Le pistolet de Philip Roth et de l’Oreille tendue

Philip Roth, Nemesis, éd. canadienne de 2011, couverture

L’Oreille tendue est sortie émerveillée de la lecture de Nemesis (2010) de Philip Roth. En général, les sentiments, bons ou mauvais, la touchent peu en littérature, mais elle fait volontiers une exception pour ce très grand roman.

Elle y lit ceci :

«The ten-year-old Kopferman boy, Danny, had a cap gun made of metal and modeled to look like a real revolver which he carried in his pocket, even when he was in the field playing second base. The cap gun produced a small explosive sound and smoke when the trigger was pressed. Danny liked to come up behind the other boys and try to frighten them with it. Mr. Cantor tolerated these hijinks only because the other boys were never really frightened» (p. 57).

Du passé (linguistique) de l’Oreille surgit alors une expression : ce «cap gun» est, bien sûr, un gun à pétards.

 

Référence

Roth, Philip, Nemesis, Toronto, Penguin Canada, 2011, 280 p. Édition originale : 2010.

Accouplements 258

Pages finales (lignées) du livre Au gré des jours, de Françoise Héritier

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Didion, Joan, The Year of Magical Thinking, Londres, 4th Estate, 2012, 227 p. Ill. Édition originale : 2005.

«Did he have some apprehension, a shadow ? Why had he forgotten to bring note cards to dinner that night ? Had he not warned me when I forgot my own notebook that the ability to make a note when something came to mind was the difference between being able to write and not being able to write ?» (p. 23)

Héritier, Françoise, Au gré des jours, Paris, Odile Jacob, 2017, 151 p. Ill.

«Mais on ne bride pas si facilement un processus créatif de quelque nature qu’il soit. Les souvenirs et les images et les idées persistent à affluer, tantôt avec fugacité, tantôt avec une telle prégnance qu’on les note rapidement sur n’importe quel support : j’ai ainsi pris l’habitude d’avoir toujours auprès de moi de quoi écrire» (p. 12).

P.-S.—Comme on peut le voir par l’image ci-dessus, Françoise Héritier a prévu qu’on prenne des notes dans son livre lui-même.

L’oreille tendue de… Paul Auster

Paul Auster, Baumgartner, 2024, couverture

«Une fois atteint le sommet des marches, Baumgartner continue à s’appuyer sur Ed tandis qu’il entre à cloche-pied dans le salon, où son protecteur l’aide à s’installer sur le canapé puis lui cale la tête avec deux coussins brodés. Il faudrait mettre de la glace sur ce genou, dit le jeune homme, et avant que Baumgartner ait pu lui dire que le compartiment à glaçons du réfrigérateur est cassé, Ed disparaît de la pièce. Baumgartner tend l’oreille, entend que le bac congélation s’ouvre et se ferme.»

Paul Auster, Baumgartner, Arles, Actes Sud, 2024, 208 p. Traduction d’Anne-Laure Tissut. Édition numérique.