Le niveau baisse ! (1936)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«D’autre part, comme le remarque si justement M. J. Lahargue, “il y a dans l’acquis scolaire un déchet considérable manifesté par une chute de niveau que nous exprimerions ainsi : les élèves qui étaient au niveau du cours moyen (parfois, rarement, du cours supérieur) sont redescendus jusqu’au cours élémentaire; ceux, trop nombreux, qui n’avaient pas dépassé le cours élémentaire, sont retombés au cours préparatoire”. Cette dégradation rapide du savoir que tous les maîtres connaissent et déplorent mérite de retenir notre attention.»

Source : A. Dumonteille, inspecteur de l’Enseignement primaire, dans l’École et la vie, 7 mars 1936, cité par @TractLinguistes

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge, éd. de 1942, couverture

«Tous deux, au même moment, tendirent l’oreille. On percevait un bruit anormal, dont il était difficile de préciser la provenance. Enfin ils se tournèrent vers la porte qui communiquait avec le réduit voisin.

C’était Mme Flament qui pleurait, toute seule dans son coin, à petits sanglots réguliers, les deux bras repliés sur sa machine à écrire, le visage dans les bras.»

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 329-448 et 1539-1551, p. 394. Édition originale : 1942. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

Le niveau baisse ! (1951)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«les maux dont souffre l’Université actuelle, et qui ne sauraient se prolonger sans péril, se répartissent sous deux ordres.

Le premier mal, qui éclate à tous les yeux, qui s’accuse chaque jour comme une sorte de scandale et que les maîtres sentent peser sur eux comme une espèce de condamnation, c’est la baisse du niveau et de la qualité des études. Baisse relative, pour sûr — et l’on sait bien que la comparaison serait écrasante entre le bachelier d’aujourd’hui et celui du siecle dernier. Mais baisse absolue, en quelque sorte, et qui n’a pas besoin de comparaison chronologique pour apparaître, tellement l’état intellectuel de l’élève courant se situe au-dessous du plus pauvre minimum. L’école primaire présente au lycée, en priant qu’on ne regarde pas trop à l’orthographe, des enfants qui vont faire du latin ou des langues sans savoir distinguer un attribut d’un complément. Les grands élèves du secondaire cultivent le contresens, et pas seulement dans la version latine : les textes français eux-mêmes leur deviennent incompréhensibles.»

Source : la Croix, 15 février 1951, cité par @TractLinguistes

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, Malempin, 1940, couverture

«On a beaucoup parlé d’argent. Peut-être cela arrivait-il aussi souvent jadis ? C’est probable, étant donné la situation difficile de mes parents qui avaient entrepris au-dessus de leurs moyens. Mais maintenant je tendais l’oreille. Le mot argent avait un sens nouveau et je tressaillais à chaque fois.»

Georges Simenon, Malempin. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 223-328 et 1526-1539, p. 297. Édition originale : 1940. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

L’oreille tendue de… Kev Lambert

Kev Lambert, les Sentiers de neige, 2024, couverture

«Avec les néons du plafond allumés, l’eau de l’aquarium paraît encore plus verte. La douillette d’Olivier git éventrée sur le sofa. Personne en vue. On s’approche prudemment des chambres du fond et on tend l’oreille. Geneviève et Oli sont en haut, dans le salon, on les a vus avant de descendre. Damien doit être aux toilettes, ça lui prend toujours une heure avant de sortir. La chambre rose de Geneviève est vide.»

Kev Lambert, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p., p. 217.