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En 2017, sur Twitter, @rafov74 et @JulienLefortF s’inquiétaient.

Deux tweets sur «être sur son x»

Être sur son x ? L’expression existe depuis quelques années et elle est appréciée des chroniqueurs culturels et autres omnicommentateurs aussi bien que des gestionnaires et des artistes.

Son sens ? «Être exactement à l’endroit où l’on veut être dans sa vie, autant personnellement que professionnellement, c’est ça, être sur son X» (les Inspirés, 5 octobre 2015).

Un synonyme (surtout sportif) ? Être dans la bonne chaise.

Un danger ? Perdre son x. Heureusement, le chanteur Louis-Jean Cormier vient de retrouver le sien.

 

[Complément du 27 mars 2021]

Le x, pour certains, est une destination : «C’est un cliché, certes, mais Solange Drouin décide de l’assumer : en se joignant à l’ADISQ, en 1992, elle est arrivée sur son X» (la Presse+, 27 mars 2021).

L’oreille tendue de… Plume Latraverse

Plume Latraverse, Métamorphoses. Tome 1, 1982, pochette

«Écoutez tous avec élan
Ce que j’vous raconte à l’instant
J’crierai pas fort, j’vas mordre personne
J’essaye quèqu’ chose jus’ pour le fun
J’vous arrach’rai pas les tympas
Tendez vot’ oreille en avant
J’vas dire quèqu’ chose de pas mal laid
Faudrait pas qu’ma mère m’entendrait…»

Plume Latraverse, «Les humains» (1982), dans Tout Plume (…ou presque), Montréal, Typo, 2014, 448 p. Édition numérique.

Faire voir Ella     

Ella Fitzgerald. Les sessions photographiques de Jean-Pierre Leloir, 2019, couverture

Jean-Pierre Leloir (1931-2010) était photographe. Accompagné de sa femme Arlette, il aimait saisir le monde du spectacle, notamment celui du jazz, particulièrement celui d’Ella Fitzgerald. Il conservait ses agendas et il classait avec soin ses photos; il y avait de l’archiviste en lui. Il aimait le noir et blanc, mais pas que.

Ses Sessions photographiques consacrées à la First Lady of Song et à ses musiciens, que rassemblent les éditions Glénat dans un album de grand format (27,5 cm par 33), sont splendides. Des années 1950 à novembre 1980, il a photographié Ella Fitzgerald dans ses tournées européennes, d’abord en France (Paris, Antibes Juan-les-Pins, Cannes, Grenoble, Nice). Prenez la photo de la page 115, au Théâtre des Champs-Élysées, le 20 mars 1965 : Fitzgerald porte une perruque blonde, pour honorer la mémoire de Dinah Washington (p. 58), les yeux fermés, la bouche ouverte, le visage couvert de sueur, le micro à bout de bras; c’est la même Ella Fitzgerald et une autre.

Certaines photos de Leloir seront reprises sur des pochettes, Ella & Duke at The Côte d’Azur (p. 138-139) ou Ella Fitzgerald. The First Lady of Song. Vol. I (p. 164-165). Le photographe savait s’approcher de ses sujets au plus près, qu’il s’agisse d’Ella Fitzgerald ou de Duke Ellington. L’album est précis, et rondement mené, sur la carrière de Fitzgerald; s’agissant de Leloir, le texte aurait pu être plus détaillé. On aurait aimé en savoir plus, devant un œil si pénétrant.

Le parcours proposé par Jean-Michel Boissier dans ses textes est chronologique, interrompu par de courtes proses explicatives : sur «La révolution du microsillon» (p. 22), sur le scat (p. 86), sur la différence entre l’oreille absolue et l’oreille relative («elle a l’oreille relative absolue», p. 172).

Le fan d’Ella Fitzgerald est ravi.

P.-S.—On doit aussi à Jean-Pierre Leloir des Sessions photographiques consacrées à Miles Davis (2018).

P.-P.-S.—Un esprit tatillon, l’Oreille tendue, par exemple, pourrait demander aux concepteurs de l’ouvrage si, page 69, la photo représente bel et bien Oscar Peterson. Le pianiste qu’on voit sur la photo n’est-il pas blanc, contrairement à Peterson ?

 

Référence

Ella Fitzgerald. Les sessions photographiques de Jean-Pierre Leloir, Grenoble, Glénat, 2019, 191 p. Textes de Jean-Michel Boissier. Préface de Marion Leloir.