Autopromotion 019

L’Oreille tendue a récemment consacré trois textes à des prolégomènes à propos de la bande dessinée (BD) sur le hockey (H), principalement au Québec (Q). C’était le 12 décembre, le 23 décembre et le 28 décembre.

Elle causera de cette BDHQ au micro de Franco Nuovo, à l’émission Dessine-moi un dimanche, à la radio de Radio-Canada, ce matin, entre 9 h et 10 h.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici, à partir de la seizième minute.

 

[Complément du 2 juin 2016]

L’Oreille tendue vient de publier un article sur ce sujet :

Melançon, Benoît, «BDHQ : bande dessinée et hockey au Québec», dans Benoît Melançon et Michel Porret (édit.), Pucks en stock. Bande dessinée et sport, Chêne-Bourg (Suisse), Georg, coll. «L’Équinoxe. Collection de sciences humaines», 2016, p. 101-117. https://doi.org/1866/28749

BDHQ : prolégomènes — troisième partie

Pierre Huet, la Patinoire en folie, 2011, couverture

En post-scriptum à un texte récent au sujet de la bande dessinée (BD) sur le hockey (H), surtout au Québec (Q), l’Oreille tendue annonçait qu’elle allait bientôt lire le recueil la Patinoire en folie de Pierre Huet (2011). C’est fait.

D’abord parues en 1980-1983, puis en 1991-1992, dans le magazine Croc, ces bandes dessinées jouent des cordes habituelles : humour (supposé) et violence (effective). On y trouve des allusions aux joueurs du passé (Bernard «Boum-Boum» Geoffrion) ou du présent (Guy Lafleur, Vladislav Tretiak), comme à un entraîneur (Claude Ruel). Celui des Aimants valeureux, Napoléon (…) Arcand (), n’étant pas très cordial, il ressemble à… Hitler; ce n’est malheureusement pas la première fois que cela se voit au Québec, s’agissant du hockey. L’équipe d’Arcand, comme celle du Canada en 1972, affronte celle de la Russie; tous les clichés ethniques y sont.

Sur le plan de la langue, on notera un double flou. Le même juron a plusieurs graphies : «’stie» (p. 7 et 8), «s’tie» (p. 13), «asti» (p. 14), «osties» (p. 50). La rondelle est soit du féminin — «la pock» (p. 54) — soit du masculin — «le poque» (p. 58). Ça fait désordre.

Jeff Lemire peut dormir en paix. Ce n’est pas Pierre Huet qui le détrônera au panthéon de la BDHQ.

 

[Complément du 2 juin 2016]

L’Oreille tendue vient de publier un article sur ce sujet :

Melançon, Benoît, «BDHQ : bande dessinée et hockey au Québec», dans Benoît Melançon et Michel Porret (édit.), Pucks en stock. Bande dessinée et sport, Chêne-Bourg (Suisse), Georg, coll. «L’Équinoxe. Collection de sciences humaines», 2016, p. 101-117. https://doi.org/1866/28749

 

Référence

Huet, Pierre, la Patinoire en folie, Montréal, Les 400 coups, coll. «Strips», 2011, 62 p. Avec la participation de Patrick Moerell.

BDHQ : prolégomènes — deuxième partie

Jeff Lemire, Essex County, 2009, couverture

Il était question l’autre jour de quelques bandes dessinées (BD) mettant en récits et en images le hockey (H), surtout au Québec (Q). Une des fidèles lectrices de l’Oreille tendue, @PimpetteDunoyer, a alors attiré son attention sur l’œuvre de Jeff Lemire : ses «romans graphiques» accordent en effet une place considérable au sport national canadien. Le premier volume de la trilogie Essex CountyTales from the Farm (2007) — et le troisième — The Country Nurse (2008) — en parlent souvent, mais c’est dans le deuxième — Ghost Stories (2007) — qu’il est le plus présent.

La trilogie ?

La géographie des trois volumes est la même. D’une part, et surtout, le comté d’Essex, en Ontario, près de Windsor (voir la carte, p. 121). De l’autre, à quatre heures de voiture, Toronto. La campagne et la ville.

Les personnages sont les mêmes, à différents moments de leur vie. Les principaux sont Lester Papineau, les Lebeuf (Vince, Lou et Jimmy) et une infirmière en milieu rural, Anne Quenneville (voir l’arbre généalogique, p. 447).

La narration et le graphisme sont complexes. L’auteur est particulièrement doué pour rendre le croisement des temporalités, soit en passant du noir et blanc au gris, soit en glissant d’un temps dans un autre. La solitude et le silence, qu’il soit volontaire ou imposé, sont des thèmes récurrents, comme le poids de la mémoire. Sauf dans le troisième album, où Jeff Lemire rassemble ce qui avait été épars jusque-là, on trouve dans la trilogie un sens de l’ellipse fort développé.

Le hockey dans tout ça ?

