Le livre de tous

Un lecteur assidu de l’Oreille tendue se promenait l’autre jour en voiture. Dans une émission radiophonique consacrée au sport, son oreille a été attirée par une expression qu’il croyait disparue : dans mon livre à moi.

Le sens en est facile à résumer : selon moi.

Deux exemples journalistiques : «Dans mon livre, tout ce qui sort de Tôt ou tard mérite écoute attentive» (le Devoir, 1er-2 février 2003); «Dans mon livre à moi, un auteur peut prendre des libertés quant aux conventions et aux rôles de chacun, peu importe l’endroit» (le Soleil, 27 octobre 2012, cahier Arts magazine, p. A4).

Un exemple cinémato-télévisuel : «Dans mon livre à moi» (Stan, les Boys).

On peut le voir par l’exemple du Devoir : «Dans mon livre» est synonyme de «Dans mon livre à moi». Cette réduction de la formule peut toutefois être source de confusion quand, comme l’Oreille, on fréquente des gens qui écrivent des livres. Lorsqu’ils disent «Dans mon livre», parlent-ils d’un texte qu’ils ont écrit ou de leur opinion personnelle érigée en valeur universelle ?

On pourrait être troublé à moins.

Réjean Ducharme, de force

Réjean Ducharme, l’Hiver de force, éd. de 1984, couverture

Aux yeux de l’Oreille, Réjean Ducharme est, avec Mordecai Richler, un des deux plus grands romanciers du Québec.

Parmi ses œuvres, en 1973, l’Hiver de force. La preuve du succès de ce roman, du moins dans la langue ?

«L’hiver de force constitutionnel a assez duré» (Pauline Marois, le Devoir, 17 avril 2012, p. A9).

«Un hiver de force. L’état des médias un an après les soulèvements populaires dans les pays arabes» (le Devoir, 3 mai 2012, p. A1).

«L’histoire d’un père seul et ultra-protecteur avec sa fille dans un hiver de force qu’on envie presque en cette journée de chaleur accablante…» (le Devoir, 21 juin 2012, p. B7).

Quand hiver ne se suffit plus, quand de force lui est adjoint automatiquement, c’est le signe de la force d’une expression (devenue) figée, qu’elle ait un sens ou pas.

 

[Complément du 13 juillet 2012]

En 1966, Ducharme publie l’Avalée des avalés. En première page de la Presse aujourd’hui : «TMX, l’avaleur des avalés.»

 

[Complément du 13 janvier 2014]

Sur Twitter, aujourd’hui : «Il serait peut-être temps d’en finir avec l’hiver de force. #chroniquefd http://bit.ly/1eP1vqs» (@FabienDeglise).

 

[Complément du 17 janvier 2014]

Dans la Presse du 11 janvier 2014, en titre : «Hiver de force» (cahier Arts, p. 2).

 

[Complément du 26 septembre 2014]

«Devant la rigueur du climat, l’austérité du paysage, il est impossible de se fuir soi-même, vain d’espérer se distraire, s’oublier, se défiler. Dans cet hiver de force, il faudra bien que le protagoniste affronte ses démons, sonde ses limites, apprivoise ses qualités et ses défauts» (Christian Saint-Pierre, «Théâtre. Hiver de force», le Devoir, 25 septembre 2014, p. B7).

 

[Complément du 8 décembre 2014]

En titre, dans la Presse+ du jour, pour un article sur l’offre d’hydro-électricité dans le nord-est de l’Amérique du Nord durant l’hiver 2015 : «L’hiver de force.»

 

[Complément du 15 février 2015]

Grosse journée Ducharme hier dans les journaux montréalais. «L’hiver de force, mais pas forcément l’hiver», titrait le Devoir (p. C9). «Les 120 premiers jours suivant la greffe sont comme un hiver de force […]», pouvait-on lire dans la Presse (p. A8).

 

[Complément du 12 avril 2015]

C’est d’abord un sous-titre dans un texte signé Ianik Marcil : «L’hiver de force» (2015, p. 8). Puis, à la page suivante, c’est une affirmation : «C’est l’hiver qu’on nous impose de force» (p. 9).

 

[Complément du 26 avril 2015]

Un duo catalan dansera à Montréal sous peu : «Hiver de force», titre le Devoir (25-26 avril 2015, p. E6).

 

[Complément du 19 mai 2015]

Citer Ducharme, tout en prenant savamment ses distances ? Bien sûr : «Mais une rue de janvier à peine recouverte d’une mince couche blanche, qui peut y croire, surtout après la saison de force qu’on vient de subir ?» (le Devoir, 19 mai 2015, p. B8).

