«J’orne mes murs de tableaux et de temps.»
Jean Sioui, Avant le gel des visages. Poésie, Québec, Les éditions Hannenorak, 2012, 63 p., p. 18.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«J’orne mes murs de tableaux et de temps.»
Jean Sioui, Avant le gel des visages. Poésie, Québec, Les éditions Hannenorak, 2012, 63 p., p. 18.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Le 1er avril dernier, rendant compte du livre le Hockey vu du divan (2012) de Simon Grondin, l’Oreille tendue évoquait un moratoire sur le découpage en trois périodes des ouvrages (ou des films) portant sur le hockey. Elle revient à la charge.
En effet, ce type de découpage est trop fréquent. Des exemples ?
Claude Dionne, Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! (2012).
Alain M. Bergeron, la Coupe du hocquet glacé (2010).
Gaël Corboz, En territoire adverse (2006).
Luc Cyr et Carl Leblanc, Mon frère Richard (1999).
Raymond Plante, Jacques Plante (1996).
Michel Bujold, l’Amour en prolongation (1990).
André Simard, la Soirée du fockey (1972).
Cette liste est sûrement incomplète. Bref : on arrête svp.
[Complément du 17 août 2018]
Les trois prises du jour
Le Chandail de hockey / The Hockey Sweater (2006).
Bernard Pozier, Les poètes chanteront ce but (1991).
Yves Tremblay, Guy Lafleur. L’homme qui a soulevé nos passions (2013).
[Complément du 29 décembre 2018]
Deux autres ? Deux autres.
Catellier, Maxime, Mont de rien. Roman en trois périodes et deux intermèdes (2018).
Baruchel, Jay, Born into It. A Fan’s Life (2018).
[Complément du 5 novembre 2021]
Ce qui affectait les livres et les films touche maintenant les menus, par exemple à la magnifique exposition consacrée à Serge Lemoyne. Ce n’est pas mieux.
[Complément du 22 mars 2023]
On apprend, dans la Presse+ du jour, que le Cirque du Soleil est en train de concevoir un spectacle sur Guy Lafleur. Comment sera-t-il découpé ? «Guy ! Guy ! Guy ! sera structuré en suivant les trois périodes d’un match de hockey […]». Personne ne sera étonné.
[Complément du 20 novembre 2024]
Un mémoire de maîtrise découpé en trois périodes ? Celui-ci.
[Complément du 16 juin 2025]
Le collectif la Vraie Dureté du mental (2009) offre la totale : trois périodes, une prolongation, une fusillade.
[Complément du 20 juin 2025]
Le roman Twenty Miles (2007), de Cara Hendley, raconte le parcours hockeyistique d’une jeune femme. Il n’est pas explicitement découpé en trois périodes. Il compte toutefois trois parties, numérotées 1, 2, 3…
Références
Baillargeon, Normand et Christian Boissinot (édit.), la Vraie Dureté du mental. Hockey et philosophie, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. «Quand la philosophie fait pop !¢, 2009, xiii/262 p. Ill. Préface de Jean Dion.
Baruchel, Jay, Born into It. A Fan’s Life, Toronto, Harper Avenue, 2018, 249 p.
Bergeron, Alain M., la Coupe du hocquet glacé. Miniroman de Alain M. Bergeron — Fil et Julie, Québec, Éditions FouLire, coll. «Le chat-ô en folie», 9, 2010, 45 p.
Bujold, Michel, l’Amour en prolongation. Poésies hérotiques, Montréal, Éditions d’Orphée, 1990, s.p.
Catellier, Maxime, Mont de rien. Roman en trois périodes et deux intermèdes, Montréal, L’Oie de Cravan, 2018, 123 p.
Le Chandail de hockey / The Hockey Sweater, cédérom, 3D Courseware/ Les Éditions 3D, 2006. Conception de Donna Mydlarski, Dana Paramskas, André Bougaïeff et Larry Katz.
Corboz, Gaël, En territoire adverse, Saint-Lambert, Soulières éditeur, coll. «Graffiti», 37, 2006, 164 p.
Cyr, Luc et Carl Leblanc, Mon frère Richard, documentaire de 53 minutes, 1999. Production: Ad Hoc Films.
Dionne, Claude, Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! Roman, Montréal, VLB éditeur, 2012, 271 p.
Grondin, Simon, le Hockey vu du divan, Sainte-Foy (Québec), Presses de l’Université Laval, 2012, 214 p. Ill.
Hedley, Cara, Twenty Miles, Toronto, Coach House Books, 2007, 205 p.
Lemay, Clarence, «Chronique sportive ou politique ? Le Canadien de Montréal et la crise constitutionnelle canadienne dans La Presse, Le Devoir et la Gazette (1976-1995)», Ottawa, Université d’Ottawa, 2020, vii/186 p. http://dx.doi.org/10.20381/ruor-25327
Plante, Raymond, Jacques Plante. Derrière le masque, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Les grandes figures», 9, 1996, 221 p. Ill.
Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.
Simard, André, la Soirée du fockey. Le temps d’une pêche. Le vieil homme et la mort, Montréal, Leméac, coll. «Répertoire québécois», 40, 1974, 92 p. Préface de Normand Chouinard.
Tremblay, Yves, Guy Lafleur. L’homme qui a soulevé nos passions, Brossard, Un monde différent, 2013, 208 p. Ill. Préface de Guy Lafleur.
«Je m’arme de tout mon courage et d’un bâton de hockey.»
