Curiosité voltairienne (et autoroutière)

Sébastien Bailly, Autoroute, 2025, couverture

«Tu te souviens que ce dont chacun préfère parler, quand il n’y a rien à dire, c’est du temps qu’il fait. Cela n’engage à rien, tout le monde est d’accord sur le temps qu’il fait, un peu moins sur celui qu’il fera. Cela permet de sonder chez un inconnu sa sensibilité aux affaires courantes de ce monde : le réchauffement climatique, l’extinction des espèces, la fin de l’humanité. Si chacun restait chez soi et cultivait son jardin, on n’en serait pas là. Mais il a fallu se lancer sur les pistes à faire décoller les avions, et partir à la conquête de l’amour sur les autoroutes. Voilà ce qui provoque l’effondrement du monde, et les dinosaures riront bien de notre niaiserie lorsqu’ils apprendront comment nous avons disparu. Parce que tel que c’est parti, ils réapparaîtront un jour ou l’autre : la vie est un cycle infini.»

Sébastien Bailly, Autoroute, Paris, Le Tripode, 2025, 175 p., p. 59-60.

 

Les derniers mots de Candide (1759), le conte de Voltaire, sont : «Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Les zeugmes du dimanche matin et de Frédéric Lenormand

Frédéric Lenormand, . Docteur Voltaire et Mister Hyde, 2025, couverture

«Au retour, [Buffon] avait produit une étude sur la manière de mesurer des carreaux avec des aiguilles, fort bien reçue par l’Académie, et ambitionnait de dominer le monde des sciences de la même manière que [Voltaire] dominait le bon goût, la pensée moderne et le potage aux lentilles» (p. 41).

Voltaire «offrait une cible facile aux assassins, aux espions de Hérault et aux pâtés de sanglier» (p. 49).

«De son côté, la voiture anglaise, parfaitement suspendue grâce à des ressorts issus d’une industrie en avance sur son temps, poursuivit en direction de Douvres et des exils non consentis» (p. 54).

«Il avait besoin de renseignements sur les rats pestiférés et, accessoirement, d’un logis sûr pour la nuit» (p. 131).

«Voltaire eut envie de répondre : avec joie et avec du thym à la soude» (p. 164).

Frédéric Lenormand, Voltaire mène l’enquête. Docteur Voltaire et Mister Hyde. Roman, Paris, Le livre de poche, 2025, 236 p. Édition originale : 2018.

L’oreille tendue de… Fred Vargas

Fred Vargas, Sans feu ni lieu, éd. de 2001, couverture

«Louis s’écroula sur son lit à deux heures trente du matin, saturé, et décida qu’il ne se lèverait pas demain.

D’ailleurs, c’était dimanche.

Il ouvrit les yeux à midi moins dix, mieux disposé à l’égard de la vie. Il étendit son bras droit, alluma la radio pour entendre les nouvelles du monde et se mit pesamment debout.

C’est depuis sa douche qu’il entendit un mot qui l’alerta. Il ferma le robinet, et, dégouttant d’eau, tendit l’oreille.»

Fred Vargas, Sans feu ni lieu, Paris, J’ai lu, 2001, 282 p., p. 155. Édition originale : 1997.