«À l’épicerie, derrière ma caisse, j’avais l’impression d’être tout entière couverte de honte et de saleté.»
Audrey Lemieux, l’Ossuaire, Montréal, Leméac, 2017, 118 p., p. 41.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«À l’épicerie, derrière ma caisse, j’avais l’impression d’être tout entière couverte de honte et de saleté.»
Audrey Lemieux, l’Ossuaire, Montréal, Leméac, 2017, 118 p., p. 41.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«Quand on me laissait enfin seul, je tendais l’oreille pour comprendre ce qui se passait dans la pièce adjacente.»
Christian Guay-Poliquin, le Poids de la neige, Saguenay, Éditions La Peuplade, 2016, 296 p., p. 28.
On vous pose des questions comme celles-ci : «Parlons de votre passion pour la géographie. D’où vient-elle ? Y voyez-vous un rapport avec la pensée postmoderne et le primat de l’espace, avec le Spatial Turn d’Edward Soja, par exemple ?»; « Est-ce que vous n’avez jamais pensé qu’il y avait beaucoup de noms, et qu’on pouvait par exemple choisir un nouveau nom pour peupler un peu plus son œuvre ?»; «C’est ce qui fait la transfictionnalité de votre œuvre, n’est-ce pas ?» On vous cite Umberto Eco (et sa «coopération interprétative»), Werner Herzog, Charles Gounod, Édouard Pailleron, Marcel Proust, Dante, Foucault (et son «hétérotopie»), Walter Benjamin et Georg Simmel (et leurs flâneurs). On vous cause «mort de l’auteur», «intertextualité», «autoparodie».
Pourtant, vous restez poli.
Il faut être Jean Echenoz pour avoir cette bienveillance, lui qui répondait récemment aux questions de la revue numérique En attendant Nadeau, à l’occasion de l’exposition parisienne qui lui est consacrée.
Morceaux choisis : «La psychologie des personnages ne m’intéresse pas»; «l’espace offre des histoires»; «je n’ai pas très envie de parler des choses heureuses».
À lire, malgré les questions.
«Cet effroi bête et inexplicable grandissait toujours et devenait de la terreur. Je demeurais immobile, les yeux ouverts, l’oreille tendue et attendant.»
Guy de Maupassant, «Sur l’eau», dans Contes et nouvelles. 1875-1884. Une vie. Roman, Paris, Robert Laffont, coll. «Bouquins», 1988, 2 t., t. 1, p. 167.
«Il était effrayant, cet animal, à rire continuellement tout seul, comme si sa profession l’égayait. Même, quand il avait fini son sabbat et qu’il tombait sur le dos, il ronflait d’une façon extraordinaire, qui coupait la respiration à la blanchisseuse. Pendant des heures, elle tendait l’oreille, elle croyait que des enterrements défilaient chez le voisin.»
Émile Zola, l’Assommoir, Paris, Garnier-Flammarion, coll. «G-F», 198, 1969, 445 p., p. 338-339. Chronologie et introduction par Jacques Dubois. Édition originale : 1876.