À l’aide !

Il était question avant-hier de Frédéric Lord. Rebelote.

Le 25 juin, pendant un match de l’Euro, Lord a évoqué un barbier, sans être sûr de savoir de qui ledit barbier avait coupé les cheveux. «On va mettre un homme là-dessus», conclut-il.

Dans le français populaire du Québec, qui dit vouloir mettre un homme là-dessus annonce, sur le mode plaisant, qu’il a besoin d’aide.

L’expression a donné son titre à une chanson de Richard Desjardins en 1993, «M’as mettre un homme là-dessus». Extrait :

Pour moi y s’est faite manger par la souffleuse
Ou par le gars d’l’autre bord de la rue.
Toute cette affaire est nébuleuse.
M’as mettre un homme
M’as mettre un homme
M’as mettre un homme là-dessus.

À votre service.

 

N’en soyez pas un, si possible

Québec Redneck Bluegrass Project, J’ai bu, 2020, couverture

L’échelle de la bêtise, dans le français populaire du Québec, ne manque pas de barreaux; on en a déjà vu plusieurs exemples.

Ajout du jour : le taouin, en ses deux graphies (au moins).

Le Wiktionnaire le donne comme synonyme de jigon, tarla et toton, en deux graphies : taouin, tawin. Ce n’est pas un compliment.

Étienne Tremblay (p. 234) et Fabien Cloutier (p. 85) optent pour la première.

Yan Hamel (p. 72) et le Québec Redneck Bluegrass Project (p. 52), pour la seconde.

C’est comme ça.

 

Références

Cloutier, Fabien, l’Allégorie du tiroir à ustensiles. Chroniques et monologues pour se replonger dans les années 2018-2022, Montréal, Lux éditeur, 2022, 224 p. Dessins de Samuel Cantin.

Hamel, Yan, Paris en miettes, Montréal, Boréal, coll. «Liberté grande», 2023, 205 p. Ill.

Québec Redneck Bluegrass Project, J’ai bu, Spectacles Bonzaï et Québec Redneck Bluegrass Project, 2020, 239 p. Ill. Avec un cédérom audio.

Tremblay, Étienne, le Plein d’ordinaire. Roman, Montréal, Les Herbes rouges, 2023, 315 p.

Du bozo

Bozo le clown, 1961, photo déposée sur Wikimedia Commons

Soit la phrase suivante, tirée de la Presse+ du 30 janvier 2024 :

N’importe quel bozo peut désormais télécharger une application sur son iPhone pour réaliser en vitesse une vidéo porno, hypertruquée mais hyperréaliste, mettant en scène l’objet de ses fantasmes.

Qui est donc ce «bozo» ? Dans la langue populaire du Québec, ce mot, emprunté à l’anglais, désigne quelqu’un qui se tient sur un des barreaux de l’échelle de la bêtise, Il est souvent connoté négativement : on pourra apprécier le ti-coune; pour le bozo, c’est plus difficile. C’est ce qu’indique l’exemple ci-dessus.

Il existe (au moins) deux exceptions : le personnage qui a donné son titre à la chanson «Bozo-les-Culottes», de Raymond Lévesque, et Bozo le clown devaient attirer la sympathie, sans toutefois se démarquer ni l’un ni l’autre sur le plan des compétences intellectuelles. S’agissant de la chanson, tout le monde n’était pas d’accord avec une lecture bienveillante.

 

Illustration : Bozo le clown, 1961, photo déposée sur Wikimedia Commons