Il apparaît sous ses deux espèces. Il est lié à l’enfance et aux grands espaces : c’est le monde du «shinny», cette version du hockey sans règles fixes (nombre de joueurs, dimension de la surface de jeu, manœuvres prescrites ou interdites, etc.), joué à l’extérieur, sur de la glace naturelle. Par ailleurs, c’est aussi une activité normée sportivement (on porte les couleurs d’une équipe, celle d’un village ou d’une ville) et socialement (atteindre la Ligue nationale de hockey confère du prestige). L’équipe derrière laquelle on se rassemble dans Essex County est celle des Maple Leafs de Toronto et de ses grands joueurs (Tim Horton, Frank Mahovlich, Dave Keon, Mats Sundin).

Plusieurs personnages se retrouvent dans les deux espaces de jeu. Les frères Vince et Lou ont appris le sport sur une rivière gelée d’Essex County, avant de le pratiquer, en 1951-1952, dans une équipe semi-professionnelle de Toronto, les Grizzlies. Jimmy, le petit-fils de Vince, joue aussi au «shinny», avec le jeune Lester, mais c’est après sa brève carrière chez les grands. Il a été blessé durant son unique match professionnel avec les Maple Leafs, et il n’a plus jamais été le même par la suite. Jimmy, mais aussi Vince, à un degré moindre, incarne la violence si caractéristique des représentations culturelles du hockey.

Le hockey n’est pas seulement un sport qu’on pratique; c’est un sport que les amateurs suivent à la télévision, d’abord et avant tout, dans les journaux ou par les cartes représentant les joueurs. Que l’on joue au hockey ou qu’on le suive dans les médias, une chose ne change jamais : ce sont des activités familiales (frères, grand-père, père, fils).

La description ci-dessus devrait l’avoir fait comprendre : Essex County, s’agissant de hockey, est une œuvre forte, qui se distingue de presque toutes les expériences tentées au Québec pour mettre en scène ce sport. Elle n’y a pas d’équivalent.

 

[Complément du 2 juin 2016]

L’Oreille tendue vient de publier un article sur ce sujet :

Melançon, Benoît, «BDHQ : bande dessinée et hockey au Québec», dans Benoît Melançon et Michel Porret (édit.), Pucks en stock. Bande dessinée et sport, Chêne-Bourg (Suisse), Georg, coll. «L’Équinoxe. Collection de sciences humaines», 2016, p. 101-117. https://doi.org/1866/28749

 

Référence

Lemire, Jeff, Essex County, Atlanta et Portland, Top Shelf Productions, 2009, 510 p. Introduction de Darwyn Cooke.

Jeff Lemire, Essex County, 2009, p. 282, case

Patiner sur l’eau

Samedi dernier, les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — ont congédié leur entraîneur-chef, Jacques Martin, et l’ont remplacé — ô sacrilège ! — par un unilingue anglophone, Randy Cunneyworth. Depuis, psychanalyse nationale.

Même les ministres du gouvernement du Québec s’en mêlent et s’en prennent à celui qui a pris cette décision, Pierre Gauthier, le directeur général du club. La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine Saint-Pierre, qui est également responsable de l’application de la Charte de la langue française, a déclaré que c’était inacceptable, puisque «Le Canadien est dans nos gènes». Sa collègue du sport, Line Beauchamp, va dans le même sens : «le Canadien est une institution, ça fait partie de notre patrimoine, on a ça dans notre ADN, cela commande des impératifs». Deux ministres généticiennes : on n’en espérait pas tant.

Les journalistes, qui sèment à tout vent, ont leur propre registre métaphorique.

Lyrique comme lui seul sait l’être, Jean Dion, dans le Devoir, fait dans l’aquatique :

À Montréal, le navire ne coule jamais, mais il ne fend jamais l’écume non plus. Il se laisse bercer par les flots, et cela donne des changements de cap qui mènent à laisser partir Saku Koivu, Alexei Kovalev et Michael Ryder pour les remplacer par Michael Cammalleri, Brian Gionta et Scott Gomez. Pas loin du sur-place (19 décembre 2011, p. A1-A8).

À la Presse, François Gagnon saute sur le pont avec lui :

Quand le bateau affronte une tempête, une grosse, une vraie, c’est près du timonier qui s’éreinte à maintenir le cap que le capitaine doit se tenir et non dans les chics salons pour partager champagne et amuse-gueules avec les riches passagers pour les rassurer et prétendre que tout va bien (20 décembre 2011, cahier Sports, p. 3).

C’était prévisible. Dès 2007, Alain-François le chantait dans «C’est pour quand la coupe Stanley ?» :

On part en lion on finit en poisson
I a un problème dans’cage ou de repêchage
C’t’un gros bateau qui prend l’eau
Depuis qu’on a perdu Casseau

Le maître nageur — le sauveur — est tout trouvé : ce sera Patrick Roy («Casseau», pour les intimes). N’a-t-il pas les Canadiens dans son ADN ?

Autopromotion 016

C’est la cata : les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — viennent d’engager un entraîneur unilingue anglophone. L’Oreille tendue causera de cette nouvelle manifestation des liens entre culture et sport ce matin, à la télévision, à RDI matin, sur les ondes de RDI, entre 8 h 30 et 8 h 45.