Le temps ne suspend pas son vol

Appareil photographique polaroïd

Bon père rose, l’Oreille tendue aime faire la lecture à ses enfants. Elle lisait l’autre jour à son cadet un roman de la série des «Carcajous» de Roy MacGregor. Elle a eu un peu de mal à lui expliquer ce qu’était un appareil photographique instantané Polaroid (il y en a un qui joue un rôle assez important dans l’intrigue).

Elle aurait aussi eu du mal à lui traduire tel titre récent du Devoir : «Polaroïd du mutant» (15 mars 2011, p. B10). Au Québec, en effet, on utilise fréquemment le mot polaroïd pour désigner ce qui révélerait instantanément une réalité particulière.

Exemple journalistique, tiré (aussi) du Devoir : «Polaroïd du jazz dans l’Amérique des années 60» (15-16 novembre 2008, p. F28).

Exemple romanesque, chez le Nicolas Dickner de Tarmac (2009) : «tous ces mémorables navets qui composaient, dixit Hope, un “instructif polaroïd de la civilisation nord-américaine peu avant son annihilation”» (p. 127).

Pour combien de temps encore ce mot est-il compréhensible instantanément (c’est le cas de le dire) ?

 

Références

Dickner, Nicolas, Tarmac, Québec, Alto, 2009, 271 p. Ill.

MacGregor, Roy, Complot sous le soleil, Montréal, Boréal, coll. «Carcajous», 6, 2001, 148 p. Traduction de Marie-Josée Brière. Édition originale : 1997.

Faire la passe

David Desharnais, publicité, 2011

«“C’est la meilleure passe que j’ai faite.” — David Desharnais. #58 Canadiens de Montréal» : voilà la publicité que faisait paraître Boucherville Nissan dans la Presse du 15 mars (cahier Sports, p. 1).

Triple niveau de lecture pour cette annonce.

David Desharnais, le joueur de centre des Canadiens de Montréal — c’est du hockey —, est reconnu pour la qualité de ses passes (sur la glace). Il peut néanmoins en faire de «meilleures» que d’autres.

Faire la passe, au Québec, signifie aussi qu’on vient d’obtenir quelque chose à son propre avantage. Cet avantage est le plus souvent financier. Acheter sa voiture chez Boucherville Nissan, ce serait donc faire une (très) bonne affaire.

Une dernière chose, peut-être moins visible. Les amateurs de sport le savent : avant de jouer sur une base régulière pour les Canadiens cette année, le numéro 58 a longtemps galéré dans le monde du hockey mineur. Sur ce plan-là, promu à Montréal, il vient aussi de faire la passe.

C’est, foi d’Oreille tendue, joliment tourné.

 

[Complément du 10 mars 2022]

Grâce au magnifique site Wikia La BD de journal au Québec, l’Oreille découvre cette publicité illustrée parue dans la Presse du 18 novembre 1972. Ce n’est pas d’hier qu’on fait la passe au Québec.

Publicité pour Dulac et Frito-Lay, la Presse, 18 novembre 1972

 

[Complément du 1er août 2022]

On peut souhaiter éviter toute ambiguïté : «C’était pas à ça qu’elle se destinait, elle, l’hôtellerie, et elle avait jugé préférable de faire une passe d’argent pour mieux assir sa pratique de sage-femme» (la Bête creuse, p. 87). Il est clair, ici, que l’avantage est pécuniaire.

 

Référence

Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.

Le roman de la puck

[Pour amateurs de littérature et de sport seulement]

Aujourd’hui, dans le cahier Au jeu de la Presse, l’Oreille tendue répond aux questions de Marc Antoine Godin sur la prose de fiction québécoise (roman, nouvelle) et le hockey, d’où la puck. (C’est à la p. 4.)

Complément bibliographique ci-dessous.

N.B. Est laissée de côté la littérature pour la jeunesse. Ne sont conservés que les textes où le hockey est particulièrement présent; il ne s’agissait pas de relever toutes les mentions du hockey dans la fiction écrite québécoise. L’Oreille reste évidemment tendue : les suggestions sont les bienvenues.

April, Jean-Pierre, «Le fantôme du Forum», Imagine…, 7 (vol. 2, no 3), mars 1981, p. 29-47.

Repris dans les Années-lumière. Dix nouvelles de science-fiction réunies et présentées par Jean-Marc Gouanvic, Montréal, VLB éditeur, 1983, p. 31-53 et dans Jean-Pierre April, Chocs baroques. Anthologie de nouvelles de science-fiction, Montréal, BQ, coll. «Littérature», 1991, p. 161-184. Introduction de Michel Lord.

Bérubé, Renald, les Caprices du sport. Roman fragmenté, Montréal, Lévesque éditeur, coll. «Réverbération», 2010, 159 p.

Carrier, Roch, la Guerre, yes sir ! Roman, Montréal, Éditions du jour, coll. «Romanciers du jour», R-28, 1968, 124 p.

Rééditions : Montréal, Stanké, coll. «10/10», 33, 1981, 137 p.; Montréal, Stanké, 1996, 141 p.; dans Presque tout Roch Carrier, Montréal, Stanké, 1996, 431 p.; Montréal, Éditions internationales Alain Stanké, coll. «10/10», 2008, 112 p.

