurs de l’ouest du Canada auraient été plus costauds que ceux de l’est) n’ont plus guère d’écho.

 

[Complément du 21 mai 2017]

L’Oreille tendue, dans la Presse+ du 19 mai, découvre l’expression au pluriel : «L’époque des bœufs de l’Ouest est révolue […].» Elle ne la connaissait pas.

 

[Complément du 10 octobre 2020]

Léandre Normand emploie l’expression dans sa biographie du Pocket Rocket, mais avec guillemets : «Henri Richard a établi des records de longévité et d’endurance malgré son petit gabarit. Il est l’exemple parfait à l’encontre de ceux qui prédisent périodiquement la disparition des petits joueurs au profit des “bœufs de l’Ouest”» (p. 227).

Richard, Denis, en collaboration avec Léandre Normand, Henri Richard. La légende aux 11 coupes Stanley, préface de Ronald Corey, avant-propos de Léandre Normand, Montréal, Éditions de l’Homme, 2020, 234 p.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Dictionnaire des séries 22

Forum de Montréal (1924)

Où joue-t-on au hockey ?

Réponse la plus évidente : dans un aréna (au masculin). «Pour tous les p’tits matins passés à l’aréna d’quartier» (Vilain Pingouin, «Les Habitants (GO Habs GO !)», chanson, 2009).

Réponse romaine : dans un amphithéâtre. «Et lorsque ses mains traduisent chaleureusement son enthousiasme, c’est son intelligence davantage encore, qui de l’amphithéâtre obscur à la patinoire illuminée, salue une sœur complice dans son moment d’apothéose et de gloire» (Louis Chantigny, 1974, cité dans Maurice Richard. Album souvenir, p. 93-94).

Réponse poétique : dans une enceinte. «et un peu partout dans l’enceinte / l’odeur du passé» (Bernard Pozier, «Aréna», p. 35).

Réponse religieuse : dans la Mecque du hockey (le Forum, devenu le Centre Molson, puis le Centre Bell; plus généralement, Montréal). «L’édifice reste la Mecque du hockey, son locataire reste la Sainte Flanelle et flottent un peu partout les fantômes du Forum» (Jean Dion, «Plus grand que nature»).

Tout bien considéré, peu importe. C’est sur la glace (sur la patinoire) que les matchs se gagnent.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Illustration : Forum de Montréal, 1924, collection du Musée McCord, photo déposée sur Wikimedia Commons

 

Références

Dion, Jean, «Plus grand que nature», le Devoir, 29 mai 2000, p. A1-A10.

Lamarche, Jacques, Maurice Richard. Album souvenir, Montréal, Guérin, 2000, 133 p. Ill.

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.

Vilain Pingouin, «Les Habitants (GO Habs GO !)», 2009, 3 minutes 6 secondes, fichier audionumérique. http://www.youtube.com/watch?v=0JkZkMQyPeo

Joueurs et lecteurs

Qui ne s’est pas un jour demandé ce que lisent les sportifs ? Plus précisément encore : les joueurs de hockey. En effet, les joueurs de hockey lisent.

Dans l’excellent recueil de quelques-uns de ses articles que vient de faire paraître Roy MacGregor, Wayne Gretzky’s Ghost and Other Tales from a Lifetime in Hockey (2011), on trouve des exemples de patineurs-lecteurs. L’inénarrable Don Cherry, aujourd’hui commentateur à la télévision, mais ci-devant joueur et entraîneur, raffole des livres d’histoire; il prétend même avoir lu tous les livres sur Horatio Nelson et la bataille de Trafalgar (p. 146). L’ex-gardien Gilles Gratton, un lecteur avide — «He reads constantly, even on the road» —, favorisait les livres d’astrologie, mais il ne dédaignait pas la lecture du Seigneur des anneaux (p. 158). Alexandre Daigle n’a pas eu la carrière qu’on lui promettait dans la Ligue nationale de hockey. Est-ce pour cela qu’il s’est mis à la lecture de Shakespeare et de Platon (p. 170 et p. 182) ? Ou l’inverse ?

Ken Dryden, qui fut gardien de but pour les Canadiens de Montréal avant de devenir député et ministre, a écrit des livres, dont un avec MacGregor (Home Game. Hockey and Life in Canada, 1989). En 1983, il publie The Game, un des rares classiques de la littérature sportive au Canada. Il y parle peu de ses propres lectures, bien qu’il cite Brecht (p. 128) et qu’il commente Freud (p. 190). En revanche, il décrit celles de ses coéquipiers Réjean Houle (des journaux et des biographies : Moshe Dayan, Martin Luther King, Pierre Elliott Trudeau [p. 69]) et Doug Risebrough (le même livre, ou une partie de celui-ci, durant toute une saison : Wind Chill Factor [p. 75]). Celles de Guy Lafleur ne sont pas abordées par Dryden, mais l’ailier droit en parle à Victor-Lévy Beaulieu en 1972 : «Je lis beaucoup de romans policiers, je lis toujours une centaine de pages avant de m’endormir. Je viens de terminer l’Édith Piaf de Simonne Berthaut, et le Parrain et Papillon» (p. 27).

