Dur dur

René Bolduc, Sincèrement vôtre, 2018, couvertureCeci, chez René Bolduc, en 2018 : «Pas comme l’un de vos caniches serviles, non, mais comme un chien errant, sans laisse, qui en arrache un peu, mais qui est libre» (Sincèrement vôtre, p. 38).

Et chez Nicolas Dickner, en 2009 : «Une conversation butinante, sans but précis : il y a longtemps qu’on t’avait vu, le bar est tranquille, moyenne chaleur, non ?, paraît que les agriculteurs en arrachent» (Tarmac, p. 237).

En arracher, au Québec : avoir du mal.

 

Références

Bolduc, René, Sincèrement vôtre. Petite introduction épistolaire aux philosophes, Montréal, Poètes de brousse, coll. «Essai libre», 2018, 232 p. Préface de Normand Baillargeon.

Dickner, Nicolas, Tarmac, Québec, Alto, 2009, 271 p. Ill.

À saveur imagée

À l’occasion (2009, 2010, 2011, 2013, 2014, 2015, 2017, 2017), l’Oreille tendue pratique un tri sélectif dans sa corbeille de à saveur, ce fléau québécois. Rerebelote, en images.

«À saveur médiévale», la Presse+, 28 décembre 2017

«À saveur sud-coréenne», la Presse+, 15 octobre 2018

«À saveur syndicale», la Presse+, 18 novembre 2018

Autopromotion 388

«Hostie», publicité du diocèse de Montréal, 2011

Un segment de l’émission Plus on est de fous, plus on lit !, qu’anime Marie-Louise Arsenault à la radio de Radio-Canada, est consacré à la définition de mots beaucoup présents dans l’espace public.

L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion d’y réfléchir à débat, à expert, à authenticité, à porte-parole, à transparence, à mononcle et à touriste.

Cet après-midi, entre 14 h et 15 h, elle abordera le mot blasphème.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

L’étude du Pew Research Center sur l’état du blasphème dans le monde en 2014 se trouve .

La référence au livre d’Alain Cabantous est la suivante :

Cabantous, Alain, Histoire du blasphème en Occident. XVIe-XIXe siècle, Paris, Albin Michel, coll. «Bibliothèque de l’évolution de l’humanité», 2015, 352 p. Édition originale : 1998.

Rouler

Quad ou VTT ou Quatre roues

Soit deux poèmes tirés de recueils récents, les deux publiés au Québec :

Ici on voyage nulle part
on fait juste des tours
de bécique de pickup de tracteur
de batteuse de pelle mécanique
de quat’roues
de waguine
qu’il est long le temps
de l’indépassable campagne (Expo habitat, p. 14).

mon grand frère est toujours
ami avec des bums
comme les frères proulx
qui se promènent
en quatre roues (Mont de rien, p. 54-55).

Le poème de Marie-Hélène Voyer est situé en «indépassable campagne»; celui de Maxime Catellier, très précisément à Saint-Anaclet-de-Lessard. Ici et là, on se promène en quatre roues, avec ou sans apostrophe.

Pour désigner ce genre de véhicules, l’Office québécois de la langue française propose motoquad — «Véhicule tout-terrain motorisé à quatre roues muni d’une selle et d’un guidon» — ou autoquad — «Véhicule tout-terrain motorisé à quatre roues muni d’un ou de plusieurs sièges, d’un volant, de pédales et d’un cadre de protection». En France, la Commission d’enrichissement de la langue française recommande «officiellement» quad.

Dans la «langue courante», l’OQLF connaît aussi VTT («véhicule tout-terrain») et quatre-roues.

La poésie et la langue courante ont des raisons que la lexicologie ne connaît pas.

P.-S.—Oui, c’est vrai : l’Oreille tendue aurait pu choisir un autre poème de Maxime Catellier (p. 66).

 

Illustration : VTT, photo déposée sur Wikimedia Commons

 

Références

Catellier, Maxime, Mont de rien. Roman en trois périodes et deux intermèdes, Montréal, L’Oie de Cravan, 2018, 123 p.

Voyer, Marie-Hélène, Expo habitat, Chicoutimi, La Peuplade, coll. «Poésie», 2018, 157 p.