Autopromotion 860

Gant de baseball du joueur de hockey Maurice Richard

Vers 6 h 20 ce matin, l’Oreille tendue causera baseball et identité nationale dans le cadre de l’émission radiophonique les Matins d’ici (Radio-Canada, Ottawa-Gatineau).

P.-S.—Oui, en effet, c’est dans le prolongement de ceci.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien de ce côté.

L’Oreille a évoqué un texte de George Bowering intitulé «Baseball and the Canadian Imagination» (1986). On peut le lire ici en anglais, en français.

La vidéo des célébrations torontoises peut être vue sur Bluesky.

L’oreille tendue de… Julie Otsuka

Julie Otsuka, Certaines n’avaient jamais vu la mer, 2022, couverture

«Nous faisions ce que nous avions toujours fait, mais rien n’était plus pareil. “Le moindre bruit m’effraie à présent, disait Onatsu. Lorsqu’on frappe à la porte. Que le téléphone sonne. Qu’un chien aboie. Je tends l’oreille pour écouter les pas des gens.” Et chaque fois qu’une voiture inconnue arrivait dans le voisinage, son cœur battait à tout rompre, car elle était sûre que l’heure avait sonné pour son mari.»

Julie Otsuka, Certaines n’avaient jamais vu la mer, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 7120, 2022, 176 p. Traduction de Carine Chichereau. Édition numérique.

Accouplements 267

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Au moment de mourir, le film de notre vie défilerait devant nos yeux, dit-on. Avec Woody Allen et Paul Quarrington, les choses sont un peu plus compliquées.

Pour le premier, dans son monologue «Down South», on s’est trompé de film.

 

«And suddenly my whole life passed before my eyes. I saw myself as a kid again, in Kansas, going to school, swimming at the swimming hole, and fishing, frying up a mess-o-catfish, going down to the general store, getting a piece of gingham for Emmy-Lou. And I realise it’s not my life. They’re gonna hang me in two minutes, the wrong life is passing before my eyes.»

Pour le second, dans son roman King Leary (1987), le film est trop long.

«Poppa Rivers was standing down the hallway.
He was as ancient a bugger as I’d ever seen. He looked like God Almighty had forgot to punch his time clock.
“Christ,” I muttered.
“He’s old,” said Manfred. He was wont to say that sort of thing.
“Old ? If his life flashed in front of his eyes there’d have to be an intermission”» (p. 135).

Tout bien considéré, peut-être vaut-il mieux ne pas mourir.

 

Référence

Quarrington, Paul, King Leary. A Novel, Toronto, Doubleday Canada, 1987, 232 p.

Les religions du hockey

Cara Hedley, Twenty Miles, 2007, couverture

On aime beaucoup dire, au Québec, que le hockey y serait une religion.

Le premier à sérieusement réfléchir à cette association a été Olivier Bauer, d’abord en dirigeant, avec Jean-Marc Barreau, un ouvrage collectif, la Religion du Canadien de Montréal (2009), puis en publiant Une théologie du Canadien de Montréal (2011). Dans l’ouvrage de 2011, il concluait ceci :

la religion du Canadien m’apparaît comme une fausse religion qui vénère un mauvais dieu ou, s’il n’y a qu’un Dieu — ce que je crois —, qui l’adore d’une mauvaise façon. Ce qui, je ne me lasserai jamais de le répéter, ne prive pas le Canadien de tout caractère religieux. Car même une fausse religion est encore une religion (p. 126).

On aime aussi dire que cette religion hockeyistique serait propre au Québec. (S’agissant du hockey, l’Oreille tendue a pondu quelques lignes sur d’autres supposées caractéristiques propres à cette province; c’est ici.)

Comme toujours, les choses sont plus compliquées qu’elles ne le paraissent.

Ouvrons Twenty Miles (2007) de Cara Hedley :

I’ve always known about hockey being the Religion of Canadians. But what about the other side : the hockey atheists, the disbelievers, the half-believers ? I played, so I’d never thought to look in that direction. The ones sitting on the fence. Jacob made it sound like I was headed to Hell (p. 116).