L’actuel gardien des Flyers de Philadelphie aime bien exposer sa culture littéraire. C’est ce que souligne Jean Dion dans les pages du Devoir le 24 décembre 2011 : Ilya Bryzgalov trouverait réconfort «dans la lecture des philosophes grecs de l’Antiquité, Socrate (bien qu’il n’ait laissé aucun écrit), Platon, Aristote, chez Dostoïevski et Tolstoï» (p. C5).

Gratton, Dryden, Bryzgalov : ajoutons un quatrième cerbère — pour parler hockey — à cette courte liste, Jacques Plante. (On ne s’étonnera pas que les gardiens soient nombreux parmi les membres du peuple du livre hockeyistique : ils sont d’une espèce particulière.) Plante était connu tant pour avoir imposé le port du masque chez ses confrères que pour ses excentricités (il tricotait, il souffrait d’étranges troubles respiratoires, etc.). Il était dès lors attendu qu’il lise — mais à sa façon. S’il faut en croire Trent Frayne, dans The Mad Men of Hockey (1974), Plante, dans ses lectures, mêlait l’utile à l’agréable, tout en se méfiant de l’ennui :

Il attachait à sa chaussure un haltère de seize livres. Il lisait trois pages de son livre, faisait une pause pour lever l’haltère trois fois, de nouveau trois pages, puis trois autres levées. Il passait ensuite à l’autre jambe et, au besoin, à un autre livre (p. 41, traduction maison).

Plante pratiquait donc non seulement l’alternance des exercices, mais aussi des livres à lire. (Il s’agissait surtout de biographies, en anglais ou en français : Staline, Jacqueline Kennedy, Eisenhower, Churchill, Lénine, Khrouchtchev, Marx, Mao, Lester B. Pearson.)

Jean Béliveau fut un des plus célèbres coéquipiers de Jacques Plante. La lecture joue un rôle important dans son image publique. On le photographie en train de lire, ici par exemple. Il participe à des publicités pour la «Collection littéraire» des Éditions Marabout. Lecteur de romans policiers, Béliveau siège en 1956 au jury d’un prix québécois qui récompense un livre de Bertrand Vac, l’Assassin dans l’hôpital. Dans ses Mémoires, il se souvient de ses séances de lecture quand il habitait à Québec (p. 68 et p. 73), puis à Montréal (p. 136). Que lisait-il ? Ma vie bleu-blanc-rouge ne permet pas de répondre à cette question.

Jean Béliveau lecteur

Maurice Richard a joué avec Plante et Béliveau. On ne connaît pas avec beaucoup de précision ses lectures. S’il lui arrive d’être représenté un livre à la main, ce n’est jamais très instructif; sauf exceptions, on ne le dépeint qu’en présence de livres pour la jeunesse. Il signe la préface de quelques ouvrages, ce qui leur confère de la crédibilité, mais n’assure pas qu’il les ait lus. Lorsque sa famille met à l’encan une partie de la collection particulière du Rocket, il n’y a que quelques revues disponibles et peu de livres; toutes ces publications portent sur lui-même. C’est peu pour un portrait du marqueur en lecteur. Signalons un cas singulier : Richard et sa famille vantant un… dictionnaire.

Lecture du dictionnaire en famille chez Maurice Richard

On se gardera de tirer des conclusions d’un aussi petit échantillon, mais on peut néanmoins émettre une hypothèse : sauf pour Richard, les livres sur le hockey ne paraissent pas tenir une grande place dans les lectures des hockeyeurs. Mais les plombiers lisent-ils des livres sur la plomberie ?

P.-S. — L’Oreille a un fort vague souvenir de Rick Chartraw, un joueur des années 1970-1980 pour les Canadiens, parlant de sa lecture de Camus — mais peut-être a-t-elle rêvé.

 

[Complément du 16 mars 2017]

La chaîne Historia a consacré une série télévisée à Jean Béliveau. Selon la Presse+ du jour, on le voit en lecteur de Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy. C’est noté.

 

[Complément du 26 février 2023]

Sur son blogue, Stephen Smith évoque lui aussi des lectures de Jean Béliveau : Françoise Sagan et Tolstoï (il tiendrait un de ses ouvrages sur la photo évoquée ci-dessus).

 

Références

Beaulieu, Victor-Lévy, «Un gars ordinaire, qui vise le sommet», Perspectives (la Presse), 14 octobre 1972, p. 22, 24 et 27.

Béliveau, Jean, Chrystian Goyens et Allan Turowetz, Ma vie bleu-blanc-rouge, Montréal, Hurtubise HMH, 2005, 355 p. Ill. Préface de Dickie Moore. Avant-propos d’Allan Turowetz. Traduction et adaptation de Christian Tremblay. Édition originale : 1994.

Coucke, Paul, «Le prix du roman policier est décerné à Bertrand Vac», la Patrie, 31 janvier 1956, p. 24.

Dryden, Ken, The Game. A Thoughtful and Provocative Look at a Life in Hockey, Toronto, Macmillan of Canada, 1984, viii/248 p. Nombreuses rééditions et traductions. Édition originale : 1983.

Frayne, Trent, The Mad Men of Hockey, Toronto, McClelland & Stewart Limited, 1974, 191 p. Ill. Autre édition : New York, Dodd, Mead and Company, 1974, 191 p. Ill.

MacGregor, Roy, Wayne Gretzky’s Ghost and Other Tales from a Lifetime in Hockey, Toronto, Random House Canada, 2011, xx/369 p. Ill.