Percoler

Les administrations aiment (parfois) faire circuler l’information, de haut en bas. Mieux : elles aiment qu’elle percole.

Celles qui sont proactives la font percoler. Les passives la laissent percoler.

Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’attendre : on verra bien ce que ça donnera.

Une langue pleine de ressources, bis

L’Oreille tendue déjà eu l’occasion de noter combien l’usage du mot ressource est devenu généralisé.

Nouvelle manifestation du fléau dans le Devoir du 7 octobre. On y apprend qu’il existe depuis 2001 une Fédération des ressources intermédiaires jeunesse du Québec; elle dénonce vertement l’«Immobilisme de la ministre Thériault» (p. A3).

Que font ces ressources ? Elles hébergent et elles soutiennent : «Près de 800 jeunes au Québec, placés selon la Loi de la protection de la jeunesse, sont hébergés et soutenus par les ressources intermédiaires jeunesse.» Les caractères gras sont de la FRIJQ.

Son souhait ? Combattre «la présense d’un système à deux vitesses», dénoncer «une situation d’iniquité salariale» (avec caractères gras) et permettre «à l’État d’économiser des dizaines de millions de dollars» (sans). La FRIJQ met elle-même la main à la pâte : elle économise les articles et autres mots de transition (entre «intermédiaires» et «jeunesse»).

Métadébat

Il y avait le débat.

Puis il y eut le débat de société : «Pour un débat de société sur l’agriculture» (le Devoir, 1er décembre 2003, p. A2).

Il y a dorénavant le colloque sur le débat de société : «Des couvents en héritage. Un colloque international sur un débat de société» (le Devoir, 18 septembre 2009, p. A5, publicité).

On n’arrête pas le progrès.

Des goûts et des saveurs…

À saveur : l’expression fait florès au Québec. Dans la Presse du 16 septembre, elle apparaît deux fois dans le premier cahier : «Ignatieff fait deux promesses à saveur internationale» (p. A2); «Une rencontre à saveur économique» (p. A17). Un peu plus tôt cette année, on pouvait lire dans le même journal : «Un défilé à saveur historique et multiculturelle» (25 juin 2009, p. A2).

Il est vrai que l’exemple vient de haut : «Du matériel didactique, parfois à saveur culturelle, a été mis à la disposition de nos professeurs […]» (Commission scolaire de Montréal, 2004-2005).