 

[Complément du 29 mai 2015]

Dans le Devoir du jour, rubrique Vins (p. B6), s’agissant d’un blanc : «À faire rigoler l’été en attendant l’hiver de force.»

 

[Complément du 5 juin 2015]

«Fin d’un hiver de force

Le suspense ne finit plus de rebondir dans cette singulière série, qui nous a entraînés dans des recoins joyeusement inattendus. On se demande bien ce que nous réserve le dernier épisode de cet hiver de force dans le petit monde étrange de ces deux scénaristes pas si ratés que ça. Ils nous manquent déjà…

Série Noire, Radio-Canada, 21h» (le Devoir, 31 mars 2014, p. B7).

 

[Complément du 26 décembre 2015]

S’il faut en croire la rumeur publique (planétaire), un nouvel épisode de la saga Star Wars aurait été lancé récemment. Le titre ci-dessous, tiré du Magazine Cineplex, pourrait étonner un esprit non averti. (Merci à @machinaecrire pour l’image.)

Magazine Cineplex, 2015

 

 

[Complément du 23 août 2017]

Réjean Ducharme vient de mourir. Dans la Presse+ du jour : «La mort de force.» Puis, sur Twitter :

 

[Complément du 27 août 2017]

Dans le Devoir

du 23 août : «C’est aussi un grand styliste, un géant, un monument de la littérature québécoise, qui est entré de force dans le froid d’un hiver éternel, un être singulier jusqu’au bout, qui a laissé sa marque sur tout un peuple, ont salué en chœur plusieurs personnalités touchées mardi par la mort du romancier Réjean Ducharme.»

…du 26 août : «Réjean Ducharme, entré dans l’éternité d’un hiver de force, aura été tout ça dans les 76 années d’une vie qui a pris fin au début de cette semaine.»

 

[Complément du 2 février 2018]

Prise du jour, gracieuseté de @revi_redac : «Kalina Bertin avait 5 ans la première fois qu’elle a mis les pieds au Québec. C’était en février, au plus creux de l’hiver de force» (la Presse+).

 

[Complément du 13 février 2018]

On l’a vu le 12 juillet 2012 : il n’y a pas que l’Hiver de force dans la vie. Dans la section «Affaires» de la Presse+ du jour, ce titre : «La valeur de l’avalée

 

[Complément du 25 février 2018]

Dans la Presse+ du jour :

«Hiver de force», la Presse+, 25 février 2018

 

[Complément du 13 mai 2018]

Le Devoir de cette fin de semaine rend compte de l’ouvrage Porn Valley. Une saison dans l’industrie la plus décriée de Californie, de Laureen Ortiz. «Dans la vallée des avalés», titre le quotidien (D magazine, 12-13 mai 2018, p. 26).

 

[Complément du 3 juin 2018]

Dans la Presse+ du jour : «Après la mort de sa compagne, Ducharme s’est fait plus rare. Ce fut son hiver de force.»

 

[Complément du 5 juin 2018]

L’Oreille tendue fait du ménage. Elle tombe sur un article du Devoir du 14 avril 2008. Son titre ? «Un 401e hiver de force pour le Québec» (p. A6).

 

[Complément du 17 juin 2018]

Lu dans la Presse+ du jour : «Le libraire Maxime Nadeau donne rendez-vous aux amateurs de littérature à CIBL 101,5 FM dès le 22 juin à 8 h. Il animera l’émission radiophonique Libraire de force (Ducharme, quand tu nous tiens !) qui traitera de roman, essai, poésie, BD, jeunesse, théâtre.»

 

[Complément du 10 mars 2019]

Ceci, de la rubrique pinard du Devoir de cette fin de semaine : «Voilà qu’il n’est nul besoin d’une hirondelle pour annoncer le printemps qui peine à venir quand ce blanc sec se faufile entre vous et cet hiver de force (merci Réjean) qui est le nôtre.»

 

Références

Ducharme, Réjean, l’Avalée des avalés. Roman, Paris, Gallimard, 1966, 281 p. Rééd. : Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1393, 1982, 379 p.

Ducharme, Réjean, l’Hiver de force. Récit, Paris, Gallimard, 1973, 282 p. Rééd. : Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1622, 1984, 273 p.

Marcil, Ianik, «Introduction. La privatisation tranquille», dans Ianik Marcil (édit.), 11 brefs essais contre l’austérité. Pour stopper le saccage planifié de l’État, Montréal, Somme toute, 2015, p. 7-21.

