«P.S. Je ne crois pas, mon père, que tu sois fâché de ne plus recevoir de lettres de bonne année. C’est un usage que le républicain doit annuler. Les bienfaits d’un père sont autrement; il n’y a point de jour marqué pour lui en témoigner la reconnaissance qui, dans un fils, doit être continuelle. N…
(Cette lettre peut servir en substituant le mot mère à celui de père.)»
Le Secrétaire des Républicains ou nouveaux modèles de lettres sur différens sujets, Paris, Barba, [1793], p. 10, cité dans Sybille Grosse, les Manuels épistolographiques français entre traditions et normes, Paris, Honoré Champion, coll. «Linguistique historique», 8, 2017, 417 p., p. 213.
[Complément du 9 janvier 2018]
Le duo féminin Garfunkel and Oates est beaucoup plus radical que le Secrétaire des Républicains dans son refus des lettres de fin d’année («Year End Letter», 2009).
La 43e livraison d’Épistolaire vient de paraître (2017, 292 p., ISSN : 0993-1929). L’Oreille y parle de cartes postales. Il y est notamment question — on ne se refait pas — de Jean Echenoz et de numérique.
Table des matières
Haroche Bouzinac, Geneviève, «Avant-propos», p. 5-6.
«Éros dans la lettre»
Walbecq, Éric, «Introduction», p. 9-14.
Obitz-Lumbroso, Bénédicte, «Le je(u) amoureux dans les lettres érotiques de Beaumarchais», p. 15-24.
Sifferlen, Gwenaëlle, «Extraits érotiques de la correspondance de Juliette Drouet à Victor Hugo», p. 25-35.
Leclerc, Yvan, «Flaubert, obscénités épistolaires d’une jeune homme», p. 37-47.
Johnston, Marlo, «Les lettres érotiques de Guy de Maupassant», p. 49-70.
Seillan, Jean-Marie, «Huysmans correspondancier érotique. Le corps et les mots», p. 71-82.
Goujon, Jean-Paul, «Un correspondant masqué : Pierre Louÿs», p. 83-92.
Fuligni, Bruno, «“Monsieur le commissaire…” Lettres à la police sur les affaires de mœurs», p. 93-101.
Walbecq, Éric, «Willy, Curnonsky, Louÿs et leurs belles amies», p. 102-116.
Dupouy, Alexandre, «L’enchanteur pornographe», p. 117-126.
Di Folco, Philippe, «The Dirty Letters. Petite histoire de la correspondance érotique entre James Joyce et Nora Barnacle», p. 127-134.
«Perspectives»
«Autour des lettres. Entretien avec Annie Ernaux. Propos recueillis par Karin Schwerdtner», p. 137-149.
De Vita, Philippe, «Georges Méliès épistolier. Projection et bricolage d’une résurrection», p. 151-167.
«Chroniques»
Melançon, Benoît, «Le cabinet des curiosités épistolaires», p. 171-173. Sur la carte postale à l’ère du numérique.
Morello, André-Alain, «État présent des études sur la correspondance de Marguerite Yourcenar», p. 175-196.
Charrier-Vozel, Marianne, «Vie de l’épistolaire», p. 197-202.
Cousson, Agnès (édit.), «Bibliographie», p. 203-251. Contributions de Déborah Roussel, Luciana Furbetta, Benoît Grévin, Clémence Revest, Athéna David, Anaïs Guittonny, Andrzej Rabsztyn et Benoît Melançon.
«Recherche»
«Comptes rendus», p. 255-286.
[Complément du 21 mars 2019]
[Complément du 25 juillet 2023]
Le texte de l’Oreille tendue sur la carte postale à l’ère du numérique est maintenant disponible, en format PDF, ici et là.
(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
Denis Diderot à Sophie Volland, lettre du 15 octobre 1759 éditée par Jacques Chouillet dans Denis Diderot – Sophie Volland. Un dialogue à une voix, Paris, Librairie Honoré Champion, coll. «Unichamp», 14, 1986, 173 p., p. 169-173.
«Ceux qui se sont aimés pendant leur vie et qui se font inhumer l’un à côté de l’autre ne sont peut-être pas si fous qu’on pense. Peut-être leurs cendres se pressent, se mêlent et s’unissent. Que sais-je ? peut-être n’ont-elles pas perdu tout sentiment, toute mémoire de leur premier état» (p. 171).
Caillé, Anne-Renée, l’Embaumeur, Montréal, Héliotrope, «série K», 2017, 102 p.
«Deux corps brûlés en même temps, cela est arrivé, malgré ce qu’on dit, leurs cendres mélangées et mises dans une seule urne» (p. 69).
Le 17 juillet 1676, Mme de Sévigné, dans une lettre à sa fille, Mme de Grignan, aborde la circulation des cendres d’un point de vue un brin différent :
Enfin c’en est fait, la Brinvilliers est en l’air : son pauvre petit corps a été jeté, après l’exécution, dans un fort grand feu, et ses cendres au vent; de sorte que nous la respirerons, et que, par la communication des petits esprits, il nous prendra quelque humeur empoisonnante, dont nous serons tous étonnés (éd. Duchêne, vol. II, p. 342-343).
Référence
Sévigné, Mme de, Correspondance, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 3 vol., 1972-1978. Texte établi, présenté et annoté par Roger Duchêne.
«Quand je dis “nous”, je désigne une cinquantaine d’enfants de paysans, aux yeux mangés par les mouches et les rêves.»
Fawzia Zouari, «Te souviens-tu de notre première rencontre ?», dans Yvan Leclerc (édit.), Lettres à Flaubert, Vincennes, Éditions Thierry Marchaisse, coll. «Lettres à…», 2017, p. 23-27, p. 23.
(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)
«Comme vous le voyez, cher Gustave Flaubert, en ce début de XXIe siècle, nous devons faire front. Notre langue se détraque, s’appauvrit, se gonfle d’anglicismes, perd ses repères… Les bourgeois qui se piquaient encore de votre temps de la bien parler et l’écrire se rendent aujourd’hui au théâtre en chandail : leur langage cadre avec leur débraillé. Ils ont pu élire en 2007 un président de la République qui était parfaitement incapable d’utiliser un ne dans la forme négative, à moins qu’il ne se fût échiné à parler “comme tout le monde”. Ce n’est pas dans ses discours qu’on ira cueillir du passé simple.
Vanter la préexcellence du français sur l’anglais ou toute autre langue vivante tiendrait d’un chauvinisme qui n’est plus de saison. Mais élever une digue et des étais contre l’inondation et le délabrement du français est une question de survie pour quiconque a appris à respirer dans la poussiéreuse mais suave odeur des librairies et des bibliothèques.»
Michel Winock, «Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! dans quel siècle…», dans Yvan Leclerc (édit.), Lettres à Flaubert, Vincennes, Éditions Thierry Marchaisse, coll. «Lettres à…», 2017, p. 75-79, p. 79.