Accouplements 15

Liberté, 207, printemps 2015, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)

Le plus récent numéro de la revue Liberté comporte un dossier intitulé «La moitié du monde. Comment le féminisme pense la société» (numéro 307, printemps 2015). On peut y lire des textes de Maïté Snauwaert, Annelyne Roussel, Catherine Mavrikakis, Mélanie Loisel, Martine Delvaux, Marie-Andrée Bergeron et Anne-Marie Régimbald. Le dossier est précédé d’un entretien avec Francine Pelletier, «De la Vie en rose à aujourd’hui». (L’Oreille tendue apprécie fort le titre d’Annelyne Roussel, «Attention à nos femmes… C’est peut-être la vôtre.» Explication ici.) Extrait de la présentation du dossier par La rédaction : «Le féminisme s’emploie à lire le monde autrement» (p. 19).

À la fin du numéro, Robert Lévesque tient une chronique de potins littéraires rétros, «Le lecteur impuni». On peut y lire un subtil portrait de Nathalie Sarraute — «seule femme du groupe assez hommasse d’allure mais un peu vieille pour faire garçonne» (p. 70) — et une fine allusion à la compagne d’Alain Robbe-Grillet — «une échangiste» (p. 71).

On peut imaginer que Lévesque — sa prose de mononc’ l’atteste — n’a pas lu le dossier. Il aurait pourtant eu intérêt à réfléchir au texte de Marie-Andrée Bergeron, «Une étrange façon de reconduite l’absence» : «J’ai toujours cru qu’il n’y avait pas de place pour les femmes à Liberté» (p. 38).

 

[Complément du 17 juin 2018]

Dans le Devoir de la fin de semaine, le même Robert Lévesque rend hommage au comédien Gabriel Gascon. Citation : «Je lui dis que je m’apprête à visionner le documentaire La passion selon Gabriel, que la nièce de Georges Groulx (autre grand comédien de sa génération, née dans les années 1920, embarquée dans la création du TNM en 1951) lui consacre» (p. B11). La «nièce de Georges Groulx» a un nom : elle s’appelle Sylvie Groulx.

L’art d’être grand-père

Les photos ont fait le tour du monde : une jeune Brésilienne participe au sommet du G8 en Italie.

Le Devoir d’aujourd’hui commente, mais sur deux registres, un par photo.

En première page, pour la photo de Reuters, on joue sur le fripon, sous le titre «Accord franco-américain» : «La marche est haute vers le sommet du monde et le chemin, semé d’embûches de toutes sortes. C’est sous l’œil torve et l’attention enjouée de deux très importants présidents, l’un français, l’autre américain, que la jeune déléguée brésilienne du Sommet junior a rejoint celui de son pays, le président Lula da Silva, sur le podium […]» (p. A1).

En dernière page du premier cahier, pour la photo de l’Agence France-Presse, on fait dans le familial : «Comme un grand-père bienveillant, le président du Brésil, Lula da Silva, entraîne de sa main protectrice une des jeunes déléguées de son pays au Sommet junior 8» (p. A10).

Ils ont «l’œil torve»; il a la «main protectrice». Une photo ne vaut pas toujours mille mots.