Néologisme numérique du jour

Dan Cohen est un des humanistes numériques que l’Oreille tendue suit avec le plus de plaisir, soit en lisant son blogue, soit en écoutant la baladodiffusion dont il est un des créateurs, Digital Campus, soit en consultant son compte Twitter, @dancohen.

Le 24 mai, sur son blogue, il s’interrogeait sur une nouvelle forme d’écriture sur le Web, qu’il proposait d’appeler blessay. (En fait, le mot avait déjà été proposé par Stephen Fry.) Blessay étant un mot-valise né de blog et de essay, son équivalent français pourrait être blessai (blogue + essai).

De quoi s’agit-il ? Pour Cohen, le blessai est une des formes de la convergence numérique du journalisme et de la recherche.

Ses caractéristiques ? (La traduction-adaptation est de l’Oreille.)

1. Le blessai est plus long qu’un billet de blogue, mais plus court qu’un article savant. Il ferait entre 1000 et 3000 mots.

2. Il est nourri par la recherche et l’analyse, mais il ne le claironne pas («doesn’t rub your nose in it»).

3. Il repose plus sur les ressources du Web que sur celles de la revue savante; par exemple, on y préfère les liens aux notes. Son auteur n’hésite pas à recourir à l’image, à l’audio ou à la vidéo.

4. S’y marient l’expertise et la curiosité. Il est aussi important d’y conclure que d’y suggérer des ouvertures («Conclusive but also suggestive»).

5. Le blessai est destiné à la fois aux spécialistes et au public cultivé («intelligent general audience»). On s’y méfie du jargon, non par populisme mais par souci du bien-écrire.

6. Son lecteur voudra conserver un blessai grâce à Instapaper ou Readability.

7. Son auteur évitera les formules simplistes inspirées de la recherche, par exemple en histoire («Puritains et Wikipédiens, même combat»).

Les commentaires qui suivent ce texte méritent qu’on s’y attache, tant pour les exemples et les modèles évoqués (Montaigne, les Lumières, Hazlitt) que pour la discussion sur le choix du terme pour désigner cette forme (blessay, donc, mais aussi piece, thought piece, intellectual journalism, digital essay, writing ou… essay).

Autopromotion 025 (en quelque sorte)

Le 27 janvier, l’Université du Québec à Montréal, sous la responsabilité de Bertrand Gervais et Simon Brousseau, accueillait une journée d’étude intitulée «Le blogue littéraire : nouvel atelier de l’écrivain». L’Oreille tendue y a participé, notamment dans le cadre de la table ronde sur «La place du blogue dans la recherche académique».

Cette journée a eu des retombées nombreuses.

Jean-Philippe Gravel (All work and no play), Paule Mackrous (Effet de présence) et Amélie Paquet (Dérive explosive) ont mis en ligne le texte de leur intervention.

Daniel Grenier (Saint-Henri) a proposé un «recap» de la journée, et Paule Mackrous (Patty O’Green) celui des agapes qui ont suivi.

L’Oreille a tweeté comme une bête ce jour-là : ses tweets et ceux des autres participants sont disponibles ici (en PDF). Il y en a 227. (Selon Neil Patel, cela devrait faire de l’Oreille un «power user» de Twitter.) Alice van der Klei a fait le même exercice (aussi en PDF).

On peut enfin réentendre toutes les interventions de la journée sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain de l’Université du Québec à Montréal.

Les colloques ne sont plus ce qu’ils étaient.

Autopromotion 022

Demain, le 27 janvier, de 9 h 30 à 16 h, Bertrand Gervais et Simon Brousseau organisent à l’Université du Québec à Montréal une journée d’étude intitulée «Le blogue littéraire : nouvel atelier de l’écrivain».

À 11 h, une table ronde abordera «La place du blogue dans la recherche académique». L’Oreille tendue y sera. Elle reprendra peut-être quelques-unes des choses dites en mars dernier (mais pas seulement).

Le programme de la journée est ici.

Pour suivre les activités sur Twitter : #OICBLOGUE.

 

[Complément du jour]

Pour suivre les activités en temps réel (audio) : le livestream.