Actualité de Rousseau

Parc Jean-Jacques-Rousseau, Montréal

«La gloire est chose passagère
Le monde est toujours à refaire
Et moi j’ai mordu la poussière
Je suis un homme tout nu»
Robert Charlebois,
«Les rêveries du promeneur solitaire» (1983)

 

Il y a quelques jours, l’Oreille tendue participait à un colloque (genevois) sur «Amis et ennemis de Jean-Jacques Rousseau». On s’y est intéressé aux disciples comme aux détracteurs de l’auteur, du XVIIIe au XXIe siècle. Le Rousseau des Québécois d’aujourd’hui n’a pas été abordé, mais cela aurait été possible.

Exemples.

Parmi les pancartes des étudiants québécois mécontents de la hausse des droits de scolarité universitaires décidée par le gouvernement, ainsi que de la loi dite «78» promulguée par lui, une cite précisément, guillemets à l’appui, mais sans indication de sources, «le citoyen de Genève» :

«Les lois
sont toujours
utiles à ceux
qui possèdent
et nuisibles
à ceux qui n’ont rien»
Rousseau
dit non (le Devoir, 26-27 mai 2012, p. F2)

Ce Rousseau-là, qui dit «dit non» à la hausse et qui porte le carré rouge des étudiants en grève, est celui du Contrat social (1762, livre premier, neuvième chapitre, «Du domaine réel», note).

C’est le même ouvrage qui nourrit la réflexion de l’Office national du film (ONF) du Canada :

L’ONF […] produit de son côté un essai interactif, Rouge au carré, une série de 22 tableaux interactifs inspirés du contrat social de Jean-Jacques Rousseau et produits en collaboration avec l’École de la Montagne rouge et Commun, une agence de création montréalaise (la Presse, 18 juin 2012, cahier Arts, p. 6).

Ce projet doit être dévoilé le 22 juin, jour prévu de manifestation en appui aux étudiants.

Enfin, les pages du quotidien le Devoir ne manquent pas d’allusions à Rousseau, liées directement ou pas aux prises de position étudiantes. Des étudiants et des universités demandent aux tribunaux d’intervenir dans la grève ? «Il n’y a pas à en douter, Rousseau s’opposerait à une conception de l’éducation contrainte à coups de sentences et d’injonctions», affirme un philosophe (21-22 avril 2012, p. F1). Un professeur s’interroge sur «la corrélation […] entre l’élévation dans l’échelle sociale et les comportements contraires à l’éthique» ? Il cite deux fois l’auteur du Discours sur l’inégalité (5 mars 2012, p. A6). Le mouvement «Occupy» prend de l’ampleur ? «Jean-Jacques Rousseau aurait campé avec les indignés», titre le journal (4-5 février 2012, p. B6).

Voilà un écrivain des Lumières qui ne paraît avoir que des amis ces jours-ci au Québec.

P.-S. — L’exception qui confirme la règle ? En réponse au texte «Jean-Jacques Rousseau aurait campé avec les indignés», un lecteur du Devoir traite l’écrivain de «squatteur», mais de squatteur des riches au crochet desquels il aurait vécu (7 février 2012, p. A8). Il n’y a rien à faire : Rousseau ne fait jamais l’unanimité.

 

[Complément du 29 octobre 2021]

L’Oreille tendue a continué à réfléchir à cette question. La preuve ?

Melançon, Benoît, «Jean-Jacques Rousseau au Québec en 2019», Sens public, revue numérique, 30 septembre 2019; repris, sous le titre «Voltaire, Rousseau et les autres, au Québec», dans Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, p. 15-34. http://sens-public.org/article1433.html

Images de Butch

[Lecteur, si tu ne t’intéresses pas aux relations du sport et de la culture, passe ton chemin.]

Émile «Butch» Bouchard, l’ex-défenseur des Canadiens de Montréal — c’est du hockey — de 1941 à 1956, est mort le 14 avril; il était né en 1919. Il n’occupe pas, dans les représentations culturelles de ce sport, la même place que Maurice Richard, Jean Béliveau ou Guy Lafleur, voire que Lorne Worsley, mais il a néanmoins été objet de discours.

C’est le cinéma qui lui a accordé le plus de place. Il apparaît notamment dans des films de Gérard Pelletier (Passe-partout : «Le sport est-il trop commercialisé ?», 1955), de Gilles Gascon (Peut-être Maurice Richard, 1971), de Jacques Payette (le Rocket / The Rocket, 1998) et de Karl Parent et Claude Sauvé (Maurice Rocket Richard, 1998). Deux autres films méritent d’être présentés un peu plus longuement.

