Coulées d’irrationalité

Pissotière, Liège, 2010

 

Soit ce message sur Bluesky :

Message sur Bluesky, 24 juin 2025 contenant les mots «humeur du matin»

L’«humeur du matin» désignerait un caprice de la pensée : X, en se levant, a décidé que Y s’appliquerait. Aucune justification ne lui serait nécessaire.

Le français populaire du Québec connaît une variation un peu plus crue de cette expression : «trouver dans ses urines du matin». Exemple : Le ministre a trouvé sa politique des toilettes scolaires dans ses urines du matin.

À votre service.

P.-S.—L’urine, on s’en souviendra, ne relève pas de la théorie des humeurs.

Traduction (quasi) simultanée

Tomson Highway, Dry Lips Oughta Move to Kapuskasing, 1989, couverture

Quand elle était petite — ça ne date pas d’hier —, l’Oreille tendue a souvent entendu l’expression «shit la marde». C’était un bel exemple de traduction (quasi) simultanée : le passage de «shit» à «marde» était presque instantané (et inutile, non ?).

Cela lui est revenu à la lecture de Dry Lips Oughta Move to Kapuskasing, une pièce de théâtre, en anglais, en cree et en ojibway, de Tomson Highway (1989). On y trouve en effet «shit la marde» décliné de plusieurs façons : sans point d’exclamation (p. 29), ou avec (p. 81, p. 103), sans «holy» (p. 34), ou avec (p. 29, p. 81, p. 103), parfois ramené à «shit la ma…» (p. 122). On déplorera cependant un «shit la merde» (p. 95) du plus mauvais goût.

Voilà l’Oreille retombée en enfance.

 

Référence

Highway, Tomson, Dry Lips Oughta Move to Kapuskasing, Saskatoon, Fifth House, 1989, 134 p.

Accouplements 260

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Simard, Matthieu, Ça sent la coupe. Roman, Montréal, Stanké, 2004, 270 p. Rééd. : Montréal, 10/10, 2008, 256 p.

Simard, Matthieu, Ça sent la coupe, 2004, quatrième de couverture

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, 2024, quatrième de couverture

«Pattiner sur la bottine» ? À votre service.

Bons résultats de l’Oreille tendue

Jérôme 50, Anarcolique, 2025, pochette

Jérôme 50 est chanteur et linguiste. Il vient de lancer l’album Anarcolique, sur lequel on trouve une (bien puérile) «Ode à l’Église». Cette chanson est un chapelet — c’est le cas de dire — de sacres et d’injures du Québec, largement inspirés du vocabulaire liturgique.

L’Oreille tendue avait déjà repéré, pour sa rubique «Jurons», presque tout ce que chante Jérôme 50 : «(saint) ciboire», «sacrament», «câlisse», «crisse», «tabarnak», «enfant d’chienne», «bout d’viarge», «(saint) baptême», «sacrifice», «simonaque», «esti»

Il ne lui manque que «doux Jésus» et «pisse bénite». Elle devrait s’en remettre.

P.-S.—Signalons encore la présence de «marde», y compris dans sa variante «marde de pape», de «fourrer», de «faique» et de «twits».