L’oreille tendue de… Dany Laferrière

Dany Laferrière, l’Odeur du café, éd. de 2010, couverture

«Le frère Simon vient de la Bretagne. Il enseigne le français. Le frère Simon a la mauvaise habitude de nous faire prier en silence dès qu’il entre dans la classe. On se met à genoux sur nos sièges respectifs. La tête baissée. En silence. Soudain un cri d’oiseau. Tout le monde se tourne spontanément vers la fenêtre. Un autre cri. Le frère Simon tend l’oreille. Le cri est au milieu de nous. Le frère marche dans les allées en regardant chacun de nous droit dans les yeux.»

Dany Laferrière, l’Odeur du café, Montréal, Typo, 2010, 227 p., p. 192. Édition originale : 1991.

Sacrons poliment avec Twitter

Soit le tweet suivant :

Torvisse, donc. C’est un autre de ces jurons édulcorés comme on en a déjà vu ici à quelques reprises.

On le trouve aussi chez la Françoise Major de Dans le noir jamais noir (2013) :

Après… ça s’est pas amélioré. Ils l’ont fait souffler dans la balloune. Pour une fois, Germain s’obstinait pas. Il aurait peut-être dû. Trop saoul pour souffler dans la balloune, torvisse ! Il a fini par réussir au septième ou huitième coup (p. 17-18).

Il y a plus violent que ce sacre-là. Cela ne lui enlève rien de son utilité.

 

[Complément du 18 juin 2025]

Rarissime emploi adjectival dans le quotidien le Devoir d’hier : «Manque de pot, la réponse à cette question torvisse ne se trouvait pourtant pas très loin, dans une étude scientifique à paraître sous peu dans la Revue canadienne des sciences régionales.»

 

Référence

Major, Françoise, Dans le noir jamais noir. Nouvelles, Montréal, La mèche, 2013, 127 p.

Le zeugme du dimanche matin et de Paul Lejeune

Un Français au «royaume des bestes sauvages», 2009, couverture

«il se fit une ouverture qui donna entrée à l’eau dans nostre canot & à la crainte dans nostre cœur»

Paul Lejeune, Relation de 1634, dans Un Français au «royaume des bestes sauvages», Montréal, Lux, coll. «Mémoire des Amériques», 2009, 256 p., p. 244. Édition préparée par Alain Beaulieu avec la collaboration d’Alexandre Dubé. Seconde édition revue et augmentée.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Andrée A. Michaud

Andrée A. Michaud, Bondrée, 2014, couverture

«Il suffisait de tendre l’oreille pour entendre les gens chuchoter que c’était la folie qui avait agi ainsi, la folie engendrée par la guerre, et la haine après elle, la haine et la colère, l’orgueil, une insondable vanité.»

Andrée A. Michaud, Bondrée. Roman, Montréal, Québec Amérique, 2014, 296 p. Format numérique.

 

[Complément du 27 octobre 2023]

Plus fort encore : «L’enquête se corsait et on avait tendu nos quatre oreilles en direction des fenêtres ouvertes des McBain, où se tenait une réunion à laquelle participait le père d’Emma.»

Une citation de Diderot pour le 8 mars

Diderot, Jacques le fataliste, éd. de 1983, couverture

L’Hôtesse. — «Il faut convenir que s’il y a de bien méchants hommes, il y a de bien méchantes femmes.

Jacques. — Et qu’il ne faut pas aller loin pour les trouver.

L’Hôtesse. — De quoi vous mêlez-vous ? Je suis femme, il me convient de dire des femmes tout ce qu’il me plaira, je n’ai que faire de votre approbation.»

Diderot, Jacques le fataliste, Paris, Librairie générale française, coll. «Le livre de poche», 403, 1983, 377 p., p. 122. Préface et commentaires de Jacques et Anne-Marie Chouillet.