L’oreille tendue de… Daniel Grenier

Daniel Grenier, Françoise en dernier, 2018, couverture

«François les a laissés continuer pour aller refermer et verrouiller la porte du patio. Elle a tendu l’oreille. Ils se parlaient tout bas, elle disait : t’as vu la peinture, là, tu penses-tu que ça vaut de quoi ? Et il a répondu : prends-la, on sait jamais. Non, fuck that, c’est sûrement une reproduction cheap du Ikea.»

Daniel Grenier, Françoise en dernier. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 16, 2018, 217 p., p. 38.

L’oreille tendue de… Jack Kerouac, bis

Jack Kerouac, Visions de Gérard, éd. de 2012, couverture

«Le bienheureux prêtre, le Père Anselme Fournier, de Trois Rivières, Québec, le dernier de douze fils mais le premier aux yeux de son père, les mains roses là où il aurait pu avoir les mains rendues calleuses par la terre d’Abraham, reçoit Ti Gérard dans le confessionnal en faisant glisser son panneau et en tendant une oreille prompte et docile, chargée par un long après-midi —— Des toussotements tournent au plafond et raclent le sol, et se posent sur la mer de stalles, un prie-dieu grince Sca-ra-at ! et un bang rude s’élève, en harmonie, près de l’autel où quelqu’un s’affaire, avec force craquements, avec une chaise et des mouchettes à cierges.»

Jack Kerouac, Visions de Gérard, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 5389, 2012, 192 p., p. 57. Traduction de Jean Autret.

Dans l’original : «The fortunate priest, Père Anselme Fournier, of Trois Rivières Quebec, the last of twelve sons but the first in his father’s eye, pink-handed where he might have been horny-handed from the soil of Abraham, receives Ti Gerard in the confessional by sliding open his panel and bending quick ear obedient and loaded with long afternoon—Coughs revolve around the ceiling and sail and set in the pew sea, a knee-rest scrapes Sca-ra-at ! with a harsh harmonizing bang from the altar where a worker creaks around with chair and candle snuffer—» (Visions of Gerard, New York, Penguin Books, 1991, 130 p., p. 26).

L’oreille tendue de… Françoise Major

Major, Françoise, Dans le noir jamais noir. Nouvelles, Montréal, La mèche, 2013, 127 p.«Leïla reprenait ses courbettes ridicules. Les trois quarts du groupe se sont agglutinés autour d’elle, qu’est-ce que tu penses de ça, Leïla, qu’est-ce que je devrais faire, j’ai réalisé que. Marie tendait l’oreille; j’ai préféré m’éclipser en douce.»

Françoise Major, «On n’est plus des gamines», dans Dans le noir jamais noir. Nouvelles, Montréal, La mèche, 2013, 127 p., p. 56-65, p. 62.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 7 octobre 2013.

L’oreille tendue de… Jack Kerouac

Jack Kerouac, Maggie Cassidy, éd. de 2013, couverture

«Tchak, tchak, la prof frappe deux coups de règle et se lève, imposante comme un chauffeur de bus, fait l’appel, écrit une note, quand arrive d’une autre classe M. Grass qui vient lui annoncer une nouvelle; tout le monde tend l’oreille pour entendre ce qu’ils se chuchotent, une boulette de papier narquoise vole dans le soleil éclatant, la journée commence.»

Jack Kerouac, Maggie Cassidy, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 5568, 2013, 269 p., p. 54. Traduction de Béatrice Gartenberg.

Dans l’original : «Blam, blam, the old teacher bangs her ruler and stands, very matronly, like an old busdriver, surveying the class for absences and then she makes a note and a few quibblings then from next room walks in Mr. Grass for some special news and everybody bends an ear as they whisper up front, a spitball sails funnily in the bright nice sun, and on comes the day» (New York, Penguin Books, 1993, 194 p., p. 45).