Parmi les lieux communs les plus récurrents sur l’histoire du hockey à Montréal, on trouve celui de l’exploitation économique des joueurs (souvent francophones) par leurs patrons (souvent anglophones). Un exemple parmi cent : «Maurice Richard était sous-payé et exploité parce qu’il était canadien-français», écrit Normand Lester en 2003 (p. 10). Les joueurs auraient été victimes de leurs employeurs. On peut relativiser ce type de jugement, et les déclarations filmées d’Émile Bouchard y contribuent.

S’il est vrai que Maurice Richard n’a pas toujours été payé à sa valeur (marchande) du temps qu’il était joueur, il ne faudrait pas oublier que son origine ethnique n’était peut-être pas la seule cause de cet état de fait. À l’époque de Richard, il y a eu au moins un joueur mieux payé que lui chez les Canadiens de Montréal, mais c’était lui aussi un Canadien français, Jean Béliveau, qui rappelle le fait dans ses Mémoires en 2005. Il y a donc lieu de se demander quelle est la part de responsabilité des joueurs eux-mêmes dans les négociations de travail.

Dans Maurice Richard. Histoire d’un Canadien / The Maurice Rocket Richard Story (1999), Jean-Claude Lord et Pauline Payette donnent la parole à l’ancien numéro 3 des Canadiens : «Dans ce temps-là, on était imbéciles», affirme-t-il. Pourquoi ? Parce que les joueurs ne discutaient pas entre eux de leur salaire, ce qui les privait du pouvoir de négocier. Arrive cependant le début de la saison 1947 : constatant qu’il y avait «un peu d’abus», Bouchard et Richard décident de faire «front commun» pour négocier leur contrat. Certains iront jusqu’à parler de grève. La leçon se sera pas immédiatement entendue ni par eux ni par leurs coéquipiers : Bouchard et Richard n’obtiendront pas gain de cause; les joueurs ne se rassembleront en syndicat que bien plus tard. Pourtant, quelque chose était peut-être en train de changer.

Maurice Richard. Histoire d’un Canadien est un docudrame; Maurice Richard / The Rocket (2005), de Charles Binamé, est une fiction. Le personnage de Bouchard, joué par Patrice Robitaille, fait partie d’une série de personnages qui déterminent, plus qu’il ne le fait lui-même, les choix, sur la glace et hors de celle-ci, de Maurice Richard : sa femme, son entraîneur, Dick Irvin (d’abord et avant tout), son directeur gérant, Frank Selke, un représentant syndical, son coiffeur, son nègre (Richard était joueurnaliste à ses heures). C’est son entourage qui dicte quoi faire au Rocket.

Cela est parfaitement clair quand il est question du statut social de Richard. Binamé propose une interprétation clairement nationaliste de la carrière de celui-ci. Richard est moqué à Montréal comme ailleurs parce qu’il ne parle pas anglais, lui qui est entouré d’anglophones, la plupart du temps en position d’autorité, qui ne lui veulent pas que du bien : le patron de l’usine où, jeune homme, il travaille, Dick Irvin, Frank Selke ou Clarence Campbell, le président de la Ligue nationale de hockey. Maurice Richard serait leur victime parce qu’il est canadien-français.

C’est le personnage d’Émile Bouchard qui, dans le film, est chargé de faire comprendre à Richard ce qu’il est pour les siens, et quelles responsabilités cela entraîne. La scène se déroule dans un train, la nuit, et Bouchard déclare ce qui suit à son coéquipier : «Toi, faut qu’tu donnes un sens à c’que tu fais.» On peut s’interroger sur le réalisme supposé de cet échange, mais il est reste que Binamé, comme Lord et Payette, fait d’Émile Bouchard la voix de l’affirmation des joueurs contre ceux qui les emploient. Voilà un leader.

Émile «Butch» Bouchard

Mais il n’y a pas que le cinéma.

Butch Bouchard est présent dans cinq chansons. On y vante ses talents de passeur : «Quand sur une passe de Butch Bouchard i prenait le puck derrière ses goals» (Pierre Létourneau, «Maurice Richard», 1970); «Butch Bouchard à Savard vers Béliveau» (Loco Locass, «Le but», 2009). On apprécie la qualité de son jeu défensif : «Avec Butch à leurs côtés / Les goals seront bien gardés» (Denise Émond, «La chanson des étoiles du hockey», 1956). On notera qu’il n’est jamais représenté seul : «Maurice Richard qui part avec grand Butch Bouchard» (La famille Soucy, «Le club de hockey Canadien», 1954); «Morenz Joliat pis les deux Richard / Bonin Béliveau pis Geoffrion / Sans oublier not’Butch Bouchard / Hourra pour nos champions» (Oswald, «Les sports», 1960). Émile Bouchard, capitaine des Canadiens de 1948 à 1956, était, encore et toujours, un joueur d’équipe.

