Le niveau baisse ! (1951)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«les maux dont souffre l’Université actuelle, et qui ne sauraient se prolonger sans péril, se répartissent sous deux ordres.

Le premier mal, qui éclate à tous les yeux, qui s’accuse chaque jour comme une sorte de scandale et que les maîtres sentent peser sur eux comme une espèce de condamnation, c’est la baisse du niveau et de la qualité des études. Baisse relative, pour sûr — et l’on sait bien que la comparaison serait écrasante entre le bachelier d’aujourd’hui et celui du siecle dernier. Mais baisse absolue, en quelque sorte, et qui n’a pas besoin de comparaison chronologique pour apparaître, tellement l’état intellectuel de l’élève courant se situe au-dessous du plus pauvre minimum. L’école primaire présente au lycée, en priant qu’on ne regarde pas trop à l’orthographe, des enfants qui vont faire du latin ou des langues sans savoir distinguer un attribut d’un complément. Les grands élèves du secondaire cultivent le contresens, et pas seulement dans la version latine : les textes français eux-mêmes leur deviennent incompréhensibles.»

Source : la Croix, 15 février 1951, cité par @TractLinguistes

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

L’oreille tendue de… Alain Mabanckou

Image tirée de Refrancisons-nous, 1951 (deuxième édition), p. 97

«Le déclin de la langue française est une obsession inventée par ceux qui pratiquent la politique de la citadelle assiégée — une citadelle dans laquelle je ne me trouve pas car j’ai appris à tendre l’oreille du côté de la rumeur du monde.»

Alain Mabanckou, mai 2023

 

Illustration : J.-F., F. [Frère Jean-Ferdinand], Refrancisons-nous, s.l. [Montmorency, Québec ?], s.é., coll. «Nous», 1951 (deuxième édition), 143 p., p. 97.