L’Oreille tendue : sa vie, son œuvre

Sous ce (modeste) titre, l’Oreille tendue ira tout à l’heure causer blogue devant les étudiants de Mauricio Segura à l’Université de Montréal, dans le cadre de son cours FRA 2710 Exploration des genres (description, en Word, ici).

(Ces étudiants ont d’ailleurs leurs propres blogues — .)

Il sera question de cette ligne du temps, (modestement) inspirée des manuels d’histoire littéraire de Castex et Surer.

Histoire de l’Oreille tendue, à la manière de Castex et Surer

Il sera itou question de quelques blogues / sites amis :

les Notules dominicales de culture domestique (et de villégiature exotique) de Philippe Didion;

C’était bien mieux dans le temps de Jean Dion;

l’Employée aux écritures de Martine Sonnet;

le Tiers livre de François Bon.

(Et de Dooce.com.)

Il sera enfin question de quelques lectures / écoutes / écritures.

Alang, Navneet, «Why The Future of Blogging Starts Now», site Techni, 2 février 2011. http://www.techi.com/2011/02/why-the-future-of-blogging-starts-now/

Allard, Caroline, les Chroniques d’une mère indigne. Une vie sale parsemée de couches bien remplies. À moins que ce ne soit l’inverse, Sillery (Québec), Septentrion, coll. «Hamac-carnets», 2007, 245 p. Ill.

Belkin, Lisa, «Queen of the Mommy Bloggers», The New York Times, 23 février 2011. http://www.nytimes.com/2011/02/27/magazine/27armstrong-t.html?_r=3&pagewanted=all

«Blogs extimes», dans Sur les docks, émission de Stéphane Bonnefoi, France Culture, 18 février 2011. http://www.franceculture.com/emission-sur-les-docks.html-0

Castex, Pierre-Georges et Paul Surer, Manuel des études littéraires françaises V. XIXe siècle, Paris, Hachette, 1950, viii/312 p. Ill.

Berners-Lee, Tim, with Mark Fischetti, Weaving the Web. The Original Design and Ultimate Destiny of the World Wide Web by its Inventor, New York, HarperCollins, coll. «HarperBusiness», 2000, ix/246 p. Ill. Édition originale : 1999.

Clément, Jean, «Hypertexte et fiction : une affaire de liens», dans Jean-Michel Salaün et Christian Vandendorpe (édit.), les Défis de la publication sur le Web : hyperlectures, cybertextes et méta-éditions, Lyon, Presses de l’ENSSIB (École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques), coll. «Référence», 2004, p. 69-86 et 281-282.

Dacos, Marin et Pierre Mounier, l’Édition électronique, Paris, La Découverte, coll. «Repères», 549, 2010, 126 p.

Gervais, Bertrand, «Richard Powers et les technologies de la représentation. Des vices littéraires et de quelques frontières», Alliage. Culture, science, technique, 57-58, 2006, p. 226-237. http://www.archipel.uqam.ca/571/

Gladwell, Malcolm, The Tipping Point. How Little Things Can Make a Big Difference, Boston, New York et Londres, Little, Brown and Company, 2000, 279 p.

Melançon, Benoît, Sevigne@Internet. Remarques sur le courrier électronique et la lettre, Montréal, Fides, coll. «Les grandes conférences», 1996, 57 p. Réimpression numérique : Sevigne@Internet. Remarques sur le courrier électronique et la lettre, Paris, Éditions 00h00.com, 1999, 54 p. Réédition augmentée à paraître en 2011 chez Del Dusso éditeur en format numérique. http://www.mapageweb.umontreal.ca/melancon/sevigne.html

Melançon, Benoît, «Épistol@rités, d’aujourd’hui à hier», Lumen. Travaux choisis de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle. Selected Proceedings from the Canadian Society for Eighteenth-Century Studies, texte à paraître en 2010, 40 p. https://doi.org/10.7202/1012023ar

Ricard, François, «Jean-Paul Petit, écrivain québécois. Extrait de Sexcat et Serur, volume VIIII (recueilli par François Ricard)», Liberté, 134 (23, 2), mars-avril 1981, p. 62-65. https://id.erudit.org/iderudit/60254ac

Vignola, Éric, «Du blogue au livre. Réflexions sur la nature générique du blogue», Montréal, Université de Montréal, mémoire de maîtrise, juillet 2009, x/114 p. https://doi.org/1866/3754

Allons-y.