La peinture, à l’exception de Bernard Racicot, ne s’est guère intéressée à Bouchard. En matière de sculpture — on se souviendra qu’il y a quatre statues de Maurice Richard à Montréal —, ce n’est guère mieux : une fresque en sept scènes, signée Jules Lasalle, orne la façade de l’aréna Émile-Butch-Bouchard de Longueuil. L’Oreille tendue ne connaît qu’un roman où il est question de Bouchard, la Poussière du temps (2005), de Michel David, mais c’est pour son restaurant, rue De Montigny, à Montréal (p. 400). Bill Templeman semble être le seul poète à avoir chanté le joueur, sur le mode de la nostalgie : «It used to be a game of skill and grace when the Rocket played / along with Geoffrion and Bouchard. Now it is a game of thugs» (p. 194). La bande dessinée ? Sur la couverture de la Patinoire en folie de Pierre Huet (2011), un personnage ressemble fort à Bouchard; il ne réapparaîtra pas dans l’intrigue.

Émile «Butch» Bouchard en bande dessinée

D’autres joueurs ont occupé plus de place qu’Émile Bouchard dans la culture québécoise. Il en a pourtant une, marquée par sa contribution à son équipe, à ses coéquipiers et à son sport, plus que par ses exploits personnels.

P.-S. — L’Oreille tendue a donné un entretien sur ces questions à Franco Nuovo, à la radio de Radio-Canada, le 15 avril. On peut l’entendre ici.

 

Références

Béliveau, Jean, avec Chrys Goyens et Allan Turowetz, Jean Béliveau. My Life in Hockey, Vancouver, Greystone Books, 2005, xii/312 p. Ill. Foreword by Wayne Gretzky. Introduction by Allan Turowetz. Traduction : Ma vie bleu-blanc-rouge, Montréal, Hurtubise HMH, 2005, 355 p. Ill. Préface de Dickie Moore. Avant-propos d’Allan Turowetz. Traduction et adaptation de Christian Tremblay.Édition originale : 1994.

David, Michel, la Poussière du temps. Tome I. Rue de la Glacière, Montréal, Hurtubise HMH, 2005, 456 p.

Huet, Pierre, la Patinoire en folie, Montréal, Les 400 coups, coll. «Strips», 2011, 62 p. Avec la participation de Patrick Moerell.

Lester, Normand, «1. La discrimination dans le sport. Maurice Richard : la fierté d’un peuple», dans le Livre noir du Canada anglais 3, Montréal, Les Intouchables, 2003, p. 14-26.

Templeman, Bill, «They Don’t Play Hockey Here Any More : The Montreal Forum’s Chief Ghost Meditates Upon the History of the Game», dans Dale Jacobs (édit.), Ice. New Writing on Hockey. A Collection of Poems, Essays, and Short Stories, Edmonton, Spotted Cow Press, 1999, p. 194-197.

Sur le Web

Émile «Butch» Bouchard

Exposition Bienvenue Chez Butch Bouchard !

Temple de la renommée du hockey (Toronto)

Wikipédia

Les zeugmes des lecteurs et du dimanche matin

Deuxième livraison de zeugmes repérés ou créés par les lecteurs de l’Oreille tendue; la première est ici.

I

«Je ne suis pas certaine que j’avais déjà une poitrine et un avenir
Juste un livre sous le bras»

Jennifer Tremblay et Normand Cousineau, De la ville, il ne me reste que toi, Les éditions de la bagnole, 2011, non paginé.

Merci à @ljodoin.

II

«Il lui demanda si elle avait repris du poil de la bête. Elle lui répondit que, quitte à choisir, elle préférait finalement reprendre du thé» (@Centquarante, 11 février 2012).

À @desrosiers_j, qui se demandait s’il s’agissait d’un «zeugme écartelé», @Centquarante confirma : «D’un geste un rien brutal, il écartela un zeugme. Puis, il reprit son activité ordinaire de bourreau des mots.»

III

«à Épinay-sur-Orge, je dus lui donner un coup sur l’épaule pour le faire descendre de son rêve et sur le quai» (Gaston Leroux, le Mystère de la chambre jaune).

Merci à @JeanSylvainDube.

IV

Saint-Valentin oblige, cette photo, de Woody Allen et Romy Schneider (Paris, 1964), a circulé sur Twitter.

Baiser de Woody Allen

Commentaire de @beloamig_ : «Il l’embrasse non seulement sur une échelle, mais sur la bouche aussi.»

 

(Une définition du zeugme ? Par .)