Carrier, Roch, Il est par là, le soleil. Roman, Montréal, Éditions du jour, coll. «Romanciers du jour», R-65, 1970, 142 p.

Rééditions : Montréal, Stanké, coll. «10/10», 35, 1981, 160 p.; dans Presque tout Roch Carrier, Montréal, Stanké, 1996, 431 p.; Montréal, Éditions internationales Alain Stanké, coll. «10/10», 206, 2009, 89 p.

Carrier, Roch, «Une abominable feuille d’érable sur la glace», dans les Enfants du bonhomme dans la lune, Montréal, Stanké, 1979, p. 75-81.

Repris sous le titre le Chandail de hockey, Montréal, Livres Toundra, 1984, [s.p.]. Avec des illustrations de Sheldon Cohen. Repris partiellement dans Chrystian Goyens et Frank Orr, avec Jean-Luc Duguay, Maurice Richard. Héros malgré lui, Toronto et Montréal, Team Power Publishing Inc., 2000, p. 145. Réédition : Montréal, Éditions Petit homme, 2019, 28 p.

Traduction : «The Hockey Sweater», dans The Hockey Sweater and Other Stories, Toronto, Anansi, 1979, p. 75-81. Traduction de Sheila Fischman. Repris dans The Hockey Sweater, Montréal, Tundra Books, 1984, [s.p.]. Avec des illustrations de Sheldon Cohen. Repris dans Doug Beardsley (édit.), Our Game. An All-Star Collection of Hockey Fiction, Victoria, Polestar Book Publishers, 1997, p. 15-17, partiellement, dans Chrys Goyens et Frank Orr, avec Jean-Luc Duguay, Maurice Richard. Reluctant Hero, Toronto et Montréal, Team Power Publishing Inc., 2000, p. 146 et dans Michael P.J. Kennedy (édit.), Words on Ice. A Collection of Hockey Prose, Toronto, Key Porter Books, 2003, p. 47-50.

Adaptation au cinéma : le Chandail / The Sweater, film d’animation de 10 minutes, 1980. Réalisation : Sheldon Cohen. Production : Office national du film du Canada. D’après le conte de Roch Carrier (1979). Disponible sur le site de l’ONF.

Charette, Nicolas, «Ça passe ou ça casse» et «Bébé Lindros», dans Jour de chance. Nouvelles, Montréal, Boréal, 2009, p. 35-40 et 105-116.

Chassay, Jean-François, les Taches solaires. Roman, Montréal, Boréal, 2006, 366 p. Ill.

Cloutier, Eugène, les Inutiles, Montréal, Cercle du livre de France, 1956, 202 p.

Réédition : Montréal, Fides, 1981, 215 p. Présentation d’André Gaulin. Chronologie, bibliographie et jugements critiques d’Aurélien Boivin.

Garneau, Richard, «Donny», dans Vie, rage… dangereux (Abjectus, diabolicus, ridiculus). Nouvelles, Montréal, Stanké, 1993, p. 123-149.

Garneau, Richard, Train de nuit pour la gloire ou 45 jours à la conquête de la coupe Stanley. Roman, Montréal, Stanké, 1995, 239 p.

Gélinas, Marc F., Chien vivant, Montréal, VLB éditeur, coll. «Roman», 2000, 375 p.

Gélinas, Pierre, les Vivants, les morts et les autres, Montréal, Cercle du livre de France, 1959, 314 p.

Réédition : Notre-Dame-des-Neiges (Québec), Éditions Trois-Pistoles, 2010, 324 p. Préface de Jacques Pelletier.

Messier, William S., «Cowansville vs. Waterloo», dans Townships. Récits d’origine, Montréal, Marchand de feuilles, 2009, p. 75-81.

Poulin, Jacques, L’anglais n’est pas une langue magique. Roman, Montréal, Leméac / Actes Sud, 2009, 155 p. Ill.

Poulin, Jacques, le Cœur de la baleine bleue. Roman, Montréal, Éditions du jour, coll. «Romanciers du jour», R-66, 1970, 200 p.

Robitaille, Marc, Des histoires d’hiver, avec des rues, des écoles et du hockey. Récit, Montréal, VLB éditeur, 1987, 142 p. Ill.

Adaptation au cinéma : Histoires d’hiver / Winter Stories, film de fiction de 105 minutes, 1998. Réalisation : François Bouvier. Production : Aska Film.

Nouvelle édition : Des histoires d’hiver avec encore plus de rues, d’écoles et de hockey. Roman, Montréal, VLB éditeur, 2013, 180 p. Ill.

Roy, Patrick, la Ballade de Nicolas Jones. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 01, 2010, 220 p.

Simard, Matthieu, Ça sent la coupe. Roman, Montréal, Stanké, 2004, 270 p. Rééd. : Montréal, 10/10, 2008, 256 p.

Tremblay, G., Les Nordiques sont disparus, Éditions Proteau inc., coll. «Première chance», 1983.

Tremblay, Renald, Lance et compte, Montréal, Éditions la Presse, 1986, 536 p.