Les zeugmes du dimanche matin et de Marie-Jeanne Riccoboni

Madame Riccoboni, Histoire de M. le marquis de Cressy, éd. de 2009, couverture

«Cet intérêt qu’elle reprenait à M. de Cressy lui fit chercher à pénétrer l’état de sa maison; comme avec des soins, de l’argent, et des valets, on découvre aisément ce que l’on veut apprendre, quand on se permet de pénétrer par des moyens si bas dans les secrets des autres, Mme d’Elmont sut bientôt l’intrigue d’Hortense avec lui, le lieu de leurs rendez-vous, et la froideur qui était actuellement entre eux.»

Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire de M. le marquis de Cressy, Paris, Gallimard, coll. «Folio 2 €», série «Femmes de lettres», 4877, 2009, 129 p., p. 102-103. Édition établie et présentée par Martine Reid. Édition originale : 1758.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Le zeugme du dimanche matin et de Victoria Mas

Victoria Mas, le Bal des folles, 2019, couverture«Elle qui a grandi dans des lieux feutrés où la seule familiarité parfois autorisée était un éclat de rire, à l’abri de la misère et de tout un Paris qu’elle ne lisait que dans les journaux ou chez Zola, elle se retrouve désormais à côtoyer l’autre versant de la capitale — celui du nord, du maquis de Montmartre aux pentes de Belleville, là où la crasse, l’argot et les rats courent les caniveaux.»

Victoria Mas, le Bal des folles. Roman, Paris, Albin Michel, 2019, 256 p. Édition numérique.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Tahar Ben Jelloun

Tahar Ben Jelloun, l’Insomnie, 2019, couverture

«L’hypnotiseur, la quarantaine, bien enveloppé, type maghrébin, calme et assez satisfait de lui, m’a parlé d’une prairie où je serais en paix… Il m’a parlé à voix basse comme si nous échangions des confidences. J’ai dû tendre l’oreille, je faisais des efforts. J’étais confortablement installé dans un fauteuil relaxant. J’ai eu tout de suite envie d’acheter le même, je l’installerais au milieu de mon salon et là je m’endormirais.»

Tahar Ben Jelloun, l’Insomnie. Roman, Paris, Gallimard, 2019, 272 p. Édition numérique.

Curriculum vitæ itératif

Jean Echenoz, Vie de Gérard Fulmard, 2020, couverture

(Quand paraît un nouveau livre de Jean Echenoz, cela se célèbre. Vie de Gérard Fulmard venant de paraître, célébrons pendant quelques jours.)

On l’a vu : Gérard Fulmard est un des narrateurs de Vie de Gérard Fulmard. Mais de qui s’agit-il ? On l’apprend par touches successives.

Page 16 : «Revenons à moi qui me nomme Fulmard, me prénomme Gérard et suis né le 13 mai 1974 à Gisors (Eure). Taille : 1,68 m. Poids : 89 kg. Couleur des yeux : marron. Profession : steward. Domicilié rue Erlanger, Paris XVIe, où je vis seul.»

Pages 16-17 : «cette profession de steward, je ne l’exerce plus. Mon vrai statut actuel est celui de demandeur d’emploi en passe de se reconvertir, mais je vais développer ce point.»

Page 19 : «Mais pourquoi, direz-vous, ne suis-je donc plus steward, pourquoi n’exercé-je plus une si enviable profession ? Eh bien, sans évoquer le handicap de mon surpoids toujours mal vu dans le milieu aérien, disons que je l’ai pratiquée pendant six ans avant d’être licencié pour faute. Je ne tiens pas à m’étendre sur cette faute, si ce n’est qu’elle m’a valu une peine avec sursis assortie d’une obligation de soins.»

Page 175 : «Arrêtez-moi si je me trompe mais vos empreintes avaient été relevées, me semble-t-il au moment de votre histoire sur le vol Paris-Zurich, non ? Je pense qu’ils ont dû les conserver dans leurs fichiers. Il a encore souri. J’ai marqué le coup.»

Page 177 : «Il m’est revenu qu’en effet, dans un moment de faiblesse, prenant Bardot pour un praticien normal tenu par le secret professionnel, je m’étais assez déballonné à propos de ce vol pour Zurich, de ses conséquences douloureuses ayant abouti à mon renvoi ainsi qu’à l’inscription de mon nom sur une liste noire.»

Page 211 : «Puis ils avaient eu beau me déchoir de mes droits civiques après l’histoire du Paris-Zurich, ils m’avaient quand même laissé mon permis de conduire.»

Ce sera tout. Merci de votre intérêt.

 

Référence

Echenoz, Jean, Vie de Gérard Fulmard. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2020, 235 p.