S’il existe une religion du hockey, cela suppose la présence d’athées («atheists»), de mécréants («disbelievers»), de demi-croyants («half-believers»), d’indécis («The ones sitting on the fence») et de l’enfer («Hell»). On notera surtout que cette religion serait celle des Canadiens («the Religion of Canadians»), pas seulement celle des Québécois.

L’Oreille est désolée de s’en prendre une fois de plus à un mythe national.

 

Références

Bauer, Olivier et Jean-Marc Barreau (édit.), la Religion du Canadien de Montréal, Montréal, Fides, 2009, 182 p. Ill.

Bauer, Olivier, Une théologie du Canadien de Montréal, Montréal, Bayard Canada, coll. «Religions et société», 2011, 214 p. Ill.

Hedley, Cara, Twenty Miles, Toronto, Coach House Books, 2007, 205 p.

Melançon, Benoît, «Au Québec, c’est comme ça qu’on joue», le Devoir, 4 mars 2025.

Autopromotion 832

Stéphanie Bernier et Michel Biron (édit.), Une écriture en mouvement, 2025, couverture

L’Oreille tendue vient de faire une rechute : elle a encore écrit un texte sur la lettre.

Ça se trouve dans le volume collectif suivant :

Bernier, Stéphanie et Michel Biron (édit.), Une écriture en mouvement. Les correspondances d’écrivains francophones au Canada, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, coll. «Archives des lettres canadiennes», XVIII, 2025, 548 p.

Table des matières

Bernier, Stéphanie et Michel Biron, «Introduction : écrire / à autrui», p. 1-12.

Bartlett-Jeffrey, Lucie, «Vivre le territoire : la Nouvelle-France de Marie Guyart», p. 12-43.

Gill, Louis-Serge, «“Vivre d’abord, écrire ensuite” : matérialité et expérience de la littérature dans la correspondance entre Octave Crémazie et Henri-Raymond Casgrain», p. 45-68.

Livernois, Jonathan, «Arthur Buies, correspondant littéraire ?», p. 69-87.

Hébert, Pierre, «“Un communisme dont le Christ serait l’inspirateur” : dissonance politique dans la correspondance entre Louis Dantin et Jean Bruchési», p. 89-125.

Bernier, Stéphanie, «Écrire en communauté : la correspondance amicale d’Alfred DesRochers», p. 127-154.

Rannaud, Adrien, «“Je me suis fait la plume en vous écrivant” : amour et écriture dans les lettres de Michelle Le Normand à Léo-Paul Desrosiers», p. 155-178.

Biron, Michel, «Saint-Denys Garneau et ses lettres quasi romanesques», p. 179-208.

Watteyne, Nathalie, «Anne Hébert, une correspondance de l’apprentissage», p. 209-225.

Bédard, Mylène, «De l’amitié littéraire entre femmes : les correspondances de Gabrielle Roy et de Marie-Claire Blais avec Jeanne Lapointe», p. 227-258.

Marcotte, Sophie, «Liens forts et liens faibles dans la correspondance de Gabrielle Roy», p. 259-278.

Lapointe, Gilles, «Borduas à Provincetown ou La lettre d’amour laissée dans le sable», p. 279-319.

Maltais, François, «Les chemins épistolaires de l’inquiétude : la correspondance d’Hubert Aquin et de Louis-Georges Carrier (1951-1977)», p. 321-359.

Murphy, Susan Margaret, «Jacques Ferron et Jean Marcel malgré eux : l’écrivain et son critique (1965-1985)», p. 361-400.

Lamonde, Yvan, «Des fils de trame et des fils de chaîne : lettres de Pierre Vadeboncoeur», p. 401-426.

Dumont, François, «Jacques Brault et l’esprit de la lettre», p. 427-446.

Brun del Re, Ariane et Pénélope Cormier, «La mobilité institutionnelle de l’artiste en milieu minoritaire : France Daigle et la fermeture des Éditions d’Acadie», p. 447-472.

Jeannotte, Marie-Hélène, «S’écrire pour mieux vivre ensemble : épistémologie relationnelle des correspondances autochtones au Québec (XIXe-XXIe siècles)», p. 473-501.

Melançon, Benoît, «L’annonce de la mort de la lettre est tout à fait exagérée», p. 503-517.

Huchon, Cassandre, «Bibliographie des éditions de correspondances littéraires au Québec et au Canada français», p. 519-537.