L’Oreille tendue travaille à un nouveau livre. Ça s’appellera Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue) et ça devrait paraître en octobre chez son éditeur habituel, Del Busso éditeur.
Dans le premier texte, déjà partiellement paru ici, il y aura cette phrase :
On entend parfois telle chroniqueuse vanter la langue impeccable de sa mère ou de sa grand-mère, elle qui n’avait qu’une «cinquième année». Cela est peut-être vrai, mais, à l’oral, sauf pour des périodes récentes, c’est invérifiable et, dès lors, inutilisable dans une démonstration raisonnée.
L’Oreille n’est pas la seule à se méfier des grands-mères.
C’est aussi le cas de Jean-Marie Klinkenberg :
Il n’est pas jusqu’à la hideuse faute d’orthographe — celle que tout le monde fait, mais dont tout le monde se défend, par exemple en l’attribuant à ces brebis émissaires que sont les dactylos, ou en entretenant la croyance aux mythiques grands-mères à l’orthographe pure — qui n’y jaillisse sous le doigt et l’œil de Mireille, telle une sanie qui le promet à la mort la plus sale (p. 190-191)
et de Jean-Claude Corbeil :
Chacun répond à la question en se reportant à ses souvenirs, à la grand-mère qui écrivait sans faute bien qu’elle ait peu fréquenté l’école, ou au souvenir que l’on garde de la manière dont on nous enseignait l’orthographe et la grammaire à l’école (p. 344).
L’Oreille est en agréable compagnie.
P.-S. — Elle a déjà parlé de sa grand-mère, là. Cela n’avait strictement rien à voir avec ce qui vient d’être dit.
[Complément du 29 juillet 2015]
Nouvel exemple, dans le plus récent livre de Jean-Marie Klinkenberg, la Langue dans la Cité (2015) : «nous en connaissons tous, de ces héroïques grands-mères qui, sans jamais avoir fait d’études poussées, avaient une orthographe irréprochable, alors qu’aujourd’hui…» (p. 158)
Références
Corbeil, Jean-Claude, l’Embarras des langues. Origine, conception et évolution de la politique linguistique québécoise, Montréal, Québec Amérique, coll. «Dossiers et documents», 2007, 548 p. Préface de Louise Beaudoin.
Klinkenberg, Jean-Marie, «Lecture», dans Jacques Godbout, D’amour, P.Q. suivi d’un dossier par Jean-Marie Klinkenberg, Paris, Seuil, coll. «Points», 1991, p. 159-195.
Klinkenberg, Jean-Marie, la Langue dans la Cité. Vivre et penser l’équité culturelle, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2015, 313 p. Préface de Bernard Cerquiglini.