Jean-Pierre Cannet, la Lune chauve, Québec et La Tour d’Aigues, L’instant même et Éditions de l’aube, 1991, 107 p., p. 73. Préface de Claude Pujade-Renaud.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Tout le monde le dit : quand il fait chaud, il faut beaucoup boire.
Il peut toutefois arriver que l’on boive trop. Au Québec, cela se dit de plusieurs façons, au-delà des expressions du français hexagonal (bourré, paf, pompette, soûl, etc.).
Le buveur qui a cédé à l’excès peut y être en boisson (l’expression paraît ancienne), rond comme une bine (cette bine n’est pas la bine), paqueté (pas comme un club), parti, chaud. Il prend une brosse.
Un degré de moins et il est chaudasse ou gorlot (autre orthographe possible : gueurlot). Gorlot, il aura la gueule de bois.
Un degré de plus et celui qui prend un coup aura arrêté de lire ce texte avant d’être arrivé à la fin.
[Complément du 19 août 2013]
Un article du Devoir sur le dictionnaire en ligne Usito (10-11 août 2013, p. B2) rappelle l’existence de l’expression se paqueter la fraise. Dont acte.
[Complément du 11 septembre 2019]
À côté de chaudasse, on trouve chaudaille, notamment dans Querelle de Roberval (2018), de Kevin Lambert (p. 70, p. 108).
[Complément du 11 août 2020]
Dialogue entre une Française et un Québécois, dans la Trajectoire des confettis, de Marie-Ève Thuot (2019) :
«—Louis, tu m’écoutes ? Tu t’es pris une sacrée murge, dis donc.
— Une quoi ?
— Tu t’es bourré la gueule.
— Ah… Ici on dirait se soûler la face. Ou se paqueter la fraise. Ou virer une brosse. Ou…
— Comme tu veux. Pour moi, tu t’es bourré la gueule» (p. 77).
[Complément du 11 janvier 2021]
À côté de pompette, chaudaille et garleau, ajout du jour : «Ti-guedaille : Expression saguenéenne et jeannoise. Se dit d’une personne chaude qui a le vin gai» (J’ai bu, p. 98).
[Complément du 28 janvier 2021]
Dans quelques jours commencera le Défi 28 jours sans alcool. Il ne faudra pas confondre brosse et brosse.
[Complément du 30 juillet 2022]
Il est une expression que l’Oreille tendue ignorait jusqu’à la lecture de Là où je me terre, de Caroline Dawson : «Derrière nous, les yeux écarquillés par la scène qui se jouait devant lui, il y avait un monsieur, encore un peu cocktail de son verre de vino dans l’avion, qui revenait paisiblement d’un voyage d’affaires» (p. 24). Être cocktail : c’est noté.
[Complément du 23 août 2022]
Trois ajouts, venus du roman la Bête creuse de Christophe Bernard (2017) : à l’opposé de celui qui «tient la boisson» (p. 209), il y a celui qui est «garlot» (p. 96) ou «chaudette» (p. 473).
[Complément du 26 février 2023]
Chaud comment ? Réponse de Kevin Lambert dans Que notre joie demeure (2023) : «chaud comme un poêle» (p. 82).
Références
Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.
Dawson, Caroline, Là où je me terre. Roman, Montréal, Éditions du remue-ménage, 2022, 201 p. Édition originale : 2020.
Lambert, Kevin, Querelle de Roberval. Fiction syndicale, Montréal, Héliotrope, 2018, 277 p.
Lambert, Kevin, Que notre joie demeure, Montréal, Héliotrope, 2022, 381 p.
Québec Redneck Bluegrass Project, J’ai bu, Spectacles Bonzaï et Québec Redneck Bluegrass Project, 2020, 239 p. Ill. Avec un cédérom audio.
Thuot, Marie-Ève, la Trajectoire des confettis. Roman, Montréal, Les Herbes rouges, 2019, 615 p.
Motel Galactic est une bande dessinée québécoise de science-fiction — plus précisément de «science-fiction du terroir» (t. 1, rabat) — en trois tomes (2011, 2012, 2013). S’y mêlent «la grande fresque épique et le feuillet paroissial de Saint-Jean-de-Lotbinière» (t. 2, rabat). Les auteurs auraient pour objectif, autrement dit, de «joindre l’infiniment grand et l’infiniment québécois» (t. 2, rabat).
Au XXVIe siècle, «la culture québécoise […] s’est imposée dans toute [sic] l’Univers» et la langue commune est le «spatio-joual» (t. 2, p. 11), ce «nouvel anglais» (t. 2, p. 10). Cela va de soi : on sacre beaucoup.
Prenons l’image suivante (t. 2, p. 86).
On y trouve de nombreux jurons, des formes euphémisées de ceux-ci et des interjections : crimepoff, barnak, simonak, ostie, batinsse, cibole, soda, ayoye, crisse, viarge, mothafucka, bâtard, gériboire, sacrament, etc.
Ailleurs, il y a (au moins) calvâsse, cibolak, crime, cristie, estifi, étolle, géritole, shit, tabarslak.
Le spatio-joual est une langue riche.
P.-S. — Le crimepoffe du premier tome (p. 64) devient un crimepoff (sans e) dans le deuxième (p. 86). Ça fait désordre.
Références
Desharnais, Francis et Pierre Bouchard, Motel Galactic, Montréal, Éditions Pow Pow, 2011, 107 p.
Desharnais, Francis et Pierre Bouchard, Motel Galactic. 2. Le folklore contre-attaque, Montréal, Éditions Pow Pow, 2012, 101 p.
Desharnais, Francis et Pierre Bouchard, Motel Galactic. 3. Comme dans le temps, Montréal, Éditions Pow Pow, 